Santé 

Port du masque mode d’emploi

Inutile de se voiler la face : le port du couvre-visage ou du masque, fortement recommandé par le gouvernement, est presque devenu incontournable au Québec, la question de le rendre obligatoire revenant même avec insistance. Mais un masque, c’est un peu comme un meuble IKEA : sans mode d’emploi, c’est beaucoup moins efficace – voire pas du tout. Voici des conseils à suivre pour manipuler au mieux votre fidèle compagnon de confinement. 

Avant de l’enfiler

Vous avez votre couvre-visage en main et êtes prêt à l’installer ? Une petite seconde. « On commence par se laver les mains avant de mettre son masque », prévient Maximilien Debia, professeur agrégé à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Vous connaissez la chanson : 20 secondes, et on se frotte les mains avec du savon ; ou, à défaut, avec du gel hydroalcoolique.

L’ajuster

« On devrait toujours manipuler le masque par les élastiques ou les cordons avec lesquels on l’attache, jamais par la partie filtrante. C’est l’une des erreurs que je vois souvent », avertit Christian Jacob, président de l’Association des microbiologistes du Québec. On évite à tout prix les ouvertures, notamment latérales. C’est pourquoi « on devrait opter pour un masque qui présente une jointure optimale avec le visage », rapporte Maximilien Debia.

« Il faut toujours que le masque recouvre le nez et la bouche, et qu’il déborde sur le menton. Il faut que les élastiques soient bien tendus pour que le pourtour du masque épouse bien la forme du visage », précise le médecin généraliste Pierre-Jacques Raybaud.

À proscrire

Ne plus toucher ni déplacer son masque une fois installé. « Il ne faut pas garder son masque accroché à son cou ou pendu à une oreille », rappelle le Dr Alain Vadeboncœur, dans une vidéo explicative diffusée à la fin d’avril. Autre erreur, souvent constatée en ville : le placer sous le menton.

« Ne jamais baisser le masque quand on parle à quelqu’un, vérifier qu’il ne descende jamais sous le nez. […] Certains se disent : “Tiens, j’ai pris un trottoir désert, j’en ai profité pour baisser le masque.” Ça, c’est non », renchérit le Dr Raybaud.

Évidemment, il doit toujours être porté dans le même sens, c’est-à-dire que la face extérieure ne doit jamais devenir la face intérieure.

Le garder

Un masque ne devrait pas être porté plus de quatre heures par jour, d’après les recommandations de l’AFNOR, organisme français d’établissement de normes. Mais, selon Christian Jacob, cela dépend du tissu. « Si le masque devient très humide, évidemment, il faudrait le remplacer », dit-il, en recommandant d’en garder deux ou trois en sa possession, et de le changer, autant que possible, après un repas.

L’enlever

Les mêmes précautions s’appliquent pour ôter le masque. Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec indique qu’il faut saisir uniquement les élastiