Urgences du CHU Sainte-Justine

« C’est un désastre »

Les urgences de l’hôpital Sainte-Justine vivent une crise sans précédent. Le taux d’occupation y atteint des sommets inégalés, dopé par une grave pénurie de personnel et la virulence des affections respiratoires chez les tout-petits. La Presse a obtenu un accès inédit pour constater l’ampleur du problème. Et l’inquiétude des parents dépourvus.

Un reportage de Caroline Touzin et d’Olivier Jean

Trop de petits patients, trop peu de lits

« Le 39 est beaucoup trop malade pour être dans le corridor. »

L’inhalothérapeute Amel Beninh arrive d’un pas de course au poste des infirmières. Visiblement inquiète, elle interrompt la Dre Nathalie Lucas en pleine conversation avec deux résidentes.

« Le 39 », c’est Félix*, 18 mois. L’enfant est en  grande détresse respiratoire. Au triage, il a eu un score de 9 sur 12 sur l’échelle de sévérité de la crise d’asthme.

Nous sommes au CHU Sainte-Justine, lundi. En temps normal, les patients comme Félix sont installés dans l’une des 16 chambres de la salle d’observation de l’urgence, afin de recevoir les traitements nécessaires sous surveillance plus étroite, le temps qu’ils soient hospitalisés à l’étage.

Pourquoi les urgences pédiatriques débordent-elles autant 

On assiste à une tempête parfaite.

Les jeunes enfants n’ont pas développé d’anticorps durant la pandémie.

À l’automne, il y a toujours une résurgence des virus.

Le réseau de la santé vit une grave pénurie de personnel.

Et le réseau de cliniques désignées pédiatriques déployées il y a un an en pleine crise sanitaire pour désengorger les urgences n’existe plus, Québec ayant cessé de le financer.

Le poste des infirmières et des inhalothérapeutes trône au centre de la salle pour que ces dernières aient un œil en tout temps sur ces petits patients en détresse respiratoire. À travers les portes vitrées des chambres, elles voient immédiatement si l’état d’un d’entre eux se dégrade. Car cela peut aller très vite. Chaque heure, elles font une « tournée » de signes vitaux.

Or, les 16 chambres sont déjà occupées. C’est comme cela depuis l’été.

Faute de place, le petit Félix atterrit tout au bout d’un étroit corridor, dans l’une des quatre civières alignées l’une derrière l’autre. Hors de la vue du personnel soignant.

Au-dessus de la civière, un simple papier collé au mur l’identifie comme « le 39 ». Il n’y a pas de bouton pour demander d’urgence une infirmière malgré l’état précaire des patients.

L’urgence de l’hôpital pédiatrique montréalais vit une crise sans précédent. La Presse a obtenu un accès inédit pour constater l’ampleur du problème. À 10 h ce jour-là, le taux d’occupation des civières était de 131 %. Ça dépasse le pic historique atteint à la rentrée de l’an dernier. À 23 h, il est passé à 244 %.

Un tsunami de petits patients

L’établissement pédiatrique montréalais prévoit d’établir un record – si la tendance se maintient – et atteindre de 90 000 à 92 000 patients cette année, alors que le record précédent datait de 2017-2018 avec un peu plus de 86 000 visites. Or, l’urgence a été conçue pour en recevoir 55 000.

La durée moyenne d’un séjour sur civière est de près de 9 heures alors que la cible est d’environ 5 heures 30 minutes.

« C’est un désastre, lâche le chef du service d’urgence du centre hospitalier pour enfants, le DAntonio D’Angelo. Il y a juste trop de patients malades pour le nombre de lits. »

La Dre Lucas peine à se frayer un chemin dans l’étroit corridor, encombré par les poussettes et les chaises droites sur lesquelles les parents se brisent le dos durant de longues heures. La civière « 39 » est vide.

Entre-temps, l’inhalothérapeute a transféré Félix en salle de réanimation vu son état inquiétant. Dans les bras de sa grand-mère, le petit en couche respire très mal. Il fait de la fièvre et « du tirage » (utilisation des muscles entre les côtes).

La Dre Lucas agite son cellulaire sous les yeux du bambin pendant qu’elle l’examine. La médecin a téléchargé des applications amusantes pour distraire les tout-petits. Félix souffre d’une otite en plus de sa crise d’asthme sévère.

