Transports collectifs

Il y a urgence d’agir pour éviter les réductions de service !

Alors que nous sommes en pleine campagne électorale municipale au Québec et que les villes préparent au même moment leur budget annuel, l’avenir des services de transport collectif doit être au cœur de nos préoccupations. Menacés à court terme par des coupes de service et à moyen terme par un modèle de financement désuet, les transports collectifs sont à la croisée des chemins et méritent une attention soutenue.

Même avant la pandémie, les municipalités peinaient à financer les services de transport collectif. Les pertes de revenus causées par la chute de l’achalandage depuis la crise sanitaire n’ont fait qu’exacerber le problème de financement. Heureusement, en 2020-2021, l’aide d’urgence offerte par les gouvernements provincial et fédéral a permis de préserver un niveau de service élevé qui s’est avéré essentiel. Toutefois, cette aide viendra à échéance l’an prochain et, à ce jour, rien n’est prévu pour combler le manque à gagner. Les candidats et candidates aux élections municipales doivent donc s’engager à demander l’aide d’Ottawa et de Québec pour compenser des manques de dizaines de millions de dollars dans leurs systèmes de transports en commun afin de ne pas freiner la reprise économique au pays, comme l’ont fait les maires des plus grandes villes canadiennes.

Sans aide financière des autres ordres gouvernementaux, les nouveaux élus municipaux se verront contraints, dès les premiers jours de leur mandat, de prendre de difficiles décisions quant à l’avenir des transports collectifs. Alors que des réductions de services ont déjà été effectuées par certains transporteurs, des coupes majeures sont envisagées dans la région métropolitaine et ailleurs au Québec. Ces coupes auraient pour conséquence inévitable une diminution des usagers des transports collectifs au profit de la voiture. Cela pourrait amorcer un cycle de décroissance du transport en commun, ce qui entraînerait une croissance des émissions de gaz à effet de serre, une hausse des dépenses de transport des ménages et une baisse importante de la productivité des entreprises due à la congestion.

Il n’est jamais venu en tête aux gouvernements et aux municipalités de réduire les services de déneigement lorsque l’achalandage routier a diminué durant la pandémie. Il devrait en aller de même pour la qualité des transports collectifs, qui n’est pas une dépense plus compressible que l’entretien des routes.

Il faut éviter les coupes de services afin de permettre à nouveau la croissance de l’offre, comme prévu dans la Politique de mobilité durable du Québec. Pour y parvenir, le maintien pluriannuel de l’aide d’urgence accordée par Québec et Ottawa jusqu’au retour de l’achalandage pré-pandémie est absolument nécessaire.

Assurer un financement adéquat des services de transports collectifs, c’est aussi s’assurer de donner aux sociétés de transport les moyens nécessaires pour ajuster leur offre de service lors du retour de l’achalandage, afin que celle-ci corresponde aux nouvelles habitudes de mobilité des usagers et usagères, qui seront probablement plus nombreux et nombreuses en dehors des heures de pointe et à l’intérieur des quartiers.

À moyen terme, de nouvelles sources de financement des transports collectifs devront être proposées puisque la marge de manœuvre des municipalités est très limitée depuis trop longtemps. Le gouvernement du Québec doit donner suite aux consultations qu’il a menées en 2019 dans le cadre du chantier sur le financement de la mobilité afin d’accélérer la mise en œuvre de sa politique de mobilité durable.

Le gouvernement de François Legault a misé sur le développement des transports collectifs, qui sont, avec raison, au cœur du Plan pour une économie verte, en plus d’avoir entériné la Politique de mobilité durable 2030. Alors que le premier ministre Legault s’apprête à se rendre à la COP26 à Glasgow, laisser tomber ce secteur et permettre d’importantes coupures dans les services aux usagers représenterait un désaveu, non seulement de la Politique de mobilité durable, mais aussi du Plan pour une économie verte 2030, la nouvelle politique climatique du Québec qu’il présentera au monde.

* Cosignataires : membres de l’Alliance TRANSIT pour le financement des transports collectifs au Québec ; Sabaa Khan, directrice générale, Québec et l’Atlantique, Fondation David Suzuki ; Emmanuel Rondia, directeur général, Conseil régional de l’environnement de Montréal ; Etienne Grandmont, directeur général, Accès transports viables ; Martin Vaillancourt, directeur général, Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec ; Colleen Thorpe, directrice générale, Équiterre ; Florence Junca-Adenot, professeure, UQAM ; Samuel Pagé-Plouffe, coordonnateur, Alliance TRANSIT

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