Maison

Agrandir, mais pas trop

Lorsqu’ils ont fait appel à la firme L. McComber, les propriétaires de cette résidence du quartier Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal, avaient envie d’espace. Agrandir, oui, mais pas trop, leur a conseillé l’architecte. Puisque, selon Laurent McComber, le bonheur ne se trouve pas nécessairement dans les espaces les plus grands.

Hugo Delaney et Danielle Brassard habitent cette maison depuis neuf ans. Ils y ont vécu pendant cinq ans et y ont eu deux enfants, avant d’amorcer leur projet : une rénovation complète de cette maison des années 50 qui comptait (et compte toujours) deux niveaux, plus un sous-sol.

« C’est une maison qui n’avait pas été rénovée, mais très bien entretenue, souligne Danielle Brassard. Quand on l’a achetée, on a vu son potentiel. »

« La cuisine était sombre, un peu étriquée, se rappelle Laurent McComber, architecte et fondateur de la firme. Le terrain [de 3900 pi2] avait l’air quasiment trop grand. »

Le couple souhaitait ajouter à la maison un agrandissement pleine largeur à l’arrière. L’architecte les a convaincus de réduire leurs ardeurs de moitié. « Laurent nous a dit : on n’agrandira pas beaucoup, mais vous allez voir, on va tellement bien le penser et bien le faire que vous ne manquerez pas d’espace. Il avait raison », remarque la propriétaire, qui avait fait appel au même architecte pour la rénovation de sa clinique médicale quelques années plus tôt.

« Je n’aime pas les espaces trop vastes. Je trouve que c’est froid, on se perd. L’acoustique est moins bonne. J’ai grandi en ville. J’aime ça quand tout le monde est proche. »

— Laurent McComber, architecte et fondateur de la firme L. McComber

De 675 pi2, la superficie de la maison, par niveau, est passée à 825 pi2. Une nouvelle aile a été ajoutée à l’arrière pour accueillir la salle de jeu au sous-sol, la salle à manger au rez-de-chaussée et la chambre principale à l’étage. De larges fenêtres, sur deux faces, apportent de la luminosité et offrent une ouverture sur la cour et sa piscine creusée en béton noir.

De l’extérieur, le volume est distinctif. Sa forme allongée, surmontée d’un toit à double pente qui reprend l’angle de la fausse mansarde existante, est peu conventionnelle pour un agrandissement. Le mince bardage de cèdre teint bleu acier s’harmonise avec la clôture et les fenêtres de la maison, mais contraste avec la brique d’argile rouge d’origine de la maison. Un bleu acier qu’on retrouve d’ailleurs, en rappel, sur le mur de la salle à manger.

« C’est un petit volume mignon, remarque l’architecte. Il a un côté sympathique et charmant, presque campagne. Il y avait aussi l’idée de mettre en valeur la maison unifamiliale dans son contexte évidemment pas rural, mais unifamilial, détaché, ouvert. »

Outre l’agrandissement, tout l’intérieur de la maison a été refait, dans les moindres détails. L’architecte et son équipe ont non seulement dessiné la plupart du mobilier, intégré ou non, mais leur intervention se retrouve jusque dans le design des grilles de ventilation, dessinées à l’ordinateur et taillées au laser.

Tous ensemble

Les pièces de vie se retrouvent au rez-de-chaussée et les trois chambres ont été conservées à l’étage, bien que l’espace ait été entièrement reconfiguré.

Une cuisine linéaire sépare la salle à manger du salon, mais un passe-plat permet une percée visuelle et unit les espaces. Dans les plans de l’architecte, il y avait cette volonté de permettre aux occupants d’être ensemble. « Ce n’est pas une grande maison où tu vas te cacher dans un coin et on ne te voit plus, observe Laurent McComber. De l’entrée, on a une vue en haut. Il y a ce côté convivial. Il y a des percées visuelles un peu partout qui font en sorte que tu es en relation. »

« Peu importe où tu es, tu es au bon endroit, parce qu’il n’y a aucun espace perdu et tout est fonctionnel. »

— Hugo Delaney, copropriétaire de la demeure

« Tu n’es pas dans un hall ou dans une grande entrée qui ne sert à rien, tu es toujours dans un endroit fonctionnel où tu peux faire ce que tu veux faire. C’est ça qui est formidable », remarque Hugo Delaney.

Partout dans la maison, du mobilier jusqu’aux fenêtres en passant par les portes, on retrouve le chêne blanc, à l’état naturel. Non blanchi, il a une teinte jaune qui amène de la chaleur au lieu et une touche ancienne, mais aussi intemporelle. Un aspect important pour l’architecte qui enseigne les techniques de construction et leurs impacts environnementaux à des étudiants universitaires. « C’est quelque chose que j’ai toujours derrière la tête, peu importe le projet », affirme-t-il. « Parfois, à vouloir être trop original, on se démode. Alors, on essaie de se dire : peut-on juste faire quelque chose d’intelligent, de bien pensé, de calme, fonctionnel, durable et si possible écologique, même si construire, ce n’est jamais très écologique. C’est un peu ça, l’attitude du projet. »

Néanmoins, bien peu de choses sont standards dans cette maison, ce qui a donné du fil à retordre aux propriétaires et aux ouvriers qui ont mis la main à la pâte. Démarrés à l’automne 2016, les travaux n’ont été vraiment menés à terme que l’été dernier. Et encore, il reste quelques éléments à terminer. Mal conçues, les fenêtres en bois, par exemple, ont dû être remplacées. « Autant je dis que peu importe où tu es dans la maison, tu sais que tu es au bon endroit, autant peu importe où je suis dans la maison, je peux voir quelque chose qui a été un gros problème !, affirme Hugo Delaney. Mais avec le temps, on l’oublie. »

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