La pédiatre urgentologue d’expérience ne laisse rien paraître devant la mère ni la grand-mère, mais elle fulmine. « Il n’aurait jamais dû se retrouver dans le corridor », nous dit-elle plus tard. La médecin ne blâme pas les infirmières au triage. C’est le manque d’espaces disponibles cumulé à la pénurie de personnel qui la fait rager.

En plus, quand la médecin essaie d’allumer l’ordinateur puis l’écran géant sur lequel l’équipe soignante est censée pouvoir lire les signes vitaux du patient, rien ne fonctionne.

« Ça, c’est l’autre affaire, on a de vieux équipements toujours en panne. »

— La Dre Nathalie Lucas, pédiatre urgentologue au CHU Sainte-Justine

D’un ton doux et rassurant, la Dre Lucas leur promet de revenir bientôt. Elle a 25 autres patients à l’urgence sous sa responsabilité cet après-midi-là, dont des cas lourds. Certains qu’elle n’a pas même eu le temps de revoir après l’examen initial depuis le début de son quart, à 7 h.

Gérer le risque

« La qualité des soins se dégrade », se désole la Dre Lucas. Ses deux résidentes l’épaulent comme elles peuvent. La pédiatre urgentologue s’excuse de ne pas avoir le temps de leur faire de l’enseignement comme elle est censée le faire.

Un garçon de 3 ans attend aussi dans le corridor depuis 8 h ce matin. La Dre Lucas soupçonne qu’il souffre de la maladie de Kawasaki, cette maladie inflammatoire aiguë qui touche particulièrement les enfants de moins de 5 ans. De graves complications sont possibles.

À midi, un immunologue a examiné le petit et a recommandé qu’on lui administre sur-le-champ des immunoglobulines.

À 16 h, le petit n’avait toujours pas reçu son traitement parce qu’on n’a pas réussi à lui trouver un lit à l’étage. « C’est trop risqué d’administrer ce traitement dans le corridor, loin du poste des infirmières », explique la Dre Lucas, découragée. Ce traitement doit se faire sous surveillance étroite parce que l’enfant peut faire une réaction allergique.

Couchée dans la civière voisine, il y a une ado anorexique qui veut mourir. Elle est venue une première fois samedi, mais comme l’attente a atteint 20 heures ce jour-là, elle est partie avant d’être prise en charge. Ses parents l’ont convaincue de revenir aujourd’hui. Ils veulent qu’elle soit hospitalisée en psychiatrie.

Hésitation

Dans l’une des salles d’observation, un bébé de 2 mois dort paisiblement. Il a l’air si fragile ainsi couché sur le dos au centre d’un lit qui paraît si grand. Sa mère sommeille à ses côtés, inconfortablement assise sur une chaise droite. Comme la majorité des enfants qui ont eu la chance d’avoir une chambre ici, il souffre d’une bronchiolite sévère.

La Dre Lucas hésite à lui donner son congé. Son état s’est amélioré depuis ce matin, mais il respire encore un peu péniblement.

« Je le trouve limite pour rentrer chez lui. Je ne veux pas me laisser influencer par le fait qu’on déborde. »

— La Dre Nathalie Lucas, pédiatre urgentologue au CHU Sainte-Justine, à propos d’un patient de 2 mois

La jeune maman, qui vit en Montérégie, a peur de rentrer chez elle avec son bébé. « Je suis tellement fatiguée, dit-elle à la pédiatre. Le Suroît [hôpital dont l’urgence déborde encore plus que les autres au Québec ces jours-ci] m’a revirée de bord deux fois en deux semaines. » Elle a un autre enfant, qui fréquente la garderie et ramène toutes sortes de virus à la maison ces jours-ci. La Dre Lucas décide de garder le nouveau-né en observation pour la soirée.

À la course

À 16 h 30, une centaine de petits patients attendent à l’urgence, dont 75 n’ont pas encore été vus par un médecin. Franchir le triage prend plus de deux heures. « C’est énorme », explique la Dre Mélanie Labrosse qui entame son quart de soir.

La Dre Labrosse n’aura pas une minute à elle jusqu’à 1 h du matin. Même pas le temps de manger. Elle se déplace si vite à travers les salles qu’on a du mal à la suivre.

