Des milliers de manifestants contre le passeport vaccinal

Des milliers de manifestants se sont réunis dans les rues de Montréal, samedi, pour marquer leur opposition à la mise en place du passeport vaccinal dans la province. Au même moment, Québec annonçait que la tendance à la hausse des cas de COVID-19 se poursuivait.

« Liberté », « Fake virus » ou « Non au passeport sanitaire », pouvait-on lire sur les pancartes des opposants aux mesures sanitaires. Ils ont circulé dans les rues du centre-ville, avant de terminer leur parcours à la place des Festivals.

La preuve vaccinale « est un préjudice sans précédent pour la population et est fortement discriminatoire », selon les participants à l’évènement, peut-on lire sur la page Facebook créée par l’organisateur de la manifestation, le regroupement Québec Debout.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a annoncé le 10 août qu’un passeport vaccinal serait exigé dès le 1er septembre dans certains lieux publics, dont les restaurants et les centres d’entraînement.

Malgré le soleil de plomb, des personnes de tous âges ont manifesté. Des parents accompagnés de leurs jeunes enfants comme des aînés faisaient valoir leur désaccord.

Le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, a pris part à la marche.

« Je ne vais pas me faire vacciner », a lancé une manifestante, Marina, d’un air catégorique, qui a refusé de divulguer son nom de famille. La femme dit ne pas croire en la technologie à ARN messager. Elle s’oppose au passeport vaccinal, qu’elle estime discriminatoire.

« Ségrégation »

Un père de famille, qui n’a pas voulu être nommé, a pris part à la marche avec sa conjointe et ses deux enfants. « Ça fait plaisir de voir que le monde se lève », a affirmé l’homme d’emblée. Il juge que la mise en place du passeport vaccinal constitue de la « ségrégation ».

« Les droits et libertés de tout un chacun sont vraiment bafoués », a lancé un autre manifestant, qui a demandé l’anonymat. « Je comprends qu’il y a une tendance altruiste [mais le vaccin] n’est même pas approuvé encore. Forcer les gens, avec la coercition, ce n’est pas correct », a-t-il ajouté.

La majorité des manifestants ont refusé de répondre aux questions de La Presse.

Peu avant la marche, les wagons du métro circulant sur la ligne orange étaient pleins à craquer. Près de la moitié des passagers qui s’y trouvaient ne portaient pas de masque.

Le couvre-visage n’était pas porté par les manifestants, massés à l’extérieur, lors de l’évènement.

Bien que la majorité des manifestants ne portaient pas le masque, les risques de transmission du virus sont plus faibles à l’extérieur qu’à l’intérieur, explique Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.

« Ce qu’il faut savoir, c’est qu’à l’extérieur, l’air circule beaucoup plus et, donc, le virus va se diluer très rapidement dans l’air », évoque la spécialiste. Malgré tout, une personne infectée par le virus qui discute près d’une autre personne peut la contaminer.

Dans le métro, les risques de transmission sont plus grands, estime Mme Borgès Da Silva. « Il faut conserver le masque. Il suffit qu’il y ait une personne contaminée, et propagatrice, pour qu’elle contamine, avec le variant Delta, beaucoup de personnes autour d’elle », ajoute la professeure.

Un médecin fulmine

Sur son compte Twitter, Joseph Dahine, médecin intensiviste à l’hôpital de la Cité-de-la-Santé, à Laval, a quant à lui exprimé son indignation. Aux personnes qui s’opposent à la vaccination, le médecin demande : « C’est quoi, la solution ? »

« Si [la solution de rechange], c’est simplement de laisser des gens mourir, moi qui soigne [la maladie] depuis 18 mois, qui ai des histoires innombrables de drames personnels et familiaux, bien, venez avec moi. Regardez ces gens dans les yeux et dites-leur qu’ils sont faibles et qu’ils méritent de mourir », s’indigne-t-il, en entrevue avec La Presse.

« Ça me cause une grosse détresse comme soignant de savoir qu’ils ne sont pas capables d’avoir cette empathie par rapport aux gens que l’on soigne depuis 18 mois. »

— Joseph Dahine, médecin intensiviste à l’hôpital de la Cité-de-la-Santé

Malgré tout, des adeptes de théories du complot et des antivaccins sont hésitants, et peuvent changer d’avis s’ils sont influencés par un proche, estime le médecin.

Joseph Dahine, déjà témoin d’une pénurie de personnel aux urgences de son hôpital, appréhende les conséquences d’une possible quatrième vague de COVID-19 sur le réseau de la santé. « Ça va être un désastre. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.