Plateformes en continu

La musique québécoise cherche sa place

Sur les 23,9 milliards d’écoutes sur les services de diffusion en continu au Québec l’an dernier, seulement 8 % du contenu sont des œuvres musicales québécoises, selon une nouvelle étude de l’Institut de la statistique du Québec. Trois artistes locaux se classent parmi les 25 plus écoutés, soit Les Cowboys fringants, Charlotte Cardin et le rappeur Enima.

Pistes franco-québécoises peu écoutées

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : parmi les 10 000 pistes les plus écoutées sur les plateformes de diffusion en continu, 8,6 % sont des enregistrements francophones, dont 5,3 % proviennent du Québec. Les pistes en anglais représentent quant à elles 85,7 % de ce bassin, avec 1,4 % de cette part provenant de la province. De manière générale, le Québec se positionne comme un bon consommateur de musique en écoute continue. « D’avoir 24 milliards d’écoutes pour le Québec, ça nous met au même taux de consommation que les autres provinces canadiennes : on consomme 21 % du streaming canadien et on est 22 % de la population », explique Lysandre Champagne, chercheuse à l’Observatoire de la culture et des communications de l’Institut de la statistique du Québec, qui note que son étude est la première à observer ces données en matière d’écoute sur les plateformes de diffusion en continu.

Les Cowboys, Charlotte et Enima

Trois artistes figurent dans le top 25 des interprètes ayant le plus d’écoutes sur les services de diffusion en continu. Les Cowboys fringants se placent au 15e rang, Charlotte Cardin, au 20e rang, tandis qu’Enima occupe la 24e place. Seules quatre chansons d’artistes québécois figurent parmi les 100 morceaux les plus écoutés soit, Copilote (version Grignotines de Luxe), de FouKi et Jay Scøtt (en 25e position), L’Amérique pleure, des Cowboys fringants (en 68e position), Lullaby, d’Alicia Moffet (en 72e position), et Meaningless, de Charlotte Cardin (en 93e position). Au total, 8 % des parts d’écoute sont des pistes d’interprètes du Québec et le tiers de ces parts sont des nouveautés.

La région métropolitaine de Montréal

C’est à Montréal que l’on consomme le plus la musique sur les plateformes de diffusion en continu. La région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal a 70 % des parts d’écoute. « C’est la première année, donc on ne peut pas encore comparer, mais on peut se servir d’autres études pour avoir des indicateurs de pourquoi le streaming est plus fort à Montréal, dit Lysandre Champagne. On sait par exemple que les jeunes consomment à 92 % leur musique via internet et qu’il y a un plus fort pourcentage de jeunes à Montréal. » On remarque toutefois que cette zone, tout comme la RMR d’Ottawa-Gatineau, a les plus faibles parts d’écoute d’artistes du Québec, soit seulement 7 % (contre 10 % pour Québec et 12 % pour les autres territoires de la province).

Les nouveaux interprètes moins écoutés

Les artistes dont les morceaux sont offerts en écoute en continu depuis moins de 18 mois ne représentent que 2,3 % de la consommation, selon l’étude. Les ventes pour ces interprètes ont dégringolé : de 53 % en 2021, elles sont passées à 38 % en 2022, soit le taux le plus bas observé depuis 2018.

Le français en légère hausse sur disque

Une bonne nouvelle maintenant : la vente des enregistrements musicaux en français, sur tous les supports et dans tous les formats, est en hausse pour la première fois depuis cinq ans. Bien que les ventes de CD et de fichiers numériques soient en constant déclin, la musique francophone se démarque légèrement. Pour les ventes en albums physiques, la musique en français occupe maintenant 25 % de parts de ventes, avec 2 % de plus que l’an dernier.

Le vinyle vole la vedette

Malgré le déclin général des enregistrements physiques, le vinyle est le seul dont les ventes ont augmenté, de 3 %. Pour la première fois depuis 20 ans, le vinyle représente 25 % des ventes d’albums sur support physique. « Tout décline, mais le vinyle continue de monter, lentement mais sûrement, observe Lysandre Champagne. Ce sont des petits pourcentages chaque année, mais ça monte. Le quart des ventes, c’est quand même impressionnant, je pense qu’on n’aurait pas cru dire ça il y a quelques années. » Le CD demeure une grande partie des ventes, ajoute-t-elle. « Il est aussi intéressant de voir à quel point les nouveautés sont consommées en vinyles [+ 13 % en 5 ans], souligne l’experte. Il n’y a pas seulement une modification dans la manière de consommer, mais aussi de produire. Les gens prennent le risque de sortir des vinyles dès le lancement de leurs albums. Les résultats qu’on a sont un portrait approfondi, mais renvoient surtout à un portrait concret. »

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