Bande dessinée

La conquête du cosmos revisitée avec humour

Après avoir investi le ciel dans Les premiers aviateurs, Alexandre Fontaine Rousseau et Francis Desharnais ont eu envie de voyager vers l’infini et plus loin encore. Dans La conquête du cosmos, les deux bédéistes revisitent ainsi avec humour les moments marquants de notre histoire spatiale, de Laïka aux premiers pas sur la Lune.

La conquête du cosmos n’est donc pas la suite des Premiers aviateurs. Même si ce deuxième projet « n’aurait pas pu exister » sans le premier, souligne d’entrée de jeu Alexandre Fontaine Rousseau, auteur de la bande dessinée.

Le concept de l’ouvrage, né lors d’une exposition pour le Musée national des beaux-arts du Québec et le Festival Québec BD, est ainsi porté par la satire, soit une remise en question humoristique des avancées scientifiques que l’humain a faites dans l’espace.

« C’était déjà une dimension critique qu’on avait dans Les premiers aviateurs. Ce type de grands moments historiques, on a tendance à les figer dans une vision un peu triomphaliste alors qu’il y a plein d’aspects qui peuvent être discutés. […] Il faut dire que, pour nous, c’est aussi devenu une manière de critiquer le présent. »

— Alexandre Fontaine Rousseau

Scientifiques, politiciens, cosmonautes : tout le monde y passe. Et ce, tant dans les textes que dans les dessins. Selon les chapitres, qui s’ancrent de 1957 à 1969, le public peut ainsi croiser Laïka et Iouri Gagarine – tous deux les premiers de leur espèce envoyés dans l’espace. On trouve également les acteurs importants de l’époque, soit le président américain John F. Kennedy ou encore les astronautes de la première mission à être allée sur la Lune, Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins.

Afin de mettre en images ces instants historiques, Francis Desharnais utilise d’ailleurs ici un style d’illustrations « minimaliste ». Étant donné ce style plus « expérimental », qui comporte des dessins fins et des suites de vignettes qui se ressemblent, chaque trait de crayon est calculé afin de bien soutenir le rythme et l’aspect comique du texte.

« Comme chaque case n’est qu’un peu différente, chaque détail a son importance. Ils sont plus travaillés et plus étudiés que pour un autre genre de livres. »

— Francis Desharnais

Francis Desharnais signe avec La conquête du cosmos sa toute première œuvre en couleur, un procédé artistique qu’il a utilisé à des fins précises. Celui qui accumule les prix littéraires grâce à son projet solo La petite Russie use notamment du rouge et du bleu pour bien différencier les passages concernant l’URSS et ceux sur les États-Unis.

Les illustrations et le texte se rencontrent ainsi sur les planches afin de créer de « petits décalages », mais surtout des « surprises » pour les lecteurs. Derrière la couverture d’apparence sérieuse se cache donc un univers où règnent l’ironie et l’humour.

Drôle, mais pas vide

Penser que l’ouvrage n’est composé que de blagues serait toutefois une méprise, tient à souligner Alexandre Fontaine Rousseau. Bien que divertissante, la bande dessinée comporte également sa part de « critiques grinçantes ». Bref, on y rit jaune.

« Pour moi, il y a aussi des moments émotifs. Quand, pendant plusieurs pages, on voit Laïka toute seule dans l’espace, ce n’est plus une blague. Je trouve ça touchant. […] Je pense qu’on a fait un livre qui, oui, est drôle, mais qui penche aussi parfois vers la tragédie. On a essayé de jouer sur cette tension-là », insiste l’auteur.

Pour l’illustrateur, La conquête du cosmos arrive donc à aller plus loin que l’ouvrage précédent du duo : « Je pense qu’on a réussi à trouver un rythme qui amène un sentiment de malaise et non pas juste une joke. »

Si les deux créateurs se permettent bel et bien quelques blagues sur la conception marketing du voyage lunaire ou sur les théories complotistes, ils invitent aussi leurs lecteurs à réfléchir sur des enjeux d’actualité tels que la pollution de l’espace ou encore l’aspect éthique lié à ces voyages spatiaux.

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