COVID-19

2000 lits pour la deuxième vague

Ça y est. Nous sommes dans la deuxième vague de la pandémie et Québec est en branle-bas de combat. Le DHoracio Arruda, le maire de Québec Régis Labeaume et des experts s’inquiètent au plus haut point de la situation et ils exhortent la population à prendre ses précautions. Parce que la suite des choses « pourrait être pire qu’au printemps ».

COVID-19

moins de lits qu’au printemps

Alors que Québec avait à sa disposition jusqu’à 8000 lits d’hospitalisation pour faire face à la première vague de COVID-19, le ministère de la Santé dispose aujourd’hui de 2000 lits ciblés pour les patients atteints de la maladie à travers le réseau. Une situation qui s’explique en partie parce que le gouvernement ne veut pas vider les hôpitaux et délester autant d’interventions chirurgicales qu’il l’a fait au printemps dernier.

« Selon l’évolution de la situation épidémiologique et selon les besoins en termes de lits supplémentaires, le nombre de lits pourrait être ajusté en conséquence », affirme toutefois le porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Robert Maranda.

Lundi, Québec a annoncé que 586 nouveaux cas de COVID-19 s’ajoutaient dans la province, faisant entrer le territoire dans la deuxième vague de la pandémie. Avec un total de 148 patients hospitalisés, la province est encore loin du sommet de 1672 hospitalisations atteint le 12 mai dernier au plus fort de la première vague.

Malgré tout, cette donnée inquiète fort possiblement les autorités, affirme Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Car il y a un mois seulement, le Québec comptait en moyenne 80 patients hospitalisés.

« Ce n’est pas une immense augmentation, mais c’est quand même une hausse des hospitalisations. Une vague commence toujours lentement avant d’augmenter de façon exponentielle. »

— Benoît Mâsse

Au printemps, le gouvernement avait suspendu des milliers d’opérations dans le réseau de la santé pour mettre jusqu’à 8000 lits d’hospitalisation à la disposition des patients atteints de la COVID-19. Ces lits n’auront finalement jamais été tous occupés : au plus fort de la première vague, une moyenne de 1500 patients étaient hospitalisés.

Au fil des semaines, les retards se sont toutefois accumulés en chirurgie, au point où en août, la province enregistrait un retard de 92 000 opérations par rapport à pareille date l’an dernier. Les hôpitaux tentent aujourd’hui de rattraper ces retards. Pour M. Mâsse, c’est ce qui peut expliquer en partie que les autorités soient en état d’alerte et resserrent les mesures de santé publique. « Le système n’a pas la même capacité COVID que pour la première vague […] On ne peut pas être obligés de retarder encore des chirurgies », dit-il.

À Québec, le gouvernement confirme qu’on ne peut tout simplement faire comme au printemps et délester toutes les opérations non urgentes afin de libérer des lits.

« C’est quelque chose qu’on a fait une fois au printemps et qu’on ne peut pas faire une autre fois. Les impacts négatifs seraient trop importants sur les patients en attente d’une chirurgie », explique-t-on. On rappelle que le retard accumulé avec le délestage massif du printemps n’a pas encore été comblé à ce jour.

Cette même source fait valoir que si les hospitalisations devaient augmenter rapidement en raison de la COVID-19, le réseau de la santé serait en mesure de s’ajuster. Les hôpitaux ont démontré leur capacité à s’adapter rapidement : en quelques jours seulement, en mars, ils étaient prêts à accueillir de nombreux patients infectés par la COVID-19 ; cette vague n’est finalement jamais venue, car la maladie a plutôt frappé dans les CHSLD.

Appel à la vigilance

Le scénario d’un délestage massif, Québec veut l’éviter à tout prix. C’est pourquoi il multiplie les appels à la vigilance afin de renverser la tendance actuelle.

« Si ça continue dans cette direction, on va être obligé de prendre des mesures encore plus restrictives. On va être obligé de retarder des chirurgies. On ne veut surtout pas retourner là », a écrit sur les réseaux sociaux lundi le premier ministre François Legault, forcé de rester en isolement préventif jusqu’au 28 septembre même s’il a obtenu un résultat négatif à un test de dépistage de la COVID-19.

Roxane Borgès Da Silva, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, croit elle aussi que le Québec « ne veut pas revivre la rupture de soins comme on a vécu au printemps ». Pour y arriver, Mme Borgès Da Silva souligne que le MSSS a ouvert ces dernières semaines des unités externes dans plusieurs hôpitaux pour les patients atteints de la COVID-19. Mais elle rappelle que des infirmières sont nécessaires pour soigner les patients dans ces unités et qu’il en manque partout actuellement.

