médecine intégrative

L’a b c de la médecine intégrative

Le Dr Christian Boukaram est l’un des rares médecins au Québec qui prônent ouvertement une médecine dite « intégrative », une approche qui mise sur l’équilibre entre les sphères biologiques, psychologiques et sociales de la personne. Explications.

DONNÉES PROBANTES

Conçue aux États-Unis dans les années 90, la médecine intégrative conjugue les thérapies issues de la médecine conventionnelle à des thérapies issues de la médecine non conventionnelle et pour lesquelles on dispose de données probantes. « Font partie de la médecine intégrative des approches qui sont complémentaires à la médecine conventionnelle et qui ont fait l’objet d’études cliniques qui en ont démontré l’utilité », explique le Dr Hugues Cormier, psychiatre et professeur à l’Université de Montréal. L’approche mise sur un partenariat entre le patient et le médecin.

INTÉRÊT UNIVERSITAIRE

La médecine intégrative suscite un intérêt croissant dans les universités, particulièrement aux États-Unis, où 58 facultés de médecine (dont la Harvard Medical School) sont membres d’un consortium qui en vise la promotion. Le Québec accuse un certain retard sur les États-Unis et l’ouest du Canada (très peu de médecins québécois affichent clairement cette approche), mais l’intérêt y est croissant, constate le Dr Christian Boukaram, qui enseigne depuis juin 2014 un volet sur l’oncologie intégrative dans un cours offert aux résidents en oncologie de l’Université de Montréal. Cette université offre aussi depuis deux ans des cours de gestion du stress et de méditation pleine conscience à tous les étudiants en médecine et médecins résidents.

RECHERCHES

Aux États-Unis, le National Center for Complementary and Integrative Health (NCCIH), une agence gouvernementale qui fait partie des National Institutes of Health, a pour but d’explorer les différentes thérapies non conventionnelles (méditation, hypnose, acuponcture, suppléments alimentaires, yoga, chiropractie, etc.). Le NCCIH finance des études dans divers domaines, dont la gestion de la douleur, le soulagement des symptômes des patients atteints du cancer et l’amélioration des habitudes de vie.

ET POUR LE CANCER ?

En 2014, la Société d’oncologie intégrative a publié des directives pour l’utilisation de thérapies intégratives pour les patientes atteintes de cancer du sein. Les thérapies ont obtenu des lettres, dont A (recommandée, preuves solides), B (recommandée, preuves moins solides), C (recommandée pour certains, preuves limitées) ou D (non recommandée).

VOICI QUELQUES RÉSULTATS : 

Anxiété et réduction du stress : musicothérapie (B), méditation (B), gestion du stress (B), yoga (B), acuponcture (C), massothérapie (C), relaxation (C)

Dépression : méditation (A), relaxation (A), yoga (A), massothérapie (B), musicothérapie (B), acuponcture (C), touché thérapeutique (C), gestion du stress (C)

Fatigue : conseil de conservation d’énergie (B), ginseng américain (C), acuponcture (C), qi gong modifié (C), acetyl-L-carnitine (D), guarana (D)

Douleur : massothérapie (C), musicothérapie (C), hypnose (C), acuponcture (C).

GÉRER LES SYMPTÔMES, PAS TRAITER

Selon le NCCIH, une quantité importante de preuves indiquent que certaines approches complémentaires peuvent aider à gérer certains symptômes du cancer et effets secondaires du traitement, mais « il n’existe aucune preuve scientifique que quelconque approche complémentaire soit efficace pour traiter le cancer ou mener à la rémission ». Le NCCIH rappelle qu’il est important de parler avec son médecin avant d’essayer une approche complémentaire, certaines d’entre elles pourraient interférer avec le traitement conventionnel. 

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