Plein air

La nature au service de la santé mentale

Ce n’est pas toujours facile d’être un adolescent. Surtout en temps de pandémie. Le plein air et la nature, ça pourrait peut-être aider à traverser les temps plus difficiles.

C’est le pari que fait Face aux Vents, une organisation à but non lucratif qui offre des services d’intervention par la nature et l’aventure visant à favoriser la santé mentale.

« Dans le passé, nous étions plus axés sur l’aspect traitement et rétablissement, raconte Jean-Philippe LeBlanc, fondateur et directeur général de l’organisme. Ce programme-ci porte plus sur l’aspect prévention. C’est très simple : on parle de santé mentale et on voit comment le plein air peut nous aider. »

Le programme Hêtre, qui vise les élèves du secondaire, comporte trois volets. Le premier s’adresse à tous les élèves et prend la forme d’un atelier-conférence en classe. Le deuxième, totalement volontaire, consiste en une sortie de plein air d’une demi-journée ou d’une journée à proximité de l’école. Le troisième est une petite expédition de trois ou quatre jours pour les élèves qui sont à risque et qui reçoivent déjà des services de psychologie ou de psychoéducation.

Ce sont notamment ces différents niveaux d’intervention qui ont intéressé Catherine Laroche, psychoéducatrice à l’École secondaire le Carrefour, à Varennes. « Nous avons des organismes externes qui viennent dans nos écoles, on parle de sextos, de drogue, raconte-t-elle. En ce qui concerne la santé mentale, nous en avons un peu petit peu, mais ça reste dans le théorique. Avec ce programme-ci, il y a un volet universel, théorique, mais il y a en plus un volet pratique qui cible une clientèle pour qui la question de la santé mentale est plus présente. »

C’est à l’école le Carrefour que Face aux Vents a mis en place un premier projet-pilote. Jean-Philippe LeBlanc a commencé à donner des ateliers-conférences aux jeunes de quatrième et cinquième secondaire.

« S’il y a une chose que je retiens des groupes que j’ai rencontrés jusqu’à maintenant, c’est que les jeunes ont besoin de parler de santé mentale. Or, l’espace pour en parler est limité. Et maintenant, tout ou presque est en virtuel. C’est plus difficile de se mettre en relation entre nous pour parler d’un sujet. »

— Jean-Philippe LeBlanc

Au début, lorsqu’on parle de santé mentale, les jeunes pensent d’abord « aux fous, aux gens qui sont hospitalisés », observe Catherine Laroche. Ils se sentent rapidement concernés lorsqu’ils comprennent que le stress, c’est aussi une question de santé mentale. « Quand on demande qui vit du stress, tout le monde lève la main », déclare Mme Laroche.

L’enjeu est de faire le lien entre le plein air et la santé mentale.

« Il s’agit de favoriser la discussion et l’échange entre les jeunes, indique M. LeBlanc. Ils ne sont pas idiots, les jeunes, ils savent qu’il y a des bienfaits à l’activité physique, au contact avec la nature. »

Qu’est-ce que la nature ?

« On a cette idée très romantique de la nature, un peu XVIIe-XVIIIe siècle : les grands paysages, les sommets, poursuit-il. Mais au Québec, on est plutôt urbains. Il faut avoir une réflexion sur les différentes échelles de la nature. Ce ne sont pas nécessairement de grands paysages, ça peut être un arbre près de chez soi, ça peut être le fleuve. »

Cette nature peut servir d’ancrage dans une période où tout évolue. « Le fleuve va toujours couler de Montréal à Québec. Ou en tous cas, pour encore quelques milliers d’années », lance Jean-Philippe LeBlanc.

C’est un ancrage notamment en contexte de pandémie où tout change, où de nouvelles règles apparaissent à tout moment.

« C’est un moment où on vit plus de stress. C’est d’autant plus important de se rappeler qu’on peut se mettre en relation avec la nature pour s’aider. »

— Jean-Philippe LeBlanc

Catherine Laroche indique que son travail consiste à rendre les jeunes autonomes, à leur enseigner plusieurs techniques pour les aider à gérer leur anxiété. « Ils ont maintenant une autre corde à leur arc, note-t-elle. Ils peuvent aller dehors, faire tel truc, faire du vélo, une marche. »

« Si les personnes sont sensibilisées aux bienfaits des contacts avec la nature, elles seront encore plus intéressées à en prendre soin, ajoute Jean-Philippe LeBlanc. On ne l’aborde pas concrètement, mais c’est quelque chose qui est sous-jacent dans ce projet-là. »

Lorsque le projet Hêtre aura pris son erre d’aller, les ateliers-conférences ne seront pas très coûteux (quelque chose comme 220 $). Les sorties d’une journée ou les expéditions seront évidemment plus chères, à une époque où les écoles et les centres de services ne roulent pas sur l’or. Face aux Vents a donc fait différentes demandes de subvention. Des entreprises privées se sont également montrées intéressées à investir dans le programme.

Le plein déploiement du programme Hêtre est prévu pour septembre 2021. Avec de la chance, le pire de la pandémie sera alors derrière nous, mais les jeunes continueront à avoir besoin d’aide.

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