Transport maritime

La chaîne logistique québécoise malmenée

La liste des facteurs nuisibles au bon fonctionnement de la chaîne logistique québécoise s’est allongée à la vitesse grand V depuis deux ans et demi. Encore une fois, l’union fait la force et la collaboration entre le maritime, le ferroviaire et le routier est primordiale, selon CargoM, la grappe métropolitaine de logistique et transport.

La chaîne logistique, c’est l’ensemble de « tous les moyens de transport [aérien, maritime, ferroviaire, routier] mis à contribution pour faire bouger une marchandise du point A au point B », définit Mathieu Charbonneau, directeur général de CargoM, une entreprise de la métropole spécialisée en la matière.

Dans la province, la chaîne logistique dessert 10 000 entreprises exportatrices et 30 000 entreprises qui importent de la marchandise, selon Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ).

Et ce sont les nombreux ennuis touchant cette chaîne qui font que dans les derniers mois, on a pu remarquer une augmentation considérable du prix du panier d’épicerie, ou encore des matériaux de construction. « Ça n’a pas pris cinq ans, fait remarquer M. Charbonneau. On a vu des impacts directs après un an et demi. »

« Succession d’enjeux »

En 2019, la main-d’œuvre vieillissante dans le domaine logistique et l’importance grandissante du commerce électronique ont soulevé certains questionnements. « On voyait une pénurie arriver en même temps qu’une augmentation de la demande », illustre Mathieu Charbonneau, pour qui le système demeurait toutefois à ce moment « très bien orchestré ».

L’élément déclencheur ? Mars 2020, lorsque la planète s’est mise sur pause. Les cargos partis d’Europe quelques semaines plus tôt se sont heurtés à des entrepôts complètement fermés.

« Après, ç’a été une succession d’enjeux : les inondations dans l’Ouest, des lignes ferroviaires brisées, le bateau qui est resté pris dans le canal de Suez, la grève des débardeurs au port de Montréal. Maintenant, la guerre en Ukraine fait monter les prix. Puis les ports en Chine ont fermé beaucoup et longtemps. »

L’ensemble de ces évènements a contribué à un profond déséquilibre de la chaîne logistique québécoise, qui dépend évidemment du reste du globe.

« Avant, les entreprises faisaient du ‘‘just in time’’, c’est-à-dire qu’ils recevaient la marchandise presque en même temps qu’ils la livraient, explique Mathieu Charbonneau. Maintenant, les moyennes et grosses entreprises font du ‘‘just in case’’ : ‘‘Je ne sais pas ce qui va arriver, donc je vais remplir mes centres de distribution en prévision de Noël.’’ Ça amène un manque de disponibilité de la marchandise. […] Elle n’est pas au bon endroit au bon moment. »

Pour remédier au problème, il existe deux pistes de solution appuyées par CargoM, MEQ et la Société de développement économique du Saint-Laurent. Les trois groupes militent pour un meilleur développement des centres de transbordement (là où les biens sont transférés d’un moyen de transport à l’autre), ainsi que pour un investissement sérieux dans les infrastructures ferroviaires, maritimes et routières.

« À court ou moyen terme, il devrait y avoir de l’amélioration avec les innovations technologiques et l’amélioration de la situation mondiale, termine M. Charbonneau. Mais le consommateur va devoir s’adapter. »

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