Critique

L’héritage oublié

DOCUMENTAIRE

L’empreinte

De Carole Poliquin et Yvan Dubuc

Avec Roy Dupuis

1 h 25

3 étoiles et demie

Enfin ! Voilà un film sur les Amérindiens qu’on attendait depuis longtemps.

L’empreinte est un documentaire passionnant dans sa façon de nous parler des Premières Nations. En abordant la vaste question autochtone sous un angle différent.

Notre cinématographie documentaire a très souvent traité de l’histoire des Amérindiens en empruntant les mêmes sentiers : assimilation européenne, problèmes de dépendance, disparition de la langue et des traditions culturelles, luttes pour la sauvegarde de ces valeurs.

Comprenons-nous bien. Ce travail a une immense valeur. Mieux, il est nécessaire et essentiel. L’indignation est un instrument noble à conserver et protéger.

Cela dit, on ne peut être contre l’originalité, les idées neuves, la recherche sur des chemins de traverse. Des qualités que l’on retrouve dans ce film.

L’essence de L’empreinte, et son titre le dit, est de nous rappeler que notre héritage de Québécois est marqué par de lointaines alliances franco-amérindiennes. Une partie de notre identité se trouve là-dedans, défendent les auteurs de l’œuvre.

Cela remonte à loin, sous Champlain en fait. En arrivant ici, il avait pour mission de faire alliance avec les Montagnais (ou Innus) en respectant les traditions amérindiennes.

Roy Dupuis est loin de jouer la (jolie) plante verte de service dans ce film. Il est le témoin par lequel passent les informations pour mieux atteindre le spectateur. Il pose les questions, écoute attentivement les réponses, en rajoute. Le résultat est clair.

Dans une de ses interventions hors champ, Dupuis lance : « On dit souvent que les Québécois ont un problème avec la richesse. Ne serait-ce pas plutôt une trace heureuse de cet esprit d’égalité amérindien ? »

Comme c’est rafraîchissant ! Certains diront : enfin, des nouvelles positives !

Vous en voulez une autre ? Plusieurs indicateurs montrent que les Québécois placent, plus que d’autres, la communauté devant l’individu, autre héritage amérindien.

Ajoutons à cela une volonté ferme de faire ici un vrai film de cinéma avec des plans-séquences, qui font certes parfois un peu carte postale, mais qui ont tout de même la vertu de mettre le sujet dans l’écrin auquel il a droit : les rives du Saint-Laurent.

L’empreinte aurait pu s’appeler « l’héritage oublié ». Remercions les deux réalisateurs d’avoir ramené ce précieux bagage à la surface.

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