Un bond inquiétant chez les aînés

Alors que certains médecins et spécialistes ont lancé une pétition mondiale pour s’opposer au confinement de la population active, la proportion de cas confirmés de COVID-19 chez les 65 ans et plus augmente de jour en jour à Montréal. La Santé publique dit maintenant craindre le pire et demande de « protéger la population aînée » en « rehaussant notre vigilance » collective, au moment même où une résidence privée pour aînés de la métropole est aux prises avec une importante éclosion.

Importante éclosion dans une résidence privée pour aînés de Montréal

« Tous nos indicateurs sont à la hausse »

De plus en plus de personnes âgées de 65 ans et plus contractent la COVID-19 à Montréal. Une situation qui inquiète grandement les autorités de santé publique au moment même où une résidence privée pour aînés de la métropole est aux prises avec une importante éclosion.

Même si le nombre de cas confirmés de COVID-19 a connu une baisse mercredi à Montréal, la directrice régionale de santé publique, la Dre Mylène Drouin, estime que cette diminution n’est que ponctuelle. Si Montréal rapportait 442 cas confirmés de COVID-19 mardi, ce nombre était de 269 mercredi. Le plus petit chiffre depuis une semaine. Mais cette donnée s’explique simplement par un ralentissement du dépistage vécu le week-end dernier. Alors que 7000 tests de dépistage sont réalisés en moyenne chaque jour de semaine à Montréal, la fin de semaine dernière, ce nombre a chuté à 4000.

La Dre Drouin affirme que, sur le terrain, la situation continue d’être inquiétante : « Tous nos indicateurs sont à la hausse. […] Le taux de positivité reste élevé et augmente », a-t-elle déclaré en conférence de presse, mercredi après-midi.

Inquiétudes pour les aînés

La situation des personnes de 65 ans et plus inquiète particulièrement la Dre Drouin. « Depuis deux semaines, la proportion de cas chez les 65 ans et plus augmente », note-t-elle. Il y a deux semaines, 6 % des cas de COVID-19 touchaient les personnes de 65 ans et plus à Montréal. Aujourd’hui, cette proportion atteint 15 %. Au Québec, le nombre de cas confirmés chez les 70 ans et plus est passé en deux semaines d’un peu moins de 40 par jour à une centaine.

Les hospitalisations ont aussi augmenté rapidement chez les aînés. Elles sont passées de 11 à 20 admissions par jour en deux semaines dans cette catégorie d’âge.

Pour l’instant, les CHSLD semblent moins touchés par les éclosions à Montréal. « Mais on voit clairement que ce sont les aînés à domicile et en RPA [résidences privées pour aînés] qui sont les plus touchés », affirme la Dre Drouin. Plus de la moitié des aînés qui contractent la maladie sont contaminés par des membres de leur famille et des proches. « Il faut rehausser notre vigilance et protéger la population aînée », dit la Dre Drouin.

Dans La Presse mercredi, Roxane Borgès Da Silva, de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, rappelait à la population de ne pas prendre la COVID-19 à la légère, même si plus de jeunes que d’aînés sont touchés par la maladie depuis le début de la deuxième vague. « Il faut faire très attention. Oui, ça touche davantage les jeunes, mais on n’est pas à l’abri de changements importants », soulignait-elle.

Éclosion au Manoir Plaza

Signe que les milieux de vie pour aînés ne sont pas épargnés, une éclosion touche actuellement la résidence Manoir Plaza, à Montréal, où 28 personnes ont reçu un test positif de COVID-19. Six résidants ont été hospitalisés, et un décès a été constaté. Quatre employés sont également infectés. Curieusement, cette information n’apparaît pas sur la liste que le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) publie chaque jour sur les éclosions dans les milieux de vie pour aînés. La Dre Drouin estime que cette situation est possiblement due à un délai dans l’intégration des données. « Nous transmettons nos données sur les éclosions chaque jour. […] Ce n’est pas un enjeu de transparence », assure-t-elle.

Le MSSS est pourtant au fait de la situation depuis une semaine. La résidence Soleil Manoir Plaza, dont les résidants sont autonomes, a été informée de l’existence d’un premier cas positif de COVID-19 entre ses murs le 26 septembre, a appris La Presse.