C’est que le temps presse. Le soir, ils sont cinq médecins. Mais à minuit, il n’en reste plus qu’un seul pour couvrir toute l’urgence. Si un cas de trauma rentre, tout le reste est paralysé. S’ajoutent aux 75 patients pas encore vus une quinzaine d’autres, très malades, qui attendent sur une civière d’être hospitalisés à l’étage.

« Physiquement, on ne sait juste plus où les mettre. »

— La Dre Mélanie Labrosse, du CHU Sainte-Justine

Une ado qui a besoin d’une transfusion sanguine attend dans un corridor. La conversation entre la Dre Labrosse et la mère prend une tournure délicate quand cette dernière souligne qu’elles sont toutes deux non vaccinées. Et si le donneur de sang est vacciné, demande la mère, et que le vaccin est « transmis » à sa fille ?

La médecin lui explique patiemment que c’est impossible ; que le vaccin ne voyage pas à travers les globules rouges. Et que sa fille – très faible – ne prendra pas du mieux par magie. Le genre de conversation qu’elle aurait préféré avoir en privé plutôt que devant d’autres petits patients et leurs parents dans un corridor.

Même les trois salles de réanimation sont occupées. Des bébés qui ont contracté un virus respiratoire causant une bronchiolite y sont stabilisés avant d’être envoyés aux soins intensifs. « J’ai l’impression de voir juste ça », lance la Dre Labrosse.

Des virus respiratoires – qui apparaissaient généralement à la fin de l’automne – sont apparus plus tôt. « On a vu des patterns de virus changés au gré des confinements, raconte-t-elle. Là, tout le monde a déconfiné en même temps, les gens sont de retour au bureau, à l’école, et plus personne ne porte de masque. »

Appel déchirant

Un peu passé 19 h, la Dre Labrosse reçoit un appel déchirant. Un collègue urgentologue de la Cité-de-la-Santé à Laval lui demande son aide à distance. Dans un hôpital pour adultes, l’équipe de réanimation est moins habituée à recevoir des enfants.

Victimes de violence, deux jeunes viennent d’y être amenés en ambulance dans un état critique. La Dre Labrosse guide l’équipe à travers les manœuvres de réanimation jusqu’à ce que tout ait été tenté pour les sauver.

En vain. Les deux enfants sont morts.

« Quelle horreur », lâche la pédiatre après avoir raccroché. Un membre de l’équipe de l’urgence de l’hôpital lavallois prendra ensuite le temps de la rappeler pour la remercier. « C’est dur de ne pas pouvoir prendre le temps de recevoir la charge de ça, nous confie la médecin en se fermant les yeux. Je pense à la mère de ces enfants-là. À l’équipe de la Cité. Quand je vais avoir fini, plus tard cette nuit, je vais le digérer. »

Un virus respiratoire « méchant »

Un bébé de 25 jours arrive alors en ambulance, transféré de l’hôpital de Saint-Jérôme. La Dre Labrosse laisse tomber ce qu’elle faisait et se précipite en salle de réanimation. Une inhalothérapeute fixe un masque au visage du nouveau-né – rattaché à une machine pour l’alimenter en oxygène. On dirait que le masque lui avale le visage au complet tellement le nouveau-né est délicat.

Le virus respiratoire qui circule actuellement est « méchant ». Il est très contagieux et particulièrement résistant. Les enfants sont plus malades et restent plus longtemps hospitalisés, observe la Dre Labrosse.

Le bruit des pleurs du nouveau-né est étouffé par le masque. Il n’y avait pas de place pour ses parents dans l’ambulance. Ils le rejoindront plus tard en voiture. En attendant, l’infirmière Caroline Cabana le change de couche et le réconforte.

Au poste de garde, le tableau des patients qui ont besoin de traitements respiratoires chocs – toutes les 20 minutes – est rempli. « On a dû fabriquer un deuxième tableau pour ajouter des noms. C’est du jamais vu », décrit la coordonnatrice technique des inhalothérapeutes, Kathy Lévesque.

