Le français à un point d’inflexion au Canada

Nous sommes les enfants de l’histoire, de ceux ici en Ontario qui se sont révoltés contre la calamité du Règlement 17. Qui ont créé notre propre société secrète, nos propres caisses populaires et nos propres médias d’information universitaires. Qui se sont battus pour nos écoles secondaires à Sturgeon Falls et Penetanguishene. Qui ont rugi leur colère pendant SOS Montfort et la Résistance. De ceux qui persistent à parler français.

Nous sommes toujours là. Nous nous battons toujours pour notre langue. Nous résistons toujours.

Pourtant, j’écris ces mots à partir d’une « réalité cruelle » pour la francophonie canadienne.

Les données récemment publiées du recensement de 2021 sur les langues parlées au Canada révèlent notre triste réalité : le français continue de décliner – en Ontario1 et au Nouveau-Brunswick2 aussi. Québec. Manitoba3. Et dans toutes les communautés francophones du Canada – sauf au Yukon.

Rien de tout cela n’était inévitable, a tweeté la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA).

« Nous sommes 2 790 300 à parler français dans neuf provinces et trois territoires. C’est une légère augmentation de 49 000 comparativement à 2016 », affirme la FCFA.

« Mais si le gouvernement fédéral avait atteint ses cibles en immigration francophone depuis 2008, nous serions au moins 2 860 000. »

— Fédération des communautés francophones et acadiennes

Probablement.

Ce que l’histoire nous dit

Pourtant, la grande ambition linguistique du Canada sur ces terres autochtones souveraines a toujours été l’élimination du fait français. Ensemencé par « Radical Jack », John George Lambton, le comte de Durham, aristocrate et impérialiste, considérait mes ancêtres canadiens-français comme « un peuple sans littérature et sans histoire ».

L’unification du Bas-Canada et du Haut-Canada en 1840 en tant que colonie unique, croyait Durham, conduirait inévitablement à l’assimilation des Canadiens français dans un Bas-Canada (aujourd’hui le Québec) dominé par la majorité anglophone dans le Haut-Canada (aujourd’hui l’Ontario).

« Toute autre race que la race anglaise y apparaît dans un état d’infériorité. C’est pour les tirer de cette infériorité que je désire donner aux Canadiens notre caractère anglais », a-t-il dit avec condescendance en 1839.

Nous sommes les héritiers de Durham4. Tout comme nos gouvernements.

Le français est à un point d’inflexion. Il nous faut de la fureur et du feu. De la solidarité et de la stratégie. D’la yeule.

Nous exigeons que nos gouvernements respectent les cibles de réparation qui augmenteront l’immigration francophone dans nos communautés et corrigeront immédiatement l’injustice flagrante de la question des visas d’étudiants franco-africains dans l’ensemble du Canada francophone. Et alors que nous réclamons la livraison urgente d’une Loi sur les langues officielles robuste et revitalisée, nous devons aussi nous interroger sur la façon dont nos institutions gouvernementales peuvent montrer l’exemple et la promesse de ce que le Canada pourrait être comme terre d’accueil.

Les francophones du Canada ne sont pas encore un peuple de mythe et de folklore. Nous restons féroces, fiers et francos.

Nous n’avons pas encore dit notre dernier mot.

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