Le vote par internet envisagé à Montréal
La Ville de Montréal doit envisager le vote par internet aux prochaines élections municipales, selon une commission d’élus, qui fait cette recommandation au moment où Élections Québec se prépare à mettre en place un projet-pilote à cet effet pour le scrutin municipal de 2025.
Pour tenter d’augmenter la participation des citoyens aux élections, qui diminue avec les années, Montréal doit mener une analyse de faisabilité « quant à la mise en place du vote numérique », recommande la Commission de la présidence du conseil, composée d’élus de tous les partis, dans son rapport déposé mardi.
Le vote par internet a été réclamé par nombre de participants aux consultations publiques des derniers mois sur la question, a souligné la présidente de la commission, la conseillère municipale Véronique Tremblay.
« Nous devons maintenant laisser le temps à Élections Montréal d’en faire l’analyse », a-t-elle dit. Aux dernières élections municipales, le taux de participation pour l’ensemble de la métropole était de 38,3 %.
Montréal pourrait participer au projet-pilote qu’Élections Québec vient d’annoncer pour les élections municipales de 2025.
Un avis d’appel d’intérêt a été lancé lundi par Élections Québec pour trouver une entreprise capable d’« offrir une solution de vote par internet permettant de voter à distance ».
Ensuite, l’organisme devrait tester le vote par internet avec des municipalités de différentes tailles et différentes régions, en privilégiant les villes de plus de 20 000 habitants.
« On va probablement limiter le vote internet à des groupes restreints dans la municipalité, comme certains districts électoraux ou arrondissements », explique Julie St-Arnaud Drolet, porte-parole d’Élections Québec.
Le vote par internet est utilisé par des municipalités en Ontario depuis plusieurs années, souligne André Blais, professeur de science politique à l’Université de Montréal et spécialiste des comportements électoraux.
« Il y a toujours des préoccupations quant au risque de piratage, mais je ne connais pas de cas de fraude avérée », note-t-il.
Par contre, le vote par le web n’est pas non plus une solution magique pour augmenter de façon draconienne la participation au scrutin : les hausses dans les municipalités utilisant cette méthode sont de deux à quatre points de pourcentage, dit-il, citant des études menées par des chercheurs ontariens.
Quelle est la méthode la plus efficace pour inciter les citoyens à exercer leur droit de vote ? « Le vote obligatoire, assorti d’amendes », répond M. Blais, qui fait remarquer que cette solution radicale et controversée existe dans une vingtaine de pays, dont l’Australie, le Brésil, la Belgique et la Turquie.
Cette proposition ne fait cependant pas partie des 19 recommandations de la Commission de la présidence du conseil pour Montréal. On trouve parmi les recommandations la possibilité pour les électeurs de s’inscrire sur la liste électorale en ligne ou en personne le jour du vote, la mise en place du vote par correspondance pour des raisons de santé ou de limitations fonctionnelles, l’installation de bureaux de scrutin dans les cégeps, universités, résidences pour personnes âgées et organismes communautaires, l’ajout d’une deuxième journée de vote anticipé et la publication des photos des candidats sur les bulletins de vote.