Plein air

Des parcs plus naturels

Avec la pandémie, on a découvert qu’un parc près de chez soi, pour respirer, c’est bien. Mais un parc bien vert, avec une belle biodiversité et une petite faune sympathique, c’est encore mieux.

On le sait, la pandémie a mis en lumière l’importance d’avoir accès à des espaces verts.

Or, en cette matière, certaines villes canadiennes ont une longueur d’avance. Au Québec, c’est Gatineau qui remporte la palme, avec 17,2 hectares de parcs pour 1000 habitants. En outre, 66 % de ces parcs constituent des zones naturelles, ce qui va bien au-delà de la moyenne canadienne. Et encore, ces chiffres ne comprennent pas le parc de la Gatineau, un espace vert particulièrement sauvage.

« Il y a une volonté de Gatineau d’être une destination plein air, affirme Caroline Magar, agente de développement pour le Québec chez les Amis des parcs. Ils ont fait de gros efforts pour que le plein air soit à proximité. »

À titre comparatif, Montréal offre seulement 2,8 hectares de parcs pour 1000 habitants. Et seulement 40 % constituent des zones naturelles. Toutefois, ces données ne comptabilisent pas une bonne quantité d’espaces verts institutionnels qui sont accessibles au public, mais qui n’appartiennent pas à la Ville.

« Il y a beaucoup de travail à faire à Montréal, mais l’administration actuelle a fait de grands gestes avec un plan directeur du parc Jean-Drapeau, ambitieux sur le plan écologique, et le Plan nature et sports, paru au mois de mai, indique Mme Magar. Ce n’est pas parfait, mais il y a des efforts qui se font. Notamment pour connecter les Montréalais à l’eau, avec la plage de Verdun et la plage de l’Est. »

Mme Magar souligne que d’autres villes font aussi des efforts, comme Laval, qui veut renforcer son réseau de boisés avec Canopée, et qui s’est donné un vaste plan, la Trame verte et bleue. La municipalité a toutefois du rattrapage à faire : elle ne compte que 1,5 hectare de parcs pour 1000 habitants, et 14 % de ceux-ci représentent des aires naturelles. Ces chiffres ne tiennent cependant pas compte de la superficie de plusieurs boisés accessibles.

Dans le cas de Longueuil, on parle de 4,3 hectares de parcs pour 1000 habitants et d’une impressionnante proportion de 65 % d’aires naturelles.

Un parc pour tous

L’accès à de tels espaces naturels est toutefois bien inégal. Les résidants de certaines villes, de certains quartiers et de certaines communautés sont privilégiés. D’autres le sont moins. Il y a toutefois moyen d’améliorer les choses. Et, bonne nouvelle, les municipalités ont de toute évidence tiré des leçons de la pandémie.

Dans leur dernier rapport annuel sur les parcs urbains du Canada, les Amis des parcs n’ont pas été surpris de constater à quel point les espaces verts avaient été appréciés pendant les pires moments du confinement.

Pour rédiger ce rapport, les membres de l’organisation ont réalisé une enquête auprès des gestionnaires de parcs de 32 villes canadiennes et ont effectué un sondage auprès de 3500 personnes de toutes les provinces et de tous les territoires.

« Parmi ces répondants, 85 % ont affirmé que les parcs étaient importants pour leur santé mentale, 81 % ont indiqué qu’ils l’étaient pour leur santé physique et 71 % ont soutenu que les parcs étaient importants pour leurs contacts sociaux », affirme Jake Tobin Garrett, responsable de la planification et des politiques chez les Amis des parcs et coauteur du rapport.

Ce qui est particulièrement intéressant, ajoute-t-il, c’est que 61 % des répondants ont affirmé qu’ils préféraient des espaces plus « sauvages ».

« Ça nous dit que les municipalités doivent mettre l’accent sur les façons de rendre les parcs plus naturels, plus sauvages », explique M. Garrett.

« Il y a des exemples de grands parcs qui offrent une expérience plus naturelle, comme le parc du Mont-Royal et High Park, à Toronto. Mais il faut aussi rendre plus naturels les parcs du voisinage, les petits parcs que les gens visitent tous les jours. »

— Jake Tobin Garrett, responsable de la planification et des politiques, les Amis des parcs

Il s’agit d’augmenter la biodiversité de ces petits parcs de proximité, d’offrir une plus grande diversité d’écosystèmes, précise pour sa part Caroline Magar, agente de développement pour le Québec chez les Amis des parcs.

« C’est généralement basé sur le revenu, poursuit M. Garrett. Les communautés plus défavorisées ont moins d’espaces verts, moins d’espaces verts de qualité, moins de canopée. Quand on regarde ce qui s’est passé pendant la pandémie alors qu’il était tellement important de sortir dehors pour sa santé physique et mentale, si vous n’aviez pas un espace vert de qualité près de chez vous, qui soit sécuritaire et accueillant, vous étiez désavantagé. »

C’est d’ailleurs une réalité qui a émergé pendant le confinement : certaines communautés, notamment les personnes racisées et les sans-abri, n’étaient pas toujours les bienvenues dans les parcs.

« Il y avait plus de harcèlement, de discrimination, par exemple lors de la remise d’amendes pour non-respect des règles de distanciation », affirme M. Garrett.

Caroline Magar préconise une programmation qui permette de mieux accueillir les diverses communautés, qui fasse en sorte que celles-ci se sentent chez elles.

Les villes qui ont participé à l’enquête des Amis des parcs ont reconnu cette problématique. Jake Garrett ose croire qu’elles passeront à l’action.

« Les gens qui ont appris à utiliser les parcs et qui vont continuer à le faire dans l’avenir ne vont pas laisser les autorités municipales oublier les leçons apprises et vont les inciter à investir davantage dans les parcs. »

Le Chiffre de la semaine

34 %

C’est la proportion de Québécois de 65 à 74 ans qui ont fait du vélo en 2020. Cette proportion n’était que de 12 % en 1995.

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