Un virus qui menace de « percoler chez les aînés »

Mme Borgès Da Silva explique que si la situation est inquiétante actuellement, c’est que le virus circule dans la communauté et auprès des jeunes et qu’il se rendra ultimement chez les plus vulnérables, dont les aînés. « Il faut que la population fasse attention. Sinon, ça pourrait être pire qu’au printemps », dit-elle.

Le DGaston De Serres, médecin épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), explique que les autorités sont aujourd’hui en mode alerte parce qu’« on a vécu le printemps et on sait que quand ça commence à monter, ça peut monter rapidement ». Le DDe Serres rappelle que le Québec enregistrait en moyenne 50 cas de COVID-19 par jour il n’y a pas si longtemps. « Ça a monté rapidement », dit-il.

Certes, les milieux pour aînés sont pour l’instant plutôt épargnés par ce début de deuxième vague de COVID-19. Mais il est « extrêmement inquiétant » de constater que chaque cas positif est aujourd’hui en contact avec de dix à quinze personnes, alors qu’au printemps, dans un Québec confiné, on était à deux ou trois contacts par cas positif. « Une maladie contagieuse, son moteur, c’est le nombre de contacts », résume le DDe Serres.

Quand on souligne que même si le nombre de cas augmente, les personnes atteintes sont plus jeunes et le nombre d’hospitalisations reste bas, le DDe Serres affirme que ce raisonnement « a une faiblesse ». Car tôt ou tard, les jeunes auront des contacts avec des personnes à risque. « À un moment, ça va percoler vers les personnes plus âgées », dit-il. Pour le DDe Serres, suivre le nombre d’hospitalisations quotidiennes va justement permettre de déterminer « à quel point le virus percole ».

COVID-19

« on est dans la deuxième vague »

Québec — Ce que les autorités de santé publique redoutaient est maintenant confirmé : la deuxième vague de la pandémie de COVID-19 commence à déferler sur le Québec. C’est le constat du DHoracio Arruda. Et il est « fort probable » que Montréal et la Capitale-Nationale tournent au rouge, c’est-à-dire au niveau d’alerte maximale.

« Ça ne sera pas drôle »

Le directeur national de santé publique, le DHoracio Arruda, ne pouvait être plus clair lundi : « Je vais vous dire qu’avec les chiffres de la journée, je suis très, très, très préoccupé. À tel point que […] l’on est dans la deuxième vague, dans son début. » La situation « est sérieuse », s’est-il inquiété lors du point de presse de 13 h, affirmant qu’il y avait « du virus partout au Québec ». Il a affirmé que la courbe n’est pas la même qu’au printemps, mais que les bilans de dimanche et lundi lui permettent de croire qu’on assistera à une hausse des cas. « Je vous le dis, ça ne sera pas drôle. Si on veut passer un Noël le plus calmement possible, il faut que les gens collaborent », a-t-il affirmé. Selon lui, « la probabilité est très élevée » que des régions passent rapidement au rouge, citant la région métropolitaine, la Mauricie–Centre-du-Québec et la Capitale-Nationale. D’appliquer les règles sanitaires est « peut-être ce qui va nous permettre de passer au travers et de ne pas aller vers un reconfinement total », a-t-il même avancé.

Hausse de 586 cas

Le Québec a enregistré 586 cas lors des 24 dernières heures, un nombre qui n’avait pas été atteint depuis mai dernier. Les autorités ont déploré deux décès supplémentaires, pour un total de 5804. Le nombre d’hospitalisations a augmenté de 10 pour atteindre 148, dont 30 personnes aux soins intensifs. Les régions qui ont tourné à l’orange dimanche affichent des bilans à la hausse, avec 219 nouveaux cas à Montréal, 92 dans la Capitale-Nationale et 50 dans Chaudière-Appalaches. Celles qui sont passées du vert au jaune voient aussi leurs statistiques augmenter. Les Laurentides comptent 39 nouveaux cas et Lanaudière, 15. La Montérégie, qui est toujours en mode préalerte, enregistre 76 nouveaux cas. Les 20 à 39 ans occupent désormais près du tiers des cas confirmés au Québec.

