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Édition du 24 mars 2022,
section ARTS ET ÊTRE, écran 9
Dix ans après le Printemps érable, Sylvain Lemay et André St-Georges, auteurs de Pour en finir avec novembre, reviennent sur la grève étudiante dans Rouge avril. Sur le mode de l’autofiction, le scénariste et le dessinateur racontent le soulèvement de 2012 et le sentiment de décalage ressenti par un enseignant. Un jeu de miroir qui se veut aussi un « jeu de mémoire ».
Que Rouge avril soit publié exactement 10 ans après le Printemps érable n’est pas un hasard. Cet alignement des astres n’était toutefois pas prévu : lorsque Sylvain Lemay et André St-Georges ont commencé à plancher sur cet album, ils espéraient le boucler rapidement. Les épreuves personnelles, racontées dans la préface, ont considérablement ralenti leur progression.
L’idée de parler d’engagement était déjà au cœur du projet. Sylvain Lemay avait tissé son scénario autour d’un professeur de cégep nostalgique de ses années de militantisme rêvant de publier une bande dessinée et d’un élève qui savait dessiner, mais s’intéressait peu à la chose politique.
« J’ai fait la grève comme étudiant en 1990 contre le dégel des droits de scolarité lorsque j’étais étudiant en littérature à l’UQAM », raconte Sylvain Lemay.
« C’est un peu parti de là : le point de vue d’un homme plus vieux qui trouve que les jeunes ne manifestent pas assez, ne s’impliquent pas socialement, et qui veut donner l’exemple même s’il ne fait plus grand-chose. »
— Sylvain Lemay
L’opposition au sommet du G7 à Montebello, en 2007, devait servir de cadre. Or, la vie en a décidé autrement : le printemps 2012 est arrivé et leur a servi un contexte social qui « correspondait encore mieux » aux thèmes que Sylvain Lemay voulait aborder. « La grève est venue fournir les éléments qui manquaient pour renforcer le récit », juge-t-il.
Argument narratif
Rouge avril se colle au déroulement du Printemps érable, mais ce soulèvement sert surtout d’argument narratif pour creuser le parcours de Réal Petit, professeur de cégep désabusé, qui se sent en décalage par rapport à sa vie. Il s’interroge sur son père, a une mauvaise relation avec son ex et tente tant bien que mal de jouer les mentors auprès d’une collègue débutante et d’un jeune élève qui n’a pas trop d’opinions sur la lutte qui s’annonce.
Plus qu’une simple toile de fond, la longue grève étudiante nourrit en effet le propos et les échanges. Elle interroge la logique marchande de l’éducation, le conflit entre intérêt personnel et bien commun, raconte les occupations, évoque les émeutes et la répression populaire. Or, Rouge avril n’est pas pour autant une « BD à thèse », comme le soulignent ses auteurs. L’essentiel tient aux parcours personnels des deux personnages principaux : la vie amoureuse du jeune dessinateur et ce qui finit par faire perdre pied au scénariste.
André St-George a adopté un crayonné très simple pour donner de la vie et du rythme au récit.
« L’approche plus dépouillée permet d’aller à l’essentiel. On met l’accent sur les dialogues entre les personnages. Ça contribue à la fluidité de la lecture. »
— André St-George
Le dessinateur, qui avait d’abord opté pour un dessin plus réaliste, plante le décor et situe l’action au début de chaque séquence, mais se concentre par la suite sur les personnages, un choix judicieux compte tenu du caractère intime des nombreux thèmes abordés.
Ancrage régional
Rouge avril, comme Pour en finir avec novembre, est campé en Outaouais. Ce choix tient à une volonté personnelle de mettre de la diversité dans la fiction québécoise et de mettre en valeur leur région (Sylvain Lemay est professeur à l’Université du Québec en Outaouais et directeur de l’École multidisciplinaire de l’image) et ses lieux. Puisque le temps a passé entre la mise en chantier de la bande dessinée et sa publication, plusieurs des endroits évoqués n’existent plus de nos jours.
Cet ancrage régional contribue au jeu de miroir entre réalité et fiction. « Je le vois aussi comme un jeu de mémoire », dit le scénariste. Rouge avril saisit bien, en effet, l’air du temps d’il y a 10 ans, un temps que les gens qui ont 20 ans aujourd’hui et suivent les cours du scénariste et professeur apprendront à mieux connaître dans ces pages.
Rouge avril
Sylvain Lemay et André St-Georges
Mécanique générale
272 pages
Le 38e Festival international de cinéma Vues d’Afrique aura lieu à la Cinémathèque québécoise avec une programmation de 118 titres, dont 18 longs métrages, du 1er au 10 avril. L’évènement s’ouvre avec la projection de Haut et fort, un film du cinéaste marocain Nabil Ayouch qui était de la compétition officielle de Cannes en 2021. La marraine du festival, Aïssa Maïga, présentera par ailleurs son documentaire Marcher sur l’eau consacré aux habitants d’un village du Niger victime du réchauffement climatique. Le festival a aussi lieu en ligne avec la présentation de 12 films à voir gratuitement sur la plateforme tv5unis.ca.
— André Duchesne, La Presse
La galerie YL-S, à Saint-Gabriel-de-Brandon, présente, jusqu’au 1er mai, l’exposition Une bouffée d’art qui regroupe les sculptures d’Elisabeth Picard, Claude Millette, Guillaume Labrie, Line Gamache, Serge Marchetta et Yves Louis-Seize. Les œuvres étant montées sur des socles sur roues, l’expo évoluera chaque fin de semaine avec des configurations variées, tant à l’intérieur que sur le parvis de cette galerie champêtre située au 25, rue Beausoleil, à Saint-Gabriel-de-Brandon, dans Lanaudière.
Info : yveslouisseize@icloud.com ou 514-966-8871
— Éric Clément, La Presse
Fruit d’une collaboration entre le Cinéma du Musée et le Groupe de recherche en histoire des sociabilités de l’UQAM, le cycle mensuel Ciné-Histoire reprend dès ce jeudi et mettra en vedette des films campés au XVIIIe siècle. Les films choisis ont tous « été conçus et nourris sur la séduction des mots avec lesquels on tisse ou tranche les liens », indiquent les concepteurs du cycle. « La parole y est parfois sincère, souvent trompeuse, et toujours dangereuse », ajoute-t-on. Le film The Mission de Roland Joffé ouvre le cycle le 24 mars. Suivront Les liaisons dangereuses (28 avril), Liaison royale (26 mai), La mort de Louis XIV (30 juin) et La favorite (28 juillet).
— André Duchesne, La Presse
Pour la première fois depuis 2019, le Salon du livre de Trois-Rivières est de retour en présentiel. Alain Farah, Monique Proulx et Elkahna Talbi font partie des invités d’honneur, alors que Michel Jean est le président d’honneur de cette 34e édition qui se tient jusqu’à dimanche. De nombreuses animations et conférences sont prévues et plusieurs prix seront remis, notamment pour récompenser des illustrateurs et illustratrices d’albums jeunesse, des bédéistes québécois ainsi que des auteurs émergents de la Mauricie et du Centre-du-Québec.
— Laila Maalouf, La Presse