Que se passe-t-il chez DavidsTea ?
Quelques jours après avoir été évincé d’un local à Ottawa pour non-paiement du loyer, DavidsTea vient de subir le même sort à Montréal, sur la rue Saint-Viateur. Le détaillant de thé n’a par ailleurs rouvert aucune de ses boutiques au Canada, ses communications avec les centres commerciaux laissent perplexe et son titre a bondi de 63 % hier.
Les commerces ayant pignon sur rue sont rouverts partout au Québec. Les centres commerciaux à l’extérieur de la grande région de Montréal aussi. Mais les portes de tous les DavidsTea demeurent verrouillées.
En fait, la situation est la même partout au Canada et aux États-Unis. Aucune boutique de thé n’a repris ses activités, nous a confirmé une relationniste.
Fin mai, l’Ottawa Citizen a rapporté que l’entreprise montréalaise avait été évincée du local qu’elle occupait sur la rue Bank, dans le quartier Glebe, « après avoir ignoré les tentatives du propriétaire pour conclure une entente ».
Le président de Sleepwell Property Management, Conrad Pool, a affirmé au journal que « les courriels reviennent [bounce back] » et qu’il n’est pas possible de joindre quiconque au siège social.
« Nous essayons de les contacter depuis quelques mois maintenant, et nous sommes prêts à travailler avec eux, a déclaré M. Pool. Nous n’avons pas eu le loyer pour avril ou mai. Nous étions prêts à participer au programme financé par le gouvernement, à élaborer un mode de paiement… [Mais, bruit de] grillons, rien du tout. »
Au 257, rue Saint-Viateur, à Montréal, une affiche sur la porte indique que le bail signé en 2001 a été résilié « en raison du défaut du locataire de remédier aux différents manquements » et que les serrures ont été changées. L’avis date du 3 juin.
Contacté par La Presse, le propriétaire Albert Levy a affirmé être incapable de parler à la direction de DavidsTea. Il a fini par demander à son avocat de contacter les avocats du détaillant de thé.
Mais les échanges ne lui ont pas permis de se faire payer les loyers des trois derniers mois ainsi qu’un « compte [d’électricité] dû depuis des années », relate l’homme d’affaires.
« Ce que je déplore, c’est le manque de communication. On a des locataires à travers le pays, on est prêts à faire des ententes, mais la porte est fermée. C’est enrageant. »
— Albert Levy
Dans les centres commerciaux, les boutiques DavidsTea détonnent à travers les autres qui se sont empressées d’ouvrir pour faire des ventes.
« Aucune date n’est encore fixée quant à la réouverture des magasins, nous a écrit la relationniste Lyla Radmanovich. L’équipe continue d’évaluer différentes options afin de rouvrir ses magasins en assurant la santé et la sécurité de tous. »
L’entreprise a refusé de nous accorder une entrevue, affirmant être dans une période de black-out.
La direction d’un centre commercial, où DavidsTea pourrait être ouvert, s’est plutôt fait dire que la boutique n’était pas rouverte, car elle contenait encore la collection de Noël et que celle-ci doit être remplacée par celle d’été avant d’accueillir les clients. La fermeture ayant été ordonnée par Québec en mars, la personne à qui nous avons parlé – et qui a requis l’anonymat pour ne pas nuire à ses relations avec son locataire – a confié que l’argument était « bizarre » et qu’il n’y croit pas vraiment.
Au siège social d’un autre bailleur, les responsables de la location ont appris que les boutiques rouvriraient lundi prochain (le 8 juin) et que le retard s’expliquait par « un problème de collection ».
Du côté d’Ivanhoé Cambridge, qui possède notamment Place Ste-Foy et Laurier Québec, deux centres commerciaux où DavidsTea est présent, on a refusé de répondre à nos questions sans expliquer pourquoi.
En Bourse, le titre de DavidsTea a fait un bond spectaculaire de 63 % jeudi, ce qui lui a permis de passer au-dessus de la barre du 1 $ US pour la première fois depuis le 6 mars. Il a terminé la journée à 1,42 $ US.
Invitée à réagir à cette hausse soudaine, Mme Radmanovich a écrit qu’il n’y avait « rien de nouveau ». « On ne peut non plus spéculer concernant l’activité sur les marchés », a-t-elle ajouté avant de préciser que la prochaine mise à jour financière serait faite au plus tard le 15 juin, date limite pour divulguer les résultats.