Alors qu’elle est censée se consacrer à des tâches administratives, Mme Lévesque est « sur le plancher » ce soir. Elles sont trois inhalos en poste, dont deux en « temps supplémentaire obligatoire » (TSO). Elles devraient être cinq. « On est rendues au boutte du boutte, dit-elle. Je ramasse des filles en pleurs. »

Cette mère rentrera chez elle vers 2 h du matin et se lèvera quatre heures plus tard pour déjeuner avec ses trois enfants. Puis elle retournera travailler à 11 h. N’est-ce pas inhumain de soutenir un tel rythme ? « On n’a pas le choix », répond-elle, résignée.

*Le prénom de certains patients a été changé pour préserver leur anonymat.

Huit nouveaux lits temporaires

Quelques jours après le passage de La Presse, le CHU Sainte-Justine a décidé d’ouvrir dès ce vendredi une nouvelle unité de soins pédiatriques temporaire de huit lits pour faciliter l’admission des patients qui peinent à obtenir un lit d’hospitalisation.

Le personnel soignant pris « dans la brousse »

« Je ne peux plus faire ma job comme il faut. C’est très anxiogène. »

L’infirmière Manon Robillard est un pilier des urgences du CHU Sainte-Justine. Au moment du passage de La Presse, les larmes lui montent aux yeux lorsqu’on lui demande la signification du brassard orange qu’elle porte.

Au changement de quart, à 16 h, cette infirmière de 34 années d’expérience est forcée de faire des heures supplémentaires. Le brassard dénonce le « temps supplémentaire obligatoire » (TSO).

Désormais, le CHU Sainte-Justine a recours à cette pratique de gestion tant haïe des infirmières, et presque inexistante ici il y a quelques mois à peine.

Mme Robillard a vu de nombreuses collègues tomber au combat ces derniers mois, épuisées. Aujourd’hui, elle a dû prévenir à regret sa fille adolescente qu’elle devrait s’organiser seule pour rentrer de l’école.

« C’est devenu épouvantable, comme si on était dans la brousse », indique-t-elle. Des tournées de signes vitaux sont « sautées », faute de temps. On compte sur les parents pour prévenir le personnel si l’état de leur petit se dégrade.

« Le moral s’effrite »

Le CHU Sainte-Justine est un milieu de travail « tissé serré ». Les infirmières s’entraident beaucoup, font d’énormes sacrifices d’horaire, motivées par la mission de l’hôpital pédiatrique. Sauf que là, « le moral s’effrite », « la fatigue s’installe », constate le gestionnaire des urgences Daniel Chrétien, infirmier de formation.

Aujourd’hui, M. Chrétien est « sur le plancher » parce que le manque d’effectifs est critique.

« Le TSO ne fait vraiment pas partie de notre culture. Ça fait 25 ans que je suis ici ; il n’y en a pratiquement jamais eu, sauf ces derniers mois. »

— Daniel Chrétien, gestionnaire des urgences au CHU Sainte-Justine

Son équipe compte 13 infirmières en raison de nombreux congés de maladie et congés de maternité, alors qu’elle doit en compter entre 20 et 25 (d’où le recours au TSO).

« On nous en demande toujours plus et on est de moins en moins. La passion s’éteint. C’est rendu lourd », confie l’infirmière Jolyane Miron-Beauséjour, mère de deux enfants en bas âge. Pour elle, il y a des limites à faire des acrobaties d’horaire.

« Si ça continue comme ça, il va arriver quelque chose », craint l’infirmière, une inquiétude partagée par plusieurs autres professionnels de la santé croisés durant ce reportage. Les employées s’envoient des GIF du Titanic, se comparant aux musiciens de l’orchestre qui continuent de jouer pendant que le bateau coule.

Une première ligne « brisée »

Sophie Larente s’excuse presque d’être venue aux urgences du CHU Sainte-Justine avec sa fille de 2 ans et demi.

Cela fait sept heures qu’elle patiente pour voir un médecin.

La petite est fiévreuse et congestionnée. Elle « fait du tirage » (utilisation des muscles entre les côtes). Elle a été classée P3 au triage des urgences de l’hôpital pédiatrique montréalais.

Selon les critères canadiens du triage, la petite aurait dû être vue 30 minutes après son arrivée.

La Presse croise la maman et l’enfant un lundi soir d’octobre dans l’une des salles d’attente des urgences. « J’ai tout fait pour ne pas venir ici, mais là, je n’avais plus de ressources », nous explique la mère qui vit en Montérégie.