Bilan de l'opération OSCAR

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a dressé lundi le bilan de l’opération policière baptisée « OSCAR » (opération systématisée comportements à risque) qui s’est déroulée la fin de semaine dernière, dans les bars et restaurants des régions en mode préalerte (jaune). Au total, quelque 1500 avertissements et 90 constats d’infraction ont été remis pour non-respect des consignes sanitaires. Une trentaine de corps policiers ont pris part à l’opération, ce qui a permis d’effectuer 2206 visites, alors que l’objectif de départ était de 1000. Mme Guilbault affirme « évaluer » la possibilité de redéployer une opération policière de cette envergure. « Je considère que ç’a été très, très pertinent parce que s’il n’y avait pas eu ces visites-là, manifestement, ces [infractions-là] se seraient déroulée sans qu’il y ait […] de sanction », a-t-elle dit. Le DArruda a ajouté que « les bars ne ressortent pas en termes d’éclosion » à Montréal. Par ailleurs, 1129 appels de dénonciation ont été faits par des citoyens dans la semaine du 14 au 20 septembre.

Précision sur les partys à six

Pour les régions qui ont glissé du jaune à l’orange, la limite d’invités pour un rassemblement privé passe de 10 à 6. Mme Guilbault a bien précisé qu’il est possible pour une personne vivant seule d’inviter par exemple cinq amis issus de ménages différents, contrairement à ce qu’avait affirmé plus tôt lundi le ministre de la Santé, Christian Dubé, à l’émission Tout un matin de Radio-Canada. « Les rassemblements sont de six personnes au maximum, de deux [adresses] différentes. Alors, vous ne pouvez pas inviter cinq chums », a-t-il dit au micro de Patrick Masbourian. Afin de clarifier la règle, le DArruda a indiqué que Mme Guilbault « a bien répondu en termes de ce qui est légal », mais que dans le contexte actuel, il valait mieux « diminuer au maximum les soupers non nécessaires ». Au sujet des « partys privés », Mme Guilbault affirme être toujours en discussion avec le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) pour que les policiers puissent imposer des constats d’infraction « portatifs », c’est-à-dire qu’ils puissent les délivrer sur-le-champ comme une contravention en voiture.

Priorité aux symptomatiques

Alors que les files d’attente pour subir un test de dépistage s’allongent lorsqu’une région change de couleur, les autorités demandent maintenant d’aller se faire tester seulement si l’on développe des symptômes de la COVID-19 ou si la Santé publique nous recommande de le faire. « C’est arrivé que des gens se présentent avant d’aller à un party pour savoir s’ils sont positifs ou négatifs », a illustré le DArruda. Avec les cas à la hausse, « il faut savoir utiliser nos ressources de façon adéquate pour la bonne personne, au bon moment, pour les bonnes indications », a-t-il ajouté. Par ailleurs, il souligne que le test « est moins efficient » sur une personne asymptomatique. « Et devant le fait qu’on a beaucoup de tests actuellement, il faut les concentrer là où il va y avoir le plus d’impact, et c’est basé sur la démonstration de l’analyse de nos données des dernières semaines », a indiqué le DArruda. Le Québec a effectué 23 126 prélèvements lors des 24 dernières heures.

Les travaux se poursuivent au Parlement

Même si Québec est officiellement en mode alerte (zone orange) et que la Santé publique recommande d’éviter les déplacements interrégionaux, les travaux parlementaires se poursuivront jusqu’à nouvel ordre à l’Assemblée nationale. Déjà, à la reprise des travaux, des mesures sanitaires ont été prises pour limiter les risques de contamination à la COVID-19, notamment en réduisant le nombre de députés siégeant en même temps au Salon bleu. Le DArruda a rappelé lundi que « beaucoup de bureaux ont été éliminés », notamment pour assurer une distanciation de deux mètres entre chaque personne, et que malgré le contexte d’une deuxième vague, « la démocratie doit continuer ». « On peut dire que tout pourrait être fait en télétravail, [mais] on sait que ce n’est pas toujours évident », a-t-il dit. « À l’Assemblée nationale, les gens nous ont consultés par rapport aux mesures mises en place. Et je pense que, compte tenu du besoin de démocratie, il y a un bon équilibre », a ajouté le DArruda.

Plus de visioconférence en commission parlementaire

Le gouvernement Legault s’est entendu avec les partis de l’opposition afin de revoir certaines pratiques dans les commissions parlementaires. La fin de semaine dernière, le leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette, a envoyé un courriel aux leaders des partis de l’opposition pour suggérer de procéder à « la diminution du nombre de députés en présence physique en commission parlementaire […] et même d’envisager du virtuel ou du semi-virtuel ». « Nous devrions, en commission parlementaire, limiter à un député par parti la présence physique, à l’exception du ministre. La même réflexion devrait s’imposer au Salon bleu », a-t-il écrit. Au Parti libéral, on a confirmé lundi à La Presse qu’une entente est finalement intervenue pour que les témoignages en commission parlementaire se fassent par visioconférence. « En utilisant la formule semi-virtuelle, l’ensemble des formations politiques pourront continuer leur travail à l’Assemblée nationale en limitant les déplacements de groupes vers Québec », a-t-on expliqué. « Avant de limiter encore plus les débats au Parlement, d’autres mesures non parlementaires sont possibles, comme limiter au maximum les déplacements des ministres et des députés à travers le Québec pour des annonces », a indiqué Martin Ouellet, du Parti québécois. « L’entente actuelle [entre les partis] suit à la lettre les consignes de la Santé publique », a rappelé Québec solidaire, soulignant que « les députés font déjà la majorité de leur travail en circonscription à distance ».