Un dépistage massif auprès des quelque 300 résidants et des employés a été effectué le 28 septembre. En tout, 28 cas positifs ont été détectés et ont été transférés en CHSLD. « Nous avons procédé à un deuxième test hier [le 6 octobre] et pour l’instant, tous les résultats obtenus sont négatifs, ce qui est une très bonne nouvelle », a détaillé le directeur général de l’endroit, Maxence De Boissezon.

Dès le premier cas, tous les résidants ont été placés en isolement dans leur appartement, et les espaces communs ont été fermés, a expliqué M. De Boissezon, rencontré à l’extérieur de la résidence.

« On a vu qu’on ne peut pas attendre. Il fallait casser ça dès le début. Dans l’heure, tout était barré. Je n’attends pas les ordres. Au pire, j’en fais trop, et on donne du lousse après. La priorité, c’était la santé. »

— Maxence De Boissezon, directeur général de la résidence Soleil Manoir Plaza

Deux des 28 résidants sont guéris et ont pu réintégrer leur appartement. Les personnes hospitalisées le sont toujours, et l’isolement se poursuit au Manoir Plaza. La résidence a aussi engagé des gardiens de sécurité supplémentaires qui patrouillent sur les étages pour s’assurer que l’isolement est respecté. « Le personnel suffit, on n’est pas en bris de service, on ne manque pas de matériel, on a une très bonne formation », assure le directeur général.

« Dans nos suivis, on n’a que des conformités, nous sommes très proactifs, mais avec la deuxième vague, les gens pouvaient encore sortir, aller à certains endroits, et malgré nos zones de désinfection partout, des masques offerts en tout temps, malgré la sensibilisation quotidienne, on ne peut pas être derrière chaque personne, chaque famille. Nous, on maîtrise jusqu’à nos portes. Après, c’est la responsabilité de chacun », expose M. De Boissezon.

Prenons l’exemple d’une autre région. La liste du gouvernement sur les cas de COVID-19 dans les milieux de vie pour aînés sous-estime considérablement, depuis de nombreux jours, les éclosions dans les RPA et les CHSLD de la Capitale-Nationale. Elle recense 29 cas chez les usagers des RPA et 8 chez ceux des CHSLD, en date du 6 octobre. Or, le CIUSSS de la Capitale-Nationale dénombre dans les faits 75 et 49 cas respectivement.

Le premier ministre inquiet des hospitalisations

Il y a actuellement 125 personnes hospitalisées à Montréal en lien avec la COVID-19, dont 25 aux soins intensifs. En tout, 1000 lits d’hospitalisation sont disponibles dans la métropole pour la pandémie et 150 aux soins intensifs. « Nous sommes loin d’avoir atteint notre pleine capacité », affirme la présidente du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, Sonia Bélanger. Contrairement à la première vague où seulement quelques hôpitaux étaient désignés pour accueillir les patients COVID, cette fois-ci, tous les établissements mettront la main à la pâte.

Mais le nombre de personnes hospitalisées a tout de même doublé depuis la semaine dernière. Aucun délestage d’activité n’a encore eu lieu. « Mais il faut rester prudent », prévient Mme Bélanger.

À Québec, le premier ministre François Legault s’inquiète du nombre grandissant de personnes atteintes de la COVID-19 qui se retrouvent à l’hôpital. Sa « grande obsession » est de « sauver le réseau de la santé », menacé par la deuxième vague de la pandémie. « Depuis deux semaines, on est passés de 168 hospitalisations à 409 hospitalisations. Donc, en deux semaines, on a doublé », a-t-il lancé. À ce rythme, on aura 1600 hospitalisations d’ici un mois.

« Il faut dire la vérité aux Québécois. Si ça continue de doubler, le nombre d’hospitalisations, toutes les deux semaines, on va avoir un risque réel de rupture. Ça veut dire quoi, ça ? Ça veut dire des chirurgies importantes qui devront être reportées. Donc, on ne sera pas capables dans des délais raisonnables de soigner tous les Québécois », a-t-il affirmé. Selon des données du ministère de la Santé mises à jour récemment, 132 000 Québécois sont en attente d’une opération en date du 12 septembre, dont 57 700 le sont depuis plus de six mois.

