Maison

S’agrandir par la lucarne

Connaissez-vous la Cité-Jardin du Tricentenaire ? Logée à l’est du parc Maisonneuve, dans l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, elle a été conçue dans la continuité du mouvement d’embellissement des villes City Beautiful, vers l’après-guerre. Ses petites rues en croissant sont bordées de jolies maisons et entourées de verdure.

Un cadre idyllique pour élever une famille ? Peut-être, si ce n’est des dimensions assez réduites desdites maisons. Autant elles sont mignonnes et confortables, autant une famille de quatre peut s’y sentir rapidement à l’étroit.

C’est exactement dans cette optique que la firme L. McComber s’est fait approcher pour la rénovation et l’agrandissement d’une de ces résidences. Toutefois, comment procéder sans empiéter sur le terrain, ou trop s’approcher des maisons voisines ?

C’est ainsi que la solution de la lucarne s’est imposée.

À l’origine, le toit en pente de la maison unifamiliale était percé de deux petites lucarnes, l’une à l’avant, l’autre à l’arrière, parfaitement symétriques. En agrandissant considérablement la lucarne de la façade derrière, l’équipe d’architectes a réalisé un coup ingénieux, soit celui d’augmenter la superficie de plancher de l’étage, en même temps que la hauteur de plafond, avec un simple geste architectural.

« C’est un agrandissement de l’étage, mais sans changer l’empreinte du bâtiment au sol », résume l’architecte fondateur de la firme, Laurent McComber. Effectivement, avec cette nouvelle lucarne « géante », on se donne beaucoup d’espace, en hauteur comme en largeur. « Il y a un porte-à-faux, car le plancher déborde de l’ancien mur existant, donc c’est comme si on avait agrandi l’étage sans toucher la superficie du rez-de-chaussée », précise l’architecte.

« En modifiant la pente du toit, ça change beaucoup l’espace habitable, parce que les murs étaient quand même assez bas en périphérie du deuxième étage. »

— Laurent McComber

Une stratégie qui a aussi semblé séduire la Ville de Montréal, puisque le permis a été obtenu en un temps record !

Ode aux lucarnes

Ce n’est peut-être pas un hasard complet si ce sont les lucarnes qui ont attiré l’attention des architectes dans le projet, car ce n’est pas la première fois qu’ils travaillent avec de tels effets. « Quand on joue avec des toits en pente, on a exploré dans le passé toutes sortes d’effets avec les lucarnes », souligne Laurent McComber.

En plus d’être charmantes et de créer de l’espace, les lucarnes s’avèrent fonctionnelles, souligne-t-il. « Ce n’est pas pour rien que ça existe : ça amène de la lumière dans un toit qui autrement ne pourrait pas en capter. À moins d’avoir un puits de lumière, ce qui n’est pas trop souhaitable l’hiver avec la neige qui s’accumule ; en plus, ça ne rehausse pas les niveaux de plafond. »

Les pièces qui bénéficient de cet agrandissement, à l’arrière, sont la chambre principale ainsi que la salle de bains. Quant à la lucarne avant, elle donne sur l’entrée, où les architectes ont aménagé une double hauteur, grignotant ainsi un peu de superficie de plancher... mais pour la bonne cause. « On a perdu des pieds carrés à l’étage, mais ils sont “payants” parce qu’ils créent un effet », souligne Laurent McComber.

D’ailleurs, pour lui, le but n’est pas nécessairement de collectionner les pieds carrés, mais plutôt de les utiliser intelligemment. C’est ainsi que les propriétaires ont accepté la proposition des architectes dès qu’ils ont constaté qu’ils avaient assez d’espace pour combler tous leurs besoins. Alors que l’étage nouvellement agrandi accueille confortablement la chambre principale, deux chambres d’enfants, une salle de bains et une buanderie, le rez-de-chaussée regroupe les espaces de vie : salon, salle à manger, cuisine. Sans oublier le sous-sol, où l’on trouve une chambre de plus, une salle familiale, une autre salle de bains, du rangement...

Il y a aussi du mobilier intégré un peu partout, qui coûte certainement un peu plus cher que des meubles IKEA, mais qui permet une utilisation plus rationnelle de l’espace. « Pour l’utilisateur, chaque pouce carré est utile », affirme Laurent McComber.

Dernière demande et non la moindre, les propriétaires souhaitaient avoir une piscine semi-creusée dans la cour. « On trouvait que c’était dommage de la mettre en plein milieu du terrain comme on fait habituellement, donc on l’a installée tout près de la terrasse et de la fenêtre », explique Laurent McComber. Très discrète, on la voit à peine sur les photos. Cela permet ainsi de profiter pleinement du terrain, qui donne d’ailleurs sur l’une des ruelles vertes de la Cité-Jardin.

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