Maisons anciennes

Coup de cœur pour une perle rare

Les maisons anciennes, en raison de leurs caractéristiques différentes et surtout des soins qu’elles nécessitent, intéressent un bassin d’acheteurs plus restreint. L’attrait qu’elles suscitent est cependant indéniable.

En effet, elles s’envolent assez rapidement, selon les données compilées par la Chambre immobilière du Grand Montréal à la demande de La Presse. « Nous avons été surpris de constater que les maisons construites avant 1925 s’étaient vendues en 81 jours en moyenne au cours des deux dernières années, signale Sylvain Girard, vice-président. Pour les maisons plus jeunes, on parle de 105 jours ! » 

Évidemment, il s’agit d’une moyenne, et le délai peut varier d’une propriété à l’autre. Par exemple, les résidences haut de gamme mettent plus de temps à trouver preneur, tous âges confondus.

François-Pierre Gingras a patienté durant huit mois pour vendre sa maison en rangée victorienne de 1893, à Montréal. 

« Je me suis rendu la vie difficile, car j’ai découragé trois ou quatre investisseurs qui voulaient convertir la maison en deux condos. Je préférais vendre à une famille. »

— François-Pierre Gingras

Reçue en héritage, elle avait été restaurée avec beaucoup de patience et de recherches pour dénicher les matériaux et les artisans nécessaires. Elle a d’ailleurs reçu des prix de l’Opération patrimoine architectural de Montréal et des Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec.

M. Gingras a ensuite acquis un condominium dans une ancienne manufacture de clous, de vis et de boulons datant de 1890 près du canal de Lachine. Il lui a fallu environ huit mois pour dénicher cette perle rare. 

« Nous en avons visité plusieurs, et toutes les conversions n’étaient pas aussi heureuses, note-t-il. Plusieurs avaient des infiltrations d’eau, des fissures ou avaient été mal entretenues. » Mais il ne s’est pas découragé, car il aimait l’idée d’habiter une maison ayant une histoire.

LA VALEUR DE L’ÂGE

Il est difficile de déterminer l’effet de l’âge sur le prix d’une propriété, même pour les spécialistes. Son emplacement, la grandeur de son terrain et son état sont plus déterminants, note Fabien Prud’Homme, évaluateur chez Prud’Homme, Mercier et associés.

Et si la demeure a autrefois appartenu à un personnage historique ? « Ça peut avoir un effet, mais nous ne pouvons pas mettre un prix sur cet élément-là, explique-t-il. Il faudrait comparer avec d’autres maisons ayant appartenu à d’autres personnages et ajuster le montant en fonction de leur importance historique. » 

Il s’agit toutefois d’un atout que le vendeur devrait mettre en valeur. « Quand on met une propriété en vente, on cherche ce qui la distingue des autres, explique M. Girard, aussi courtier immobilier. Au mieux, c’est positif, au pire, c’est neutre. Ça pourrait permettre de vendre plus vite parce que ça va attirer l’attention. » Les passionnés d’histoire seront séduits !

MAUVAISES SURPRISES

L’inspection d’une propriété avant l’achat est toujours importante, quel que soit son âge. Dans le cas des maisons anciennes, elle devrait être particulièrement minutieuse, car elles réservent souvent de mauvaises surprises. 

Les problèmes majeurs les plus courants : maçonnerie abîmée, fondation négligée ou mal restaurée et humidité importante dans le vide sanitaire entraînant de la moisissure et des problèmes à la structure du plancher, selon Célina Lapello, fondatrice des Inspections en bâtiment Lapello. Les systèmes électriques et de plomberie sont aussi souvent désuets. 

Ces problèmes peuvent coûter une véritable fortune à corriger, et les investissements ne seront jamais récupérés. « J’ai un client de Richelieu qui a fait pour 690 000 $ de travaux sur sa maison et il l’a vendue seulement 490 000 $, raconte-t-elle. Mais il a vécu sa passion d’habiter une maison ancestrale pendant de nombreuses années. »

D’ailleurs, les travaux importants devraient être confiés à spécialistes. « D’anciens voisins ont acheté une maison dont les planchers étaient croches, raconte M. Gingras. Il y avait quatre pouces de différence entre les deux côtés. Un designer d’intérieur a fait remonter le tout en un après-midi avec des poutres hydrauliques. Les plafonds et le plâtre des murs sont tombés. » 

Morale de l’histoire : les services des spécialistes coûtent cher, mais moins que les gaffes de personnes inexpérimentées !

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