Sans succès

Léanne a un médecin de famille. Durant la fin de semaine, l’état de la petite s’est dégradé au point que la maman a contacté sa clinique pour un rendez-vous d’urgence lundi matin. Il n’y avait pas de place avant le mercredi.

« Les rendez-vous ouvrent à 8 h. Quand tu appelles, la ligne est occupée. À 8 h 30, tout est complet. »

— Sophie Larente, mère de Léanne

La mère a aussi tenté sans succès de prendre un rendez-vous en ligne pour le jour même au centre d’urgences pédiatriques du quartier DIX30 – UP – à Brossard.

Sur son site internet, cette clinique vante pourtant son « objectif de fournir un accès rapide aux soins d’urgence – et ce, le jour même, près de chez vous, 365 jours par année – et de vous éviter d’attendre des heures dans une salle d’urgence surchargée ».

Dernier espoir

En désespoir de cause, la maman a donc traversé le pont Samuel-De Champlain pour consulter au CHU Sainte-Justine.

« On ne blâme pas les parents, c’est la première ligne qui est brisée », lance le chef du service des urgences du centre hospitalier pour enfants, le DAntonio D’Angelo.

Les enfants aux prises avec des urgences mineures – classés P4 ou P5 au triage – devraient être vus dans une clinique. Pas dans un hôpital qui offre des soins tertiaires et quaternaires comme le CHU Sainte-Justine (soins spécialisés allant de la chirurgie cardiaque à la transplantation d’organes en passant par la pédopsychiatrie).

Une solution à portée de main ?

Il y a un an, pour désengorger les urgences, Québec a financé des cliniques désignées pédiatriques (CDP). La Dre Olivia Weill a travaillé dans l’une d’elles – ouverte à même l’hôpital de la Cité-de-la-Santé à Laval – en plus d’œuvrer comme pédiatre aux urgences de cet hôpital.

« En équipe avec une infirmière, je voyais au moins 20 patients par jour à la clinique. Des cas mineurs qui auraient attendu 20 heures aux urgences, là, ils prenaient rendez-vous et ils passaient en cinq minutes. Tout le monde était heureux. »

— La Dre Olivia Weill, à propos de son expérience dans une clinique désignée pédiatrique

La pédiatre parle au passé puisque l’expérience financée par Québec a duré moins d’un an (de septembre 2021 au 31 mars 2022). « Quand les CDP ont fermé, notre achalandage a recommencé à grimper », explique le DD’Angelo.

La solution existe et elle a connu un franc succès, alors pourquoi ne pas poursuivre l’expérience ? se demande le DD’Angelo.

Aujourd’hui, « les P4-P5 » ont recommencé à attendre 12 à 14 heures, et même 20, pour voir un médecin aux urgences. « Les parents ont tellement de mal à rentrer dans le système, constate la Dre Weill, qu’ils ne veulent pas repartir quand on donne congé à leur enfant. » Ces parents se disent : si son état se détériore, je vais devoir attendre encore 20 heures aux urgences, poursuit celle qui travaille aussi au CHU Sainte-Justine.

Une demande de services très élevée

Cofondateur et président du centre d’urgences pédiatriques UP, le DSasha Dubrovsky explique le fait que Mme Larente n’ait pu obtenir de rendez-vous pour sa fille par une demande de services « actuellement six à sept fois plus élevée que ce que nous sommes en mesure de fournir ».

La clinique située au DIX30 « prend actuellement en charge jusqu’à 250 enfants par jour », dont des cas complexes comme des fractures, des plaies ouvertes et des crises d’asthme, souligne le pédiatre. Plus de 90 % des patients sont soignés dans les 90 minutes, assure-t-il. « Nous aspirons vraiment à faire partie des solutions pour un système de soins de santé plus accessible, humain et performant pour notre province. »

La clinique UP figure parmi les CDP financées par Québec durant la pandémie. Quand le ministère de la Santé a mis un terme au financement, la clinique a conclu un partenariat avec le CISSS Montérégie-Centre.

Questionnée par La Presse, la porte-parole du ministère de la Santé Noémie Vanheuverzwijn confirme que les CDP « ne sont plus actives » depuis le 31 mars dernier, mais refuse de se prononcer sur la possibilité de les réouvrir vu la crise actuelle.

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