Opinion

Les entrepreneurs hôteliers ont besoin d’oxygène !

Le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, mentionnait récemment dans un article qu’il « faudra venir en aide au secteur hôtelier, exsangue depuis la mi-mars ». En effet, depuis le début de la pandémie, on entend dire que l’hôtellerie sera probablement la dernière des industries à retomber sur ses pieds, lorsqu’il y aura retour à la « nouvelle norme ».

Entre-temps, comment faire pour protéger cette industrie qui contribue au rayonnement de la ville à l’international ? Comment empêcher les entrepreneurs hôteliers de mettre définitivement la clé sous la porte et à ces derniers de continuer à offrir des emplois de qualité aux Québécois ? Comment continuer à pourvoir des services essentiels, lorsque l’occupation n’est simplement plus au rendez-vous ?

À Montréal, on estime que ce sont plus de trois hôtels sur quatre qui sont détenus par des entrepreneurs locaux. Alors que certains opèrent de manière indépendante, plusieurs ont opté pour le modèle de franchises. Arborant une enseigne internationale, il n’en demeure pas moins que ce sont des entrepreneurs de chez nous qui possèdent ces établissements. Certes, les modèles d’affaires sont différents, mais les enjeux restent les mêmes, et tous contribuent à l’activité économique du Québec, et vivent depuis plusieurs semaines sans revenus alors qu’ils font face à d’importantes obligations financières.

Avec le nouveau report de l’ouverture des frontières, l’industrie hôtelière se voit amputée d’une grande partie de son achalandage. Bon an, mal an, ce sont 80 % des clients qui provenaient de l’extérieur du Québec. L’annulation de la tenue des festivals qui rythment la ville pendant l’été, de même que celle des grandes conférences internationales et des événements mondiaux qui font rayonner Montréal, accentue la réalité des hôtels de Montréal qui font face à un enjeu de rentabilité.

En avril dernier, le taux d’occupation au centre-ville était de 3,6 % alors qu’il avoisine normalement les 70 % en cette période de l’année.

On compte aussi 86 % des équipes de travail de plus d’une centaine d’hôtels montréalais qui ont été mis à pied temporairement, et il est difficile de dire à quel moment il sera possible de les rappeler au travail. De plus, la moitié des établissements hôteliers de la métropole ont suspendu leurs activités depuis la fin de mars, car les carnets de réservations sont vides pour les mois à venir.

Bien que des mesures gouvernementales aient été annoncées pour atténuer l’impact de la pandémie sur les secteurs les plus touchés par la crise, l’industrie hôtelière a une réalité bien particulière. En effet, si les mesures constituant des prêts et des reports de paiements permettent d’offrir un répit momentané, les entrepreneurs hôteliers n’entrevoient pas le moment où leurs revenus seront suffisants pour leur permettre le remboursement des sommes et craignent ainsi que l’accroissement du niveau d’endettement soit si important que cela puisse compromettre la viabilité de certaines entreprises.

Une demande de soutien aux frais fixes

Les entreprises hôtelières du Grand Montréal, comme partout au Québec, sont structurées pour résister aux fluctuations saisonnières. Elles offrent des emplois qui sont très bien rémunérés, avec de belles perspectives de carrières et accompagnés d’avantages sociaux généreux. Néanmoins, il est clairement impossible de soutenir les importantes pertes de revenus qu’elles subissent présentement, et ce, pendant des périodes aussi longues et incertaines.

C’est dans ce contexte qu’il faudrait développer un programme d’aide d’urgence spécifiquement adapté à la réalité des entreprises hôtelières. L’objectif étant d’apporter une solution concrète et rapide à la problématique des frais fixes. Un allégement du fardeau financier des entreprises hôtelières permettrait par exemple de mettre en place un soutien au paiement des taxes foncières qui représente un montant colossal de leur budget d’exploitation. À Montréal, cette taxe arrive à échéance le 2 juillet et les hôtels ne sont pas en mesure de pouvoir s’en acquitter. Cependant, ce contexte incertain présage que ce ne sera pas le seul coût fixe que les hôteliers ne pourront pas payer ; d’autres échéances viendront s’empiler et si le statu quo demeure, il risquerait de provoquer la fermeture de bon nombre d’établissements hôteliers, ce qui mènerait à d’importantes pertes d’emplois.

Avec une industrie hôtelière fragilisée, c’est tout l’écosystème touristique de l’économie québécoise qui en pâtirait et, a fortiori, la balance commerciale du Québec.

C’est dans ce contexte inédit que l’AHGM espère pouvoir compter sur un programme d’aide d’urgence spécifiquement adapté à la réalité des entreprises hôtelières et permettant d’apporter une solution concrète et rapide à la problématique des frais fixes. C’est la survie d’entreprises d’ici et celle de milliers d’emplois de qualité qui sont en jeu. Car nous savons que les beaux jours reviendront aussi pour nous un jour !

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