Le délestage a déjà commencé dans certaines régions. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a soutenu que cette opération est plus « ciblée » que lors du printemps dernier, où le délestage a été massif. Dans un hôpital, « on va arrêter un bloc opératoire, mais on n’arrêtera pas les cinq blocs opératoires », a-t-il dit à titre d’exemple.

François Legault a réitéré l’importance de respecter les consignes sanitaires. Il a résumé son message en disant qu’il faut rester chez soi, afin de limiter les contacts sociaux.

« La situation est critique, mais elle n’est pas désespérée. Il y a encore moyen de casser cette vague-là, mais ça va prendre un effort collectif qui est majeur. »

— François Legault

Par ailleurs, le premier ministre a fermé une fois pour toutes, mercredi, la porte à rendre publics les avis quotidiens qu’il reçoit de la Direction de la santé publique, ce que l’opposition réclame sans relâche depuis mai.

« On n’aurait jamais dû parler de déconfinement »

La Dre Drouin constate que la population a relâché sa vigilance ces derniers mois. Selon elle, « la perception de la dangerosité du virus » a changé. « Probablement qu’on n’aurait jamais dû parler de déconfinement », a-t-elle déclaré. La Dre Drouin affirme que la COVID-19 restera présente pour les mois, voire pour l’année à venir, et qu’il est important de continuer de respecter les mesures de santé publique comme les deux mètres de distanciation, se laver les mains et porter le masque.

Le taux de positivité à Montréal atteint 5 %. Mais il s’élève à 8 % dans les quartiers plus touchés de Côte-des-Neiges et Outremont. Des interventions spéciales sont à prévoir dans ces quartiers, a annoncé la Dre Drouin. Sur les 130 éclosions qui touchent Montréal, 42 se retrouvent dans des écoles, 18, en services de garde, 12, dans des milieux de soins, 50, dans des milieux de travail et 8, dans la communauté, soit dans des équipes sportives.

— Avec la collaboration de Thomas de Lorimier et de Pierre-André Normandin, La Presse, et La Presse Canadienne

Dépistage

Vingt-et-un paramédicaux en renfort

Une vingtaine de paramédicaux d’Urgences-santé se joignent aux efforts de dépistage à Montréal et Laval. Le Collège des médecins a donné son aval et l’équipe a commencé à effectuer du dépistage en début de semaine. « Ça va dépendre d’où viennent les besoins, ce n’est pas nous qui décidons à quel endroit on va aller, mais ça peut être du dépistage dans des lieux ciblés, comme des écoles, des RPA, des CHSLD… Partout sur notre territoire (Montréal et Laval). L’avantage, c’est aussi qu’on est disponibles [en tout temps] », a expliqué Benoit Garneau, chef de service à la gestion des effectifs chez Urgences-santé. Vingt et un membres de l’Unité de réponse à la communauté ont reçu la formation. Cette unité spécialisée est affectée aux missions particulières, comme en cas d’inondations ou de maladies infectieuses.

— Audrey Ruel-Manseau, La Presse

COVID Alert en anglais seulement

« Download the COVID Alert app ». Des milliers de Québécois ont reçu un message texte en anglais seulement les invitant à télécharger l’application COVID Alerte, mardi. Le quart des abonnés de Bell aurait reçu ce message unilingue anglophone en raison d’un « problème technique », qui a depuis été corrigé. Québec a assuré qu’il s’agissait d’une erreur et que la majorité des messages avaient été envoyés dans « une communication bilingue, avec le contenu français en premier ». « Le gouvernement du Canada et le gouvernement du Québec s’assurent actuellement que tous les autres fournisseurs continuent les envois de messages bilingues », a expliqué Antoine Tousignant, directeur des communications au ministère du Conseil exécutif du Québec. Bell a confirmé que certains de ses clients n’avaient pas reçu le message dans la langue officielle du Québec en raison d’une « erreur de système ». « Nous avons arrêté d’envoyer le message dès que l’erreur a été détectée […] et nous diffusons maintenant le message en français », a expliqué Caroline Audet, responsable des relations avec les médias chez Bell. Alerte COVID (en anglais : COVID Alert) est l’application mobile qui permet au gouvernement de rechercher des contacts numériques d’une personne déclarée positive à la COVID-19.