COVID-19

« On s’en va dans le mur », prévient Labeaume

Québec — La région de la capitale doit absolument freiner la progression du coronavirus, à défaut de quoi elle « s’en va dans le mur » et sera déclarée zone rouge, a prévenu lundi Régis Labeaume.

Le maire de Québec a aussi invité sa population à respecter les règles de la Santé publique et les avis des scientifiques, et à se méfier des « gourous » antimasques et des « nano-Trump ».

« On est en train de l’échapper d’aplomb », a lancé le maire dans une conférence de presse qu’il a convoquée en réponse à la hausse marquée des cas dans sa ville. « Si ça continue, j’ai l’impression qu’on s’en va dans le rouge, et le rouge, ça veut dire le mur. On s’en va dans le mur. »

La région de la Capitale-Nationale a dénombré lundi un nombre record de 92 nouveaux cas, dont 4 nouveaux morts. Parmi ses écoles, 48 ont déclaré au moins un cas de COVID-19 depuis la rentrée. L’école primaire Sans-Frontière a même été fermée après la découverte de 25 cas parmi les élèves et le personnel.

Québec avait été largement épargné par la première vague. La population de la capitale est peut-être restée avec l’impression que le virus était cantonné dans les résidences et les CHSLD, a avancé le maire. Mais c’est faux : il y a présentement 40 foyers d’éclosion à Québec.

« Le virus court dans la communauté, le virus est parmi nous et il fait des dégâts. »

— Régis Labeaume

Le maire de Québec craint la multiplication des faillites dans sa ville en cas de reconfinement.

« Je vous en prie, n’écoutez pas les grands génies de ce monde qui disent que porter le masque n’est pas important », a imploré Régis Labeaume. « Entre les sparages de ces nano-Trump-là et les scientifiques, on va choisir les scientifiques. »

Est-ce que le discours antimasque et anticonfinement porte davantage à Québec qu’ailleurs ? Le maire a offert une réponse évasive dans laquelle il visait certaines radios de la capitale.

« Faudrait que j’écoute la radio. Disons qu’il y a des médias qui sont bien intéressés par ça. Qu’est-ce que tu veux, il y a des propriétaires qui font bien de l’argent avec ça et ça n’a pas l’air de les déranger. C’est la vie. »

Des restaurants et des bars récalcitrants

La police de Québec confirme avoir ciblé plusieurs récalcitrants au cours de l’opération OSCAR de la fin de semaine. Six rapports d’infraction générale ont été remis pour des établissements qui ne souhaitaient pas se conformer, même s’ils avaient été avertis, a précisé le chef de la police de Québec, Robert Pigeon.

Le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) a même porté cinq dossiers devant la Régie des alcools, des courses et des jeux. Ils concernent des établissements qui refusent d’appliquer les règles de la Santé publique, malgré plusieurs avertissements. Ces adresses pourraient voir leur permis d'alcool suspendu, selon le chef de police.

La simple évocation de ces cas a éperonné le maire Labeaume. « Ça, c’est du monde qui ne veut rien savoir, qui s’en balance carrément, qui n’ont aucune conscience sociale et ils se plaignent », a lâché le maire.

Une école fermée

La progression du virus a même mené à la fermeture pour deux semaines d’une école primaire de 202 élèves. Un dépistage massif mercredi à l’école Sans-Frontière a permis de découvrir 25 cas positifs, 20 parmi les élèves et 5 parmi le personnel.

Le Syndicat de l’enseignement de la région de Québec (SERQ) se demande si la Santé publique aurait pu agir plus vite pour éviter la fermeture. Son président par intérim affirme avoir été prévenu dès le 10 septembre d’un cas positif à l’école.

« On est rendus le 21 septembre et ça ferme. Il faut agir rapidement et de manière serrée », note Daniel Gauthier.

Les parents ont été avertis dans une note dimanche. Les enfants doivent recevoir l’enseignement à distance. Le Centre de services scolaire de la Capitale doit fournir des ordinateurs à ceux qui en ont besoin, mais le syndicat se demande s'il y en aura assez.

