Planète bleue, idées vertes

Moins de viande pour les politiques

Un parti municipal suisse, les Verts genevois, a voté en mai dernier pour interdire la viande lors de ses repas officiels, a rapporté le journal suisse Le Temps. Cette restriction alimentaire a créé des remous au sein du parti et une pétition a même été lancée pour voter de nouveau sur la décision. Est-ce que des partis politiques envisageraient cette idée verte au Québec ?

Alex Tyrrell, leader du Parti vert du Québec, révèle que même si l’interdiction des produits d’origine animale n’a pas été votée officiellement, les repas du parti sont toujours végétaliens lors des évènements avec un service traiteur et quand c’est le parti qui fournit la nourriture.

« Nous, on n’oblige pas nos candidats à suivre cela. On n’a pas de viande ou de produits animaliers dans toutes les activités du parti. Donc, si on fait un évènement et qu’on commande de la nourriture pour tout le monde, on s’assure que ce soit végétalien », explique-t-il.

Le chef du parti écologiste québécois trouve l’idée du parti vert genevois « intéressante » et considère qu’elle pourrait être discutée dans l’avenir. Il rappelle que le parti vise à réduire la consommation de produits animaliers de 50 % d’ici 2035. Cette cible, « angle mort du gouvernement Legault », devrait être promue par le gouvernement provincial.

« C’est important de changer les habitudes de vie pour tenir compte des changements climatiques. Ce qui est important, c’est de réduire la consommation de produits animaliers, que ça soit une réduction jusqu’à 0 ou une réduction importante. »

— Alex Tyrrell, leader du Parti vert du Québec

Il explique que l’agriculture animale contribue à la dégradation de l’eau et aux changements climatiques. Les matières fécales et le phosphore provenant des installations agricoles polluent les lacs et les cours d’eau avoisinants.

« Il faut tenir compte de ça dans nos choix alimentaires, mais on ne vise pas à forcer les gens à faire quoi que ce soit », souligne Alex Tyrrell.

Des options végétariennes et végétaliennes pour les élus de Projet Montréal

Au municipal, l’idée verte ne s’est pas rendue jusqu’au parti de la mairesse de Montréal, Valérie Plante. Lors des évènements de Projet Montréal, les produits d’origine animale ne sont pas exclus des repas.

« De manière générale, on n’a pas de protocole ou de ligne de conduite dure à cet égard. On essaie de tendre vers des options végétariennes, des options végétaliennes. Il y a encore une demande pour des produits d’origine animale, donc on offre ces options encore aujourd’hui », dit Béatrice Saulnier-Yelle, responsable des communications et des évènements du parti.

Il n’a jamais été question d’interdire les produits d’origine animale lors des repas du parti et le projet n’a pas été proposé, dit-elle. Projet Montréal adhère toutefois à la déclaration C40 des bonnes villes gourmandes. Cette déclaration, diffusée par un réseau de maires d’environ 100 métropoles du monde, vise à « atteindre une alimentation santé planétaire pour tous », indique le site de C40.

Québec solidaire propose aussi des options végétaliennes ou végétariennes en plus des options avec viande lors de ses repas officiels.

Un choix santé et écologique

Le végétarisme contribuerait à la lutte contre les changements climatiques.

Une alimentation végétarienne a un « impact beaucoup moins important sur la production de carbone, et notamment sur la consommation d’eau et de superficie agricole », affirme Malek Batal, professeur au département de nutrition de l’Université de Montréal.

L’expert, qui préfère ne pas commenter la décision du parti suisse, rappelle qu’adopter un régime végétarien permettrait de nourrir plus d’humains et que cette alimentation serait plus efficace. Il précise toutefois que toute alimentation végétarienne n’est pas nécessairement bonne : les aliments ultratransformés, « de piètre qualité nutritionnelle », ne favorisent pas une alimentation efficace.

« Si on se mettait presque tous à manger végétarien, ça aiderait, mais on consomme davantage de viande un peu partout dans le monde. Un effort important est à faire par rapport à la production de gaz à effet de serre », croit M. Batal.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.