Nous sommes 8 milliards

Huit milliards. C’est le nombre d’humains qu’il y aura sur la planète, à partir de ce mardi, selon les prévisions de l’Organisation des Nations unies (ONU). Et la croissance de la population mondiale ne cesse de s’accélérer.

Vivre plus longtemps

« C’est un seuil jamais atteint et on l’atteint relativement rapidement si on pense au moment où on a atteint le 7 milliards [31 octobre 2011] », dit d’emblée Nadine Ouellette, professeure au département de démographie de l’Université de Montréal. Depuis plus de 200 ans, la Terre connaît une croissance démographique très importante due en partie à la baisse des taux de mortalité. « On a beaucoup moins d’enfants qui meurent qu’avant et on vit plus longtemps, grâce aux innovations médicales », résume Richard Marcoux, professeur au département de sociologie de l’Université Laval et directeur de l’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone.

72,8 ans

Espérance de vie de la population dans le monde en 2019

77,2 ans

Espérance de vie de la population dans le monde prévue en 2050

— Source : Nations unies

La croissance se poursuit

Cette croissance de la population mondiale n’est pas près de ralentir. En effet, la Terre pourrait atteindre environ 8,5 milliards d’habitants en 2030, 9,7 milliards en 2050 et 10,4 milliards en 2100. Est-ce que cette croissance rapide est néfaste pour notre planète ? « Ce n’est pas tant la croissance démographique qui est le problème que les modes de consommation et nos habitudes de vie », répond M. Marcoux. « La croissance démographique sera néfaste si on continue à être des pollueurs et des bouffeurs d’espaces », ajoute-t-il.

Une croissance inéquitable

Ce ne sont pas tous les pays qui observent une croissance de leur population. « Il y a des continents, comme l’Europe, où la population stagne et où l’on observe un vieillissement de la population », dit M. Marcoux.

En Amérique du Nord, la croissance démographique se poursuit grâce à l’immigration internationale. « On bénéficie en quelque sorte de la croissance démographique dans d’autres pays, parce que si on fermait complètement les frontières, on aurait un vieillissement démographique accéléré », dit-il.

À l’inverse, certains pays observent une croissance fulgurante. En effet, plus de la moitié de l’augmentation prévue de la population mondiale jusqu’en 2050 sera concentrée dans huit pays seulement, soit l’Égypte, l’Éthiopie, l’Inde, le Nigeria, le Pakistan, les Philippines, la République démocratique du Congo et la Tanzanie.

Les femmes vivent plus longtemps

Partout dans le monde, les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Et c’est généralement le cas à tous les stades de la vie, indique Mme Ouellette. « Dans certains cas, l’avantage de survie des femmes s’effrite », précise la démographe. C’est le cas notamment dans les pays où le niveau de mortalité maternelle est très élevé ou dans les pays où les jeunes filles n’ont pas les mêmes soins de santé ou la même alimentation que les petits garçons, donne-t-elle comme exemples. L’écart entre les hommes et les femmes varie d’un pays à l’autre, allant de 7 ans en Amérique latine et dans les Caraïbes, à 2,9 ans en Australie et en Nouvelle-Zélande. Cet écart varie également dans le temps. « Au Québec, dans les années 1920, la différence de l’espérance de vie était d’environ deux ans à l’avantage des femmes », dit-elle. L’écart s’est creusé pour atteindre 7,5 ans vers la fin des années 1970. « C’était en partie lié à l’usage de tabac chez les hommes et à l’occupation d’emplois plus risqués », explique-t-elle. Depuis les années 1980, cet écart se resserre.

73,8 ans

Espérance de vie des femmes en moyenne à travers le monde en 2019

68,4 ans

Espérance de vie des hommes en moyenne à travers le monde en 2019

— Source : Nations unies

La fécondité diminue

Depuis des décennies, la fécondité chez les femmes ne cesse de diminuer. Selon les prévisions de l’ONU, elle devrait encore baisser pour atteindre 2,1 naissances par femme en 2050.

Cette diminution s’explique avant tout par un changement du rôle des enfants, observe M. Marcoux. « Avant, un enfant nous assurait de vieillir dans de bonnes conditions. C’était particulièrement le cas en milieu rural, où un enfant était des bras de plus au champ. Aujourd’hui, les enfants deviennent une dépense et non plus un revenu », dit-il.

La fécondité varie toutefois grandement à travers les continents. « En Afrique, la croissance démographique est très importante et le désir d’enfants est très élevé, avec des femmes qui veulent cinq ou six enfants », dit M. Marcoux. Pour les familles qui n’ont pas de régimes sociaux, un enfant peut agir comme un « filet social », ajoute-t-il.

5

Nombre de naissances par femme en moyenne dans le monde en 1950

2,3

Nombre de naissances par femme en moyenne dans le monde en 2021

— Source : Nations unies

L’Asie au sommet

Plus de la moitié de la population mondiale (55 %) se trouve en Asie. Ce sont la Chine et l’Inde qui en représentent la majeure partie. À l’heure actuelle, ces deux pays ont plus de 1,4 milliard d’habitants chacun. L’Inde franchira un pas important en 2023 en dépassant la Chine en tant que pays le plus peuplé du monde.

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