« L’école Sans-Frontière est un milieu défavorisé. Certaines familles n’ont pas internet ou d’ordinateur », prévient M. Gauthier.

Par ailleurs, un autre dépistage massif a eu lieu à Québec, à l’école secondaire Jean-de-Brébeuf.

Des coursiers à vélo pour les récalcitrants

Face au manque de collaboration de nombreux citoyens qui ne répondent pas lorsqu’ils sont contactés par la Santé publique, Montréal a trouvé une façon originale de les joindre où ils sont : en envoyant un coursier à vélo pour les inciter à faire rapidement un test.

Depuis quelques jours, le nombre de cas signalés augmente rapidement. Dimanche, 219 nouveaux cas ont été enregistrés dans la métropole, qui vient de passer au palier d’alerte orange.

Et sur ce nombre, pas moins de « 50 % de nos cas sont chez les 18-34 ans », a souligné lundi la directrice de santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin.

Un des problèmes, à l’heure actuelle, c’est que les gens qui ont été en contact avec ces nouveaux cas ne collaborent pas toujours avec la Santé publique de Montréal. « On a appelé 512 personnes en fin de semaine. Seulement le tiers nous a répondu », a déploré la Dre Drouin.

En plus d’avoir beaucoup de personnes à joindre pour chaque nouveau cas, puisque les gens socialisent plus qu’au printemps, les enquêteurs se butent à des Montréalais récalcitrants à coopérer.

« Durant la même journée, les enquêteurs font deux tentatives d’appel. On commence même à introduire le texto et le courriel. On fait une dernière tentative le lendemain matin et, si on n’a pas de réponse, un coursier à vélo va déposer une lettre en mains propres qui demande aux gens de rappeler dans les 24 heures », a affirmé la directrice lors d’une conférence de presse.

Raisons inconnues

Les autorités ne peuvent expliquer les raisons de la hausse des cas au cours des derniers jours, qui ne sont d’ailleurs pas concentrés dans un quartier ou un milieu, comme les bars (il y a une cinquantaine d’éclosions actives à Montréal : 14 en milieu scolaire, 2 en service de garde, 28 en milieu de travail et 6 dans les milieux de soins). Les rassemblements privés demeurent quand même la préoccupation des autorités, ce qui explique la décision de diminuer les rassemblements de 250 à 50 personnes dans toute la province et à 25 personnes pour les zones orange.

« On a eu de grosses éclosions dans les évènements comme les mariages, les baptêmes et les fêtes organisées dans certaines communautés. Les évènements qui dépassaient les 50 personnes ont occasionné les plus grosses éclosions que nous avons eues. »

— La Dre Mylène Drouin

« Il ne faut pas qu’on oublie toutes les mesures sanitaires quand on rentre à la maison », a lancé la mairesse Valérie Plante, qui a ajouté que la situation est maîtrisée dans les bars, les transports en commun et les lieux publics.

Le système de santé est « prêt »

Les autorités de santé publique de Montréal disent avoir tiré des leçons de la première vague et être prêtes cette fois. Notamment, après s’être « questionnés sur la structure de gouvernance du réseau dans un contexte de crise sanitaire », les dirigeants du réseau de la santé de Montréal ont décidé de créer un « centre de commandement », explique le conseiller aux médias Éric Forest, du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. Ce nouveau centre regroupe les PDG de tous les établissements de santé, la Santé publique, Urgences-santé, la Ville, la sécurité civile et un sous-ministre.

Les membres discutent « au moins deux fois par semaine », a répondu par écrit M. Forest.

À propos de ce centre de commandement, la présidente-directrice générale du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Sonia Bélanger, a expliqué que son mandat est d’avoir une « vue d’ensemble » sur la situation montréalaise, de « travailler dans une perspective commune » et de réunir les différentes ressources.

Alors qu’actuellement, 35 patients sont hospitalisés dans plus de 10 établissements et que 17 d’entre eux sont aux soins intensifs, Mme Bélanger a ajouté que, contrairement à la première vague, tous les hôpitaux seront responsables d’accueillir les patients atteints de la COVID-19.

« On envoyait avant toute la clientèle qui avait besoin d’être hospitalisée dans certains hôpitaux en particulier, comme l’Hôpital général juif, Sacré-Cœur et Maisonneuve-Rosemont. Ils sont vite devenus congestionnés. Alors, cette fois-ci, le plan est que chaque hôpital aura une proportion de lits COVID, ainsi que des soins intensifs », a évoqué Sonia Bélanger, qui participera régulièrement aux prochains points de presse de la Santé publique de la métropole.

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