— Audrey Ruel-Manseau, La Presse

Des scientifiques lancent une pétition contre le confinement

Les opposants au confinement ne sont pas tous conspirationnistes : des médecins et des spécialistes de la santé publique américains ont lancé cette semaine une pétition, la déclaration de Great Barrington, qui a été signée par 36 000 personnes, dont 3000 Canadiens.

« Il faut absolument miser sur l’immunité de groupe, qu’il faut atteindre le plus rapidement possible en laissant le virus circuler chez les plus jeunes », explique Jean-Roch Lafrance, anesthésiologiste d’origine québécoise de Cornwall qui a signé la pétition. « Il faut laisser les moins de 50 ans vaquer à leurs occupations. Pour les plus de 65 ans, ça serait selon leur évaluation du risque, il n’y aurait pas non plus de restrictions obligatoires. »

Signe que le sujet est délicat, une autre Québécoise du secteur de la santé qui a signé la pétition, la professeure d’anatomie Anna Nayouf, de l’Université du Québec à Trois-Rivières, a préféré ne pas accorder d’entrevue à La Presse.

Gaston De Serres, épidémiologiste à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), trouve que l’idée de protéger seulement les personnes âgées et de miser sur l’immunité de groupe est une stratégie irréaliste. « C’est théoriquement une bonne idée, mais en pratique, on ne réussit pas à mettre une barrière étanche entre les personnes âgées et le reste de la société », dit-il.

« Et les jeunes peuvent avoir des séquelles à long terme. Pour ce qui est de l’immunité de groupe, on ne sait pas s’il va vraiment y en avoir une, et combien de temps elle va durer. »

— Gaston De Serres, épidémiologiste

Le DDe Serres souligne que la Suède, qui n’a jamais fermé ses bars et ses écoles primaires au printemps, n’a pas encore atteint un seuil qui pourrait minimalement être considéré pour l’immunité de groupe : à peine de 15 % à 20 % des Suédois ont des anticorps contre la COVID-19.

Reporter les opérations

Une seule ville dans le monde a peut-être atteint l’immunité de groupe : Manaus, au Brésil, avec un taux de séropositivité de plus de 60 %, selon une étude publiée à la fin de septembre dans le site de prépublication MedrXiv. La ville a eu un bilan de 3000 morts (en excès de mortalité) pour une population de 1,7 million, ce qui est semblable au bilan québécois, mais avec une population beaucoup plus jeune (plus de la moitié des habitants de Manaus ont moins de 30 ans et seulement 10 % ont plus de 60 ans).

L’épidémiologiste à l’INSPQ souligne que la mortalité de Manaus est très importante, vu sa population plus jeune, et qu’on ne sait pas combien d’entre eux auront des séquelles à long terme.

« Oui, mais même une immunité semblable à celle de la Suède diminue la propagation du virus. Il me semble que c’est ça, l’objectif », rétorque le DLafrance.

« On a dit qu’on voulait protéger les gens en fermant les hôpitaux, mais j’ai des patients qui sont morts à cause du report des opérations. On me dit maintenant qu’on a 18 mois d’attente pour les opérations, contre trois mois en février. »

— Jean-Roch Lafrance, anesthésiologiste

« Personnellement, poursuit-il, avant le confinement, je jouais au bridge quatre fois par semaine, je faisais du curling, parce qu’à 76 ans, je ne travaille plus que deux jours par semaine. On m’a empêché de faire ça pour me protéger, mais on ne m’a pas demandé mon avis. Pendant les trois mois où je n’ai pas pu travailler, j’ai passé 400 heures à étudier la COVID-19. Qu’on ne vienne pas me dire que je ne sais pas de quoi je parle. »

Le DLafrance est très actif dans les associations québécoise et canadienne pour l’aide à mourir. Il a vécu aux premières loges la solitude et les souffrances des patients qui devaient y avoir recours durant la pandémie. « Souvent, ils ne pouvaient pas avoir leur injection parce qu’il fallait une infirmière pour la faire. Je n’avais pas ce problème parce que je peux faire des injections, mais j’ai eu une patiente avec quatre enfants qui a dû choisir lequel serait avec elle pour le dernier moment. C’est inhumain. »

mesures sanitaires

Des irrégularités dans les supermarchés

Absence de contrôles sanitaires à l’entrée des magasins, relâchement de l’utilisation des désinfectants à main, distanciation physique non respectée : alors que 5 millions de Québécois sont passés en zone rouge, les mesures déployées pour limiter la propagation du virus ne sont pas appliquées avec la même rigueur dans tous les supermarchés, a constaté La Presse.

