Rentrée culturelle

Les 10 arrivages québécois les plus attendus du début de 2023

Elles sont si pures, nos ambitions de janvier, alors que l’espoir de pouvoir tout lire n’a pas été assombri par les deuils qu’imposera bientôt le trop peu d’heures dont sont composées nos journées. Pendant qu’il est encore temps de se faire accroire que rien n’est impossible, voici ce qui éveille l’enthousiasme de La Presse parmi les riches arrivages des prochains mois.

Cabale, Michael Delisle

L’essentiel Michael Delisle fouille à nouveau les thèmes creusés dans Le feu de mon père (2014), ceux des grandeurs et des douleurs de la filiation, avec Cabale, une histoire de rivalité entre deux frères. Au moment où leur père refait surface après 30 ans « d’esquives et de combines, de séjours en prison ou en Floride », le fils cadet, Paul, refuse de croire à la métamorphose promise, alors que l’aîné, Louis, s’accroche à l’idée que le paternel renouera avec ses responsabilités.

Boréal (17 janvier)

Encore, Marie Darsigny

Autrice du livre culte Trente (2018), Marie Darsigny tente dans ce « conte de la toxicomanie tranquille » de réfléchir autrement au délicat sujet de la dépendance à l’alcool et aux drogues. Empruntant de nouveau à l’essai, au récit et à l’autofiction, la poète convoque les figures d’Amy Winehouse, Billie Holiday et Marguerite Duras afin de critiquer la médicalisation et la marchandisation du rétablissement et, surtout, se demander s’il est possible de s’extirper du « traditionnel schéma qui va de la chute à la rédemption ».

Éditions du remue-ménage (14 février)

Ce qui est tu, Caroline Dawson

Encore portée par le succès phénoménal de Là où je me terre, Caroline Dawson lance un premier livre de poésie, dans lequel elle s’adresse à son garçon de 7 ans, l’âge qu’elle avait lorsqu’elle est arrivée au Québec. Elle espère ainsi « donner en héritage non pas la honte, mais rien de moins que la beauté du monde ». Extrait prometteur : « à pas perdus je reviens / par la périphérie / à la langue de ma mère / ses larmes goûtent la poussière qu’on nettoie / du revers de la main / mots que mon fils ne comprend pas ».

Triptyque (15 février)

Forteresses et autres refuges, Rafaële Germain

À l’exception d’un essai sur la prison qu’est devenu le présent (Un présent infini) et un livre à quatre mains écrit avec Dominique Fortier, Rafaële Germain n’a rien publié depuis Volte-face et malaises (2012), le troisième tome d’une des plus populaires séries québécoises ayant émergé de ce qu’on appelait la chick lit. Elle poursuit sa réflexion sur la mémoire dans Forteresses et autres refuges, un récit intime, habité par le souvenir de ses parents et animé par une féconde question : que veut-on garder de ce que le monde a déposé en nous ?

Québec Amérique (21 mars)

Tombeau, Normand Chaurette

Face à la peine incommensurable de Normand Chaurette, l’éditeur Pierre Filion lui proposait dans les semaines suivant la mort de Marie-Claire Blais, en 2021, d’écrire un tombeau, cet éloge en l’honneur d’une personne défunte. Le 27 août 2022, quatre jours avant son propre départ inattendu, l’auteur de Ce qui meurt en dernier soumettait une seconde et ultime version de son hommage à celle qui aura été pour lui une figure tutélaire. « Rarement une déclaration de dette aura pris la forme d’un chant aussi puissant », en dit Nancy Huston.

Leméac (22 mars)

Héroïnes et tombeaux, Daniel Grenier

Après son essai Les Constellées (2020), Daniel Grenier réinvestit la fiction avec Héroïnes et tombeaux, un roman d’aventures dans lequel une journaliste part au Brésil sur les traces de l’écrivain Ambrose Bierce, à qui l’on doit un Dictionnaire du diable, et qui aurait été fusillé il y a plus d’une centaine d’années. En poursuivant son exploration du continent américain, l’auteur de L’année la plus longue s’interroge par ailleurs sur une préoccupation chère à notre présent, celle de la responsabilité qui incombe à ceux qui racontent les histoires des autres.

Héliotrope (22 mars)

Mise en forme, Mikella Nicol

À la suite d’une rupture dévastatrice, la narratrice de Mise en forme s’enferme à double tour dans sa chambre et se livre à une pratique forcenée du fitness, mais, contre toute attente (ou pas), « les promesses des influenceuses ne l’aident pas à se sentir mieux ». Quelque part entre le récit autobiographie et l’essai, le troisième livre de Mikella Nicol, une des écrivaines les plus perspicaces de sa génération, continue de mettre en lumière ce qui, dans l’intime et dans la rue, contraint la liberté des femmes.

Le Cheval d’août (28 mars)

Je ferai le tour du monde, Alexandra Szacka

Les journalistes ne racontent pas seulement le monde, ils se racontent toujours eux-mêmes, pense Alexandra Szacka, qui ne se raconte pas qu’un peu dans ce récit entremêlant le parcours personnel d’une adolescente ayant dû quitter la Pologne à l’âge de 16 ans et celui, professionnel, d’une des correspondantes à l’étranger ayant le plus marqué Radio-Canada. Elle revient dans Je ferai le tour du monde sur les coulisses de sa couverture de certains évènements majeurs de notre époque et prend des nouvelles de quelques-uns des personnages principaux de ses reportages les plus mémorables.

Boréal (28 mars)

Galumpf, Marie Hélène Poitras

Marie Hélène Poitras la romancière n’a pas chômé au cours des dernières années, elle qui publiait en 2021 La désidérata et en 2022 Soudain le Minotaure, une nouvelle version de son implacable premier livre. Ses fidèles lecteurs se languissent pourtant depuis longtemps de renouer avec Marie Hélène Poitras la nouvelliste, celle que révélait en 2005 La mort de Mignonne et autres histoires. Ce sera bientôt chose faite grâce à Galumpf, un recueil « à l’intersection des blessures, du désir, de l’égoïsme et de la sollicitude, le lieu exact et difficile où prend forme l’acte d’empathie ».

Alto (11 avril)

Granby au passé simple, Akim Gagnon

Sorte d’antépisode de son explosif premier roman, Granby au passé simple plante son décor au cœur de la maison mobile dans laquelle Akim Gagnon a grandi aux côtés de son père (l’attachant Pop, grand fan de KISS, dont on s’est déjà pris d’affection à travers Le cigare au bord des lèvres) et de son frère, Carl-Camille. Portrait tendre et odorant d’une « misère de région ordinaire », cette incursion dans la Princesse des Cantons raconte aussi le refuge qu’un adolescent trouvera dans le théâtre, le cinéma et le viseur de sa caméra.

La Mèche (10 mai)

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