Qui est Lias Andersson ?
Pour le commun des mortels, Lias Andersson est un joueur autonome de bientôt 25 ans destiné au Rocket de Laval, susceptible d’être rappelé à Montréal en cas de blessures en raison de son expérience dans la Ligue américaine.
Pour le vice-président aux opérations hockey du Canadien, Jeff Gorton, et son fidèle bras droit Nick Bobrov, désormais codirecteur du recrutement amateur à Montréal, Andersson représente sans doute le pire échec au repêchage de leur règne avec les Rangers de New York.
Andersson a été repêché au septième rang par les Rangers en 2017. Nico Hischier avait constitué le premier choix au total, par les Devils du New Jersey, suivi de Nolan Patrick à Philadelphie, Miro Heiskanen à Dallas, Cale Makar au Colorado et Elias Pettersson à Vancouver.
Nick Suzuki a été choisi six rangs après Andersson par les Golden Knights de Vegas, avant d’aboutir à Montréal un an plus tard contre Max Pacioretty. Le repêchage étant une science bien imprécise, Suzuki est le capitaine du Canadien aujourd’hui et Andersson serait ravi d’obtenir un poste de 13e attaquant à Montréal…
Andersson était pourtant très bien considéré à la veille de ce repêchage.
Doté d’un gabarit correct, à 5 pi 11 po et 190 lb, il pouvait jouer à l’aile comme au centre. Il était tenace. Fiable défensivement. Il avait même obtenu 19 points en 42 matchs avec le HV71, une production impressionnante pour un jeune de 18 ans, et aussi contribué à la conquête du championnat suédois par sa formation. Il était également le fils de l’ancien hockeyeur de la LNH Niklas Andersson, un détail qui semble toujours plaire aux recruteurs.
Au Championnat du monde des moins de 18 ans, plus d’un an avant ce repêchage de 2017, Andersson a terminé au deuxième rang des compteurs de la Suède derrière Alexander Nylander, un choix de premier tour en 2016, avec neuf points, dont cinq buts, en sept matchs. Elias Pettersson, 102 points la saison dernière chez les Canucks de Vancouver, avait terminé au troisième rang avec huit points, dont un seul but.
Andersson faisait partie d’une cuvée suédoise intéressante pour ce repêchage, avec Pettersson, bien sûr, et les défenseurs Erik Brannstrom et Timothy Liljegren. Sa sélection au septième rang a toutefois constitué une certaine surprise, car il figurait entre le 13e et le 15e rang sur la plupart des listes de spécialistes.
La Centrale de recrutement de la LNH avait classé Lias Andersson au troisième rang des espoirs européens, derrière Klim Kostin et Elias Pettersson, et devant Miro Heiskanen et Martin Necas. Mais celle-ci est loin de constituer une référence, il faut même s’en éloigner…
Avant de prendre sa retraite, l’un des recruteurs des Rangers en Europe, le Suédois Anders Kallur, a été invité à annoncer la décision de l’équipe au micro. On devine qu’il a prêché pour sa paroisse. Le choix a été accueilli dans l’indifférence à Chicago, mais on a entendu quelques huées.
Les Rangers détenaient deux choix de premier tour en 2017. Ils ont repêché Andersson avec le choix obtenu des Coyotes de l’Arizona contre Derek Stepan et le gardien Antti Raanta, et Filip Chytil au 21e rang avec leur propre choix.
Andersson et Chytil ont bien fait au camp d’entraînement. Le premier a été prêté à Frölunda, en Suède, pour entamer la saison, après avoir été l’un des derniers joueurs retranchés, le second a disputé les deux premiers matchs des Rangers avant d’être renvoyé dans la Ligue américaine.
Rien ne laissait présager un avenir décevant pour Andersson cet hiver-là. Il a amassé 14 points en 22 matchs à Frölunda et on l’a nommé capitaine de l’équipe junior au Championnat du monde présenté à Buffalo, une formation qui comptait Elias Pettersson, Alex Nylander, Rasmus Dahlin et Erik Brannstrom. Les six buts en sept matchs d’Andersson ont constitué un sommet au sein de son équipe et ont propulsé la Suède en finale contre le Canada.
Il s’était toutefois fait remarquer pour les mauvaises raisons en lançant sa médaille d’argent dans la foule lors de la présentation officielle, dégoûté d’avoir perdu 3-1 en finale.
Andersson a subi une blessure à une épaule pendant le tournoi et on l’a gardé en Amérique, où il a disputé 25 matchs dans la Ligue américaine, obtenu 14 points, et terminé la saison avec les Rangers, avant de disputer le Championnat du monde avec la Suède.
Il croyait être à l’aube d’une grande carrière ; il allait pourtant entamer une pente… descendante.
2018-2019
Ballotté entre la LNH et le club-école à Hartford. Rendement intéressant à Hartford, 20 points en 36 matchs à 20 ans, mais production famélique à ses rappels à New York.
2019-2020
Une seule aide en 17 matchs avec les Rangers, improductif aussi dans la Ligue américaine, il quitte l’Amérique du Nord pour la Suède et demande un échange. New York l’a d’abord suspendu, puis prêté au HV71 pour l’aider à retrouver ses repères en terrain connu, sur une patinoire européenne.
2020-2021
Entame la saison en Suède, puis obtient finalement un transfert au sein de l’organisation des Kings de Los Angeles en octobre 2020. Jeff Gorton parvient à obtenir un choix de deuxième tour contre lui. La présence du père d’Andersson au sein du groupe de recruteurs des Kings n’est sans doute pas étrangère à son arrivée à Los Angeles.
« Quand on repêche un joueur aussi tôt, on espère qu’il aura un impact, tôt ou tard, à ce stade-ci de sa carrière, je ne sais pas, a déclaré Gorton après l’échange. Peut-être l’avons-nous promu trop tôt, qui sait ? »
« Plusieurs choses n’ont pas fonctionné. Il avait besoin d’un nouveau départ, il l’obtiendra. »
— Jeff Gorton en 2020
En trois ans au sein de l’organisation des Kings, Andersson s’est révélé trop fort pour la Ligue américaine, avec 82 points, dont 43 buts, en seulement 86 matchs, mais improductif dans la LNH avec huit points, dont quatre buts, en 44 matchs.
Peut-être Andersson a-t-il été lancé dans la gueule du loup trop tôt. Mais il y a aussi le fait qu’il s’agit d’un attaquant repêché prématurément au premier tour, pas un vilain joueur, mais sans atout dominant pour réussir une belle carrière dans la LNH.
On peut s’étonner de sa présence au tournoi de golf du Canadien, lundi, puisqu’il ne détient même pas de contrat garanti dans la LNH et qu’il y a disputé un seul match pour les Kings l’an dernier.
Mais Gorton et Bobrov ont cru en lui en 2017 et ils lui donneront sans doute une ultime chance de ressusciter sa carrière à Montréal, et ainsi justifier leur choix d’il y a six ans.