Au Super C de Boucherville, des bouteilles de désinfectant sont mises à la disposition de la clientèle à l’entrée, mais personne ne veille à leur utilisation.

De l’autre côté de la rue, une file qui refoule jusqu’au trottoir attend d’entrer au Costco, qui ne contrôle pas le nombre de clients à l’intérieur.

Au IGA d’Anjou de même qu’à l’Adonis et au Maxi voisins, une commis est attitrée à la désinfection des mains et des paniers, mais les clients font fi des flèches au sol.

Lors de sa tournée d’une quinzaine de supermarchés dans le Grand Montréal, La Presse n’a observé aucune mesure visant à renforcer la distanciation physique, hormis des affiches.

Bien qu’un contrôle sanitaire soit toujours pertinent dans les supermarchés, la microbiologiste de l’Université McGill Jennifer Ronholm juge qu’un relâchement n’est pas particulièrement alarmant. « Les épiceries ne sont pas une grosse source de transmission dans le public », affirme-t-elle.

« Au cours des derniers mois, on a compris que le virus se transmettait par les gouttelettes en provenance des personnes qui ont eu un contact rapproché pendant au moins 15 minutes », poursuit Mme Ronholm, qui considère les flèches au sol plutôt superflues.

La semaine dernière, Walmart a d’ailleurs annoncé le retrait de ses allées à sens unique aux États-Unis.

« Une personne n’attrapera pas le virus pendant les trois secondes où elle croise quelqu’un dans une allée.  »

— Jennifer Ronholm, microbiologiste de l’Université McGill

Selon la microbiologiste, la transmission par surface est aussi très rare. « Le virus ne survivra pas longtemps sur une pomme, et rien ne prouve encore que de manger une pomme contaminée peut provoquer une contamination chez l’humain », explique-t-elle.

Mme Ronholm insiste toutefois sur l’importance de la distanciation physique dans les endroits congestionnés des épiceries, par exemple aux caisses. « Au plus fort de la crise, on pouvait attendre 15 minutes dans la file pour payer. Le port du masque et la distanciation physique sont très importants dans ce cas-là », évalue-t-elle.

Inquiétude chez les employés

Devant l’explosion des cas de COVID-19 à travers la province, la porte-parole du syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce (TUAC), Roxanne Larouche, ressent une « crainte » parmi ses membres.

« Depuis le début du confinement, on sent le relâchement de la population. On le voit sur les planchers », témoigne Mme Larouche.

Selon elle, c’est moins l’employeur que le comportement des gens qui met à risque les travailleurs. « C’est ça qui nous inquiète », affirme-t-elle.

De retour aux tables de négociation, le TUAC a fait valoir le caractère essentiel des travailleurs de l’alimentation et a réclamé une augmentation salariale.

En mars dernier, Metro inc., qui regroupe Metro, Super C et Adonis, et le groupe Loblaw, qui possède les enseignes Loblaws, Provigo, Maxi et Pharmaprix, ont accordé une prime de 2 $ de l’heure à leurs employés.

Une solution « pansement », estime Mme Larouche. La prime a été suspendue en juillet, « pour que les épiceries restent compétitives malgré le déconfinement de l’économie ». C’était du moins la raison évoquée lors d’une commission parlementaire, le 10 juillet dernier.

Des épiceries « sécuritaires »

Selon le représentant du Conseil canadien du commerce de détail Jean-François Belleau, les épiceries sont sécuritaires.

« La plupart des supermarchés n’ont pas baissé leurs gardes depuis le printemps. »

— Jean-François Belleau, représentant du Conseil canadien du commerce de détail

Interrogé sur l’absence de contrôles sanitaires à l’entrée des magasins, M. Belleau dénote un besoin criant de personnel. « Par ailleurs, ça peut être superflu d’engager un agent de sécurité si la clientèle se comporte bien », ajoute-t-il.

Geneviève Grégoire, porte-parole de Metro inc., déplore elle aussi un manque de personnel, « un problème de tout temps ». Elle affirme toutefois que les commerçants sont « prêts » à faire face à la deuxième vague.

Costco n’a pas commenté la situation.

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