Transport électrique

Legault et Trudeau réunis pour Lion

Le premier ministre du Québec et celui du Canada annonceront le financement d’une usine de batteries électriques

Pour la première fois depuis plus d’un an, François Legault et Justin Trudeau seront réunis en personne lundi pour annoncer ensemble le financement d’un projet d’usine de batteries du constructeur québécois d’autobus et de camions urbains électriques Lion, a appris La Presse. C’est un investissement total qui avoisine les 180 millions de dollars.

Le premier ministre du Canada et son homologue du Québec se retrouveront ensemble de façon exceptionnelle. Leur plus récente rencontre remonte à 2019, des mois avant la pandémie. Bien entendu, ils s’entretiennent régulièrement de façon virtuelle, avec les premiers ministres d’autres provinces, depuis le début de la crise sanitaire.

L’annonce aura lieu au Palais des congrès de Montréal – l’un des seuls endroits, avec l’auditorium de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, où la Santé publique autorise les annonces gouvernementales dans cette zone rouge. Le Palais des congrès est aussi utilisé pour la campagne de vaccination dans la métropole, mais MM. Legault et Trudeau se trouveront dans une aire à l’écart qui n’est pas occupée par la Santé publique.

Le montage financier du projet qui sera annoncé est complexe.

En gros, Ottawa offrira une aide sous la forme de subventions, alors que la contribution de Québec sera un « prêt pardonnable ». Le pardon sera lié à la création d’emplois par Lion.

Le prêt pardonnable accordé à Lion sera donc différent de celui qui vient d’être accordé à Alstom par le gouvernement Legault. Alstom a obtenu un prêt qui n’a pas à être remboursé si un nombre d’emplois à l’usine est maintenu durant un certain nombre d’années.

Lion avait révélé l’automne dernier qu’elle projetait de construire à très court terme une usine de batteries, projet évalué à près de 200 millions de dollars. Le financement du projet restait à déterminer, et l’emplacement de l’usine n’avait toujours pas été confirmé.

Batteries faites à Saint-Jérôme ?

La Ville de Saint-Jérôme a donné son accord en novembre à une entente de principe selon laquelle une emphytéose de 25 ans sur un terrain de plus de 450 000 pi2 serait cédée à Lion. Cette entente était toutefois conditionnelle à l’obtention du financement nécessaire par l’entreprise pour réaliser son projet. On pointait alors vers les gouvernements fédéral et provincial.

En échange du droit de jouir gratuitement de ce terrain pendant 25 ans, et d’un congé de taxes foncières de cinq ans, Lion s’engage à y construire une usine d’au moins 150 000 pi2, dotée de plafonds de 35 pi et de stationnements. Elle disposera d’une option d’achat du terrain à compter de la 10e année.

Le terrain en question est situé dans une zone industrielle, rue De Martigny Ouest, près de l’intersection avec l’autoroute des Laurentides.

Il n’a pas été possible d’obtenir plus d’informations auprès des dirigeants de Lion entourant l’annonce de lundi.

Lion exploite actuellement une chaîne de production de batteries à son usine d’assemblage de véhicules à Saint-Jérôme. Ces batteries sont toutefois produites avec l’aide d’une tierce partie.

Lion doit aussi annoncer prochainement l’emplacement d’une usine d’assemblage de véhicules aux États-Unis. L’usine actuelle de Saint-Jérôme a une capacité de production de 2500 véhicules par année.

Le projet d’inscription des actions de Lion à la Bourse de New York continue par ailleurs de cheminer. Le début des transactions sous le symbole « LEV » est toujours prévu au cours des prochaines semaines. Le saut de Lion à Wall Street s’effectue par l’entremise d’une fusion avec Northern Genesis, société d’acquisition à vocation spécifique dont les actions sont déjà inscrites à New York sous le symbole « NGA ».

Au-delà du projet de Lion, ce ne sont pas les sujets qui manquent pour alimenter la discussion entre MM. Trudeau et Legault, dont les relations ne sont pas très bonnes. Il y a eu périodiquement des accrochages entre les deux dirigeants au cours des derniers mois.

Autres enjeux

François Legault fulmine contre la volonté d’Ottawa d’instaurer des normes nationales pour les centres d’hébergement de longue durée, par exemple. Il avait manifesté publiquement son impatience face aux dates de livraison des doses de vaccins, alors que M. Trudeau avait reproché aux provinces de ne pas les administrer assez vite. C’est sans parler de la « chicane » autour de l’imposition d’une quarantaine aux voyageurs revenant de l’étranger.

En tête de liste des priorités de François Legault dans ses relations avec Ottawa se trouve une augmentation des transferts en santé.

Québec demande 6,2 milliards de plus par année, afin de faire passer de 22 % à 35 % la part du gouvernement fédéral dans le financement des dépenses de ce secteur. L’ensemble des provinces réclament au total une hausse de 28 milliards.

Cet enjeu est crucial pour le gouvernement Legault, dont le budget sera déposé le 25 mars – on ne connaît pas encore la date du budget fédéral, alors que plane la possibilité du déclenchement prochain d’élections générales. Le ministre des Finances du Québec, Eric Girard, a déjà reconnu qu’une contribution supplémentaire du fédéral était indispensable pour sortir du trou budgétaire d’ici cinq ans. Autrement, il faudrait entre autres couper dans les dépenses, avait-il prévenu. Il reste qu’Ottawa est lui-même en déficit.

L’argent du fédéral a tout de même bien servi le gouvernement Legault depuis le début de la pandémie. Pendant que les revenus autonomes de Québec (taxes et impôts principalement) ont chuté de 6,9 % – ou 4 milliards – d’avril à novembre par rapport à la même période l’an dernier, les transferts de toutes sortes venant d’Ottawa ont bondi de 18,6 % – ou 3 milliards – avec la série d’annonces faites par Justin Trudeau dans les derniers mois.

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