Caroline Boudoux en quelques choix

Un film préféré : 

« La Société des poètes disparus. Ce n’est pas jeune, jeune, mais la notion de carpe diem m’a beaucoup marquée. »

Livres favoris : 

« Guns, Germs and Steel – A Short History of Everybody for the Last 13,000 Years, de Jared Diamond, ou Lean In – Women, Work, and the Will to Lead, de Sheryl Sandberg. Il y a aussi Introduction to Fourier Optics, de Joseph W. Goodman, mais c’est un brin technique… »

Citations : 

« La classique “Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement” de Nicolas Boileau. Et plus récemment : “Fait est mieux que parfait”, de Sheryl Sandberg. Plus poétiques, plus des vers en fait, il y a : “Be yourself, no matter what they say” [“Soyez vous-même, peu importe ce qu’ils disent”], de Sting, ou “Parce que j’suis libre comme l’air, libre de faire demi-tour, j’vais continuer”, de Daniel Bélanger. »

Personnages contemporains :

« Sheryl Sandberg, diplômée de Harvard et directrice de l’exploitation de Facebook ; Angela Merkel, docteure en chimie quantique et chancelière d’Allemagne ; Julie Payette. »

Personnages historiques : 

« Richard Feynman, Prix Nobel de physique et grand communicateur scientifique ; Marie Curie et Maria Goeppert-Mayer, lauréates du prix Nobel. »

Une cause pour laquelle vous iriez manifester :

« Le financement de la science. Et sur ma pancarte, j’écrirais une citation que j’ai déjà vue ailleurs : “L’heure est grave quand même les nerds protestent !” »

Personnalité

Un génie biomédical

Caroline Boudoux, professeure à Polytechnique et diplômée du Massachusetts Institute of Technology, a publié un livre de référence en génie biomédical qui sera bientôt distribué aux élèves de certaines universités prestigieuses. Elle est notre personnalité de la semaine.

À la rentrée de septembre, les étudiants de Polytechnique, ici à Montréal, mais aussi les futurs ingénieurs de l’Université de Toronto, de Stanford, de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA), du Centre médical académique d’Amsterdam, de l’Université Simon Fraser et de l’Université du Maryland qui suivront un cours de génie biomédical auront un nouveau livre de référence en classe : Fundamentals of Biomedical Optics, écrit par Caroline Boudoux, une fille de Saint-Nicolas, au sud de Québec.

Ce n’est pas fréquent qu’un manuel universitaire écrit par une scientifique québécoise se retrouve ainsi entre les mains des étudiants des plus grandes écoles du monde.

Âgée de 39 ans, professeure à Polytechnique depuis neuf ans, diplômée du Massachusetts Institute of Technology (MIT), où elle a suivi un programme conjoint de génie biomédical avec Harvard – le génie au MIT, la médecine à Harvard –, notre personnalité de la semaine a un CV impressionnant et une personnalité très attachante.

« Vous êtes sûre que vous avez la bonne Caroline Boudoux ? », a-t-elle répondu à la blague quand on l’a contactée alors qu’elle se préparait à prendre un avion pour le Colorado, pour le travail. Au Québec, ce nom de famille n’est pas courant. Son père, ingénieur forestier, est d’origine belge, tout comme sa mère, une pharmacienne de formation qui est tombée dans l’enseignement des sciences puis dans la haute gestion scolaire après son arrivée ici.

Caroline, elle, a toujours su qu’elle aimait la médecine. Mais à l’école, c’était en maths et en physique qu’elle excellait, pas en biologie ou en chimie.

Un grand déclic s’est donc fait dans sa tête le jour où elle a appris qu’il y avait quelque chose qui s’appelait le génie biomédical et qui lui permettrait de faire presque de la médecine en mettant ses réels talents à profit. Imagerie nucléaire, résonance magnétique et compagnie deviendraient son terrain de jeu.

Expertise de pointe

Avec les années, Caroline a acquis une expertise bien précise dans un champ nouveau : l’utilisation de la fibre optique en imagerie médicale. Ou comment voir l’intérieur du corps – déceler une tumeur, par exemple – avec de la fibre optique.

Au début, explique-t-elle, ce travail se faisait avec la même fibre que celle utilisée en télécommunication, mais ce n’était pas optimal. À Polytechnique, elle a donc piloté avec un autre chercheur la mise au point d’une nouvelle forme de fibre optique, notamment de coupleurs, sortes de carrefours entre différents circuits, une invention brevetée par l’établissement, mais qu’elle a décidé de commercialiser sous licence avec un collègue, Nicolas Godbout.

C’est ainsi qu’ils ont fondé Castor Optics, entreprise aujourd’hui installée à Saint-Laurent, où on dessine et fabrique des produits ensuite mis en marché par Thorlabs, le principal distributeur mondial d’équipement optique. Alex Cable, le fondateur de ce géant du New Jersey, a même investi personnellement dans l’entreprise montréalaise.

Est-ce profitable ? « On en vend suffisamment pour faire vivre l’entreprise », répond l’ingénieure. Ce qui est intéressant, dit-elle, c’est que Castor Optics offre aussi son expertise pour étendre l’utilisation de la fibre optique dans d’autres domaines, pour d’autres clients majeurs dont elle ne peut dévoiler les noms.

Vaste réseau

Son livre, lui, a été publié par Pollux, qui est en fait sa propre maison d’édition. Parce que Caroline a choisi de fonctionner différemment. Au lieu de diriger un ouvrage réunissant des chapitres écrits par des spécialistes de chaque domaine, elle a interviewé des spécialistes scientifiques de partout dans le monde sur tous les sujets et a fait réviser tous les chapitres un par un par deux pairs.

Souvent invitée à donner des conférences, de Boston à Perth en Australie, en passant par Hong Kong et Paris, Caroline Boudoux a un réseau de collègues et amis assez vaste.

Et comme elle est parmi les rares femmes dans son domaine, elle ne passe pas inaperçue.

Donc, conférencière, entrepreneure, auteure… Caroline arrête-t-elle ? Non. Un nouveau livre est en chemin, en français celui-là, et il portera sur la « méthode de conception », sorte de réponse d’ingénieur à la « méthode scientifique ». Un livre général pour les étudiants qui commencent des études de génie.

L’écriture l’intéresse-t-elle donc plus que tout ?

Pas nécessairement. C’est la transmission du savoir, son dada. « Mettez-moi devant une classe, et c’est là que je suis le mieux au monde. »

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