Voyage Québec

L’HIVER à FOND

L’hiver n’a pas dit son dernier mot. Il est encore temps de se plonger dans les activités de plein air. Justement, le parc de la Gorge de Coaticook offre une variété d’activités hivernales qui permettent de profiter de chaque instant. Nous avons choisi d’explorer le camping d’hiver, la raquette et l’escalade de glace.

S’initier doucement au camping d’hiver

La nuit vient de tomber. Tout à côté du terrain de camping, la rivière Coaticook coule doucement et poursuit son chemin sous un pont couvert illuminé par de petites lumières rouges. Un croissant de lune fait discrètement reluire la neige. À côté de la table de pique-nique, un bon feu crépite.

Le camping d’hiver a ses attraits. Encore faut-il l’apprivoiser doucement. Le parc de la Gorge de Coaticook est justement un bon endroit pour s’initier à cette activité. Le camping du parc offre des refuges, des tentes en « prêt-à-camper » et des emplacements pour les braves qui apportent leur propre équipement. Ces emplacements comprennent un endroit pour faire un feu de camp et une table de pique-nique. Quand on commence le camping d’hiver, on n’est pas nécessairement prêt à s’asseoir directement dans la neige pour préparer le repas. C’est quand même une bonne idée d’étaler un matelas en mousse sur le banc de la table de pique-nique avant de s’asseoir, histoire de garder les fesses au chaud.

Le bloc sanitaire est tout près, à une centaine de mètres seulement. On y trouve de l’eau et des douches bien chaudes. C’est un autre petit confort que le nouveau campeur d’hiver peut apprécier.

L’auto est garée à côté de l’emplacement, ce qui peut rassurer. Ainsi, si le réchaud refuse obstinément de fonctionner, on peut toujours aller se chercher un petit souper dans un restaurant de Coaticook. Il faut évidemment revenir au campement avant le couvre-feu.

Petit détail qui a son importance : le sol des emplacements de camping est très dur, et il est pratiquement impossible d’y planter les piquets de tente. Il faut donc prévoir quelque chose de lourd pour maintenir au sol les sangles de la tente. Les sacs de bois de foyer que le parc vend sont énormes : on peut donc y piger quelques bûches pour fixer la tente. Mais ça veut dire quelques bûches en moins pour le feu du soir : dilemme, dilemme...

Pour avoir une agréable expérience de camping d’hiver, il y a quelques règles d’or à respecter. Ainsi, en arrivant au camp, surtout après une activité de plein air comme la raquette, c’est une bonne idée d’enlever ses vêtements humides et de mettre des vêtements bien secs. Prendre une petite collation permet d’aller chercher de l’énergie supplémentaire en attendant le souper.

Il peut être utile d’apporter des gants très minces : ça permet de préparer le repas sans avoir à se débattre avec de grosses mitaines ou à tout faire les mains nues.

Le secret pour une bonne nuit de sommeil, c’est évidemment d’avoir un très bon sac de couchage d’hiver. Pour une seule nuit, on peut toujours se débrouiller en utilisant deux sacs de couchage trois saisons. Ça risque évidemment d’être un peu compliqué pour y entrer et en ressortir. Un bon matelas est indispensable. En mettre deux, c’est encore mieux.

Finalement, le secret du bonheur en camping d’hiver, c’est une bouillotte d’eau chaude. On met de l’eau bouillante dans une bouteille de type Nalgene, on s’assure à deux ou trois reprises que le bouchon est bien vissé, on la glisse dans un isolant à bouteille ou dans un chandail épais et on la place dans le fond du sac de couchage. Mmmmm.

Plusieurs parcs de la SEPAQ offrent également la possibilité de faire du camping d’hiver.

La raquette, entre champs, bois et ravins

Ça commence mollo. En partant de l’accueil du parc de la Gorge de Coaticook, le sentier est large, damé. C’est qu’il est partagé par les amateurs de raquette, de vélo sur neige (fatbike) et de trottinette des neiges (offerte en location). Mais ça ne dure pas. Bientôt, le sentier de raquette R4 se détache du sentier commun et s’engage dans la forêt.

Tout est paisible. Mais on sent qu’il y a de l’activité ici quand on a le dos tourné. Des pics hyperactifs ont fait d’énormes trous bien ronds dans des arbres sur le bord du sentier. Partout, on voit des traces de chevreuils. Ici, un cerf de Virginie (c’est son vrai nom !) s’est couché dans la neige. Là, un autre a fait de grands bonds.

Plus loin, une gélinotte a décollé en catastrophe : on voit la trace de ses ailes dans la neige. Un campagnol a gambadé près d’un champ, un petit lièvre s’est doucement déplacé sans briser la surface de la neige : on peut compter ses petits orteils sur la couche poudreuse.

Et puis, il y a des traces qu’on ne parvient pas à identifier, ni canines ni félines : peut-être le mystérieux pékan ?

Au détour du sentier, près de la rivière Coaticook, des cerfs en chair et en os détalent, effrayés par l’arrivée des raquetteurs. Ce sont des bêtes sauvages qui n’ont pas été nourries par les humains et qui ont ainsi conservé leurs importants réflexes de survie.

Le sentier serpente dans la forêt, longe des prés, retourne dans les bois, traverse de nombreux ravins. Justement, voilà que le sentier s’enfonce dans un ravin et la randonnée devient mystérieuse. Qu’y a-t-il derrière ce tournant ? Un ours à l’affût ? Mais non, les ours hibernent, tout le monde sait ça !

Le sentier remonte, remonte encore. Entre les branches, on peut voir le panorama bucolique de la région. C’est un avantage de la randonnée d’hiver : sans les feuilles, le regard peut se porter au loin.

Une table de pique-nique enneigée semble avoir été abandonnée près d’un étang. C’est l’endroit rêvé pour un petit goûter. Il suffit de déneiger un banc et d’y mettre un petit matelas en mousse pour être confortablement installé et au chaud.

Après environ 9 km de randonnée, le retour à l’accueil se fait presque trop tôt. Heureusement, le parc de la Gorge de Coaticook offre plusieurs petites boucles qui permettent d’allonger sa randonnée. Le sentier R5 est un très bon choix parce qu’il ne compte que 2,5 km et qu’il longe la fameuse gorge de Coaticook. Il permet également d’admirer de beaux vieux bâtiments de briques rouges au-dessus de la rivière, d’anciennes usines qui ont employé des milliers de personnes, notamment dans le domaine du textile.

L’aventure de l’escalade de glace

S’initier à l’escalade de glace, en soi, c’est déjà une aventure. Au parc de la Gorge de Coaticook, l’aventure est particulièrement intense.

On s’engouffre dans un bois, on descend quelques pas entre les arbres, on s’arrête pile : on se retrouve perché sur le bord d’une falaise. Tout en bas, la rivière Coaticook fait son chemin entre de gros blocs de glace. Et il faut descendre là ?

Ça prend évidemment un expert. Pour s’initier à l’escalade de glace au parc de la Gorge de Coaticook, il faut réserver une séance avec l’école d’escalade Chamox.

« Normalement, quand on fait de l’escalade, on se rend au pied de la paroi et on commence à monter, explique Charles Laliberté, formateur chez Chamox. Nous, ici, on arrive en haut et il faut penser à descendre. L’aventure commence immédiatement. »

Il y a bien moyen de faire une marche d’approche par le bas, mais elle présente ses propres défis. Il faut traverser la rivière, qui n’est pas toujours totalement gelée. En outre, le niveau d’eau peut varier en raison de la présence d’un barrage. « On n’a pas le contrôle. S’ils décident d’ouvrir les vannes, on ne peut pas traverser. Ou encore, on a traversé le matin, on ne peut plus revenir sur ses pas l’après-midi », explique le formateur.

C’est donc plus simple, et plutôt excitant, de faire descendre les clients en rappel. Une fois en bas, ceux-ci doivent suivre les directives des moniteurs : ils ont testé le terrain, ils savent où il est possible de marcher sur la neige et la glace sans tomber dans un trou d’eau.

L’emplacement est particulièrement spectaculaire, au fond de la gorge, devant de belles colonnes de glace, alors que la rivière glougloute derrière soi. Le matin, le soleil se rend jusqu’au bas des parois. Il faut prévoir des vêtements très chauds lorsque la journée avance et que le soleil s’efface. Un bon thermos de thé ou de chocolat chaud fait toute la différence.

Les voies de glace se forment différemment d’une année à l’autre. Cette année, la voie nommée Lola est bien fournie, ce qui en fait une belle voie pour les débutants. L’un après l’autre, munis de harnais, de casques, de bottes, de piolets et de crampons (fournis par Chamox), ils peuvent évacuer les frustrations du confinement en frappant gaiement la surface de glace. Ils s’élèvent peu à peu, étonnés de voir à quel point ils peuvent se fier aux pointes de leurs piolets et de leurs crampons.

L’aventure ne se termine pas là.

« À la fin de la journée d’escalade, il faut qu’ils ressortent de la gorge », rappelle Charles Laliberté. Les moniteurs installent une corde fixe pour permettre aux clients de remonter par une voie plus facile, un champ de neige qui ne présente aucune difficulté technique, mais qu’il faut quand même gravir. « Ça fait une journée complète », lance Charles Laliberté.

Il est possible de s’initier à l’escalade de glace dans d’autres régions du Québec. Voici quelques entreprises qui se feront un plaisir de vous mettre des piolets dans les mains.

Pour d’autres écoles d’escalade, il y a le site de la Fédération québécoise de la montagne et de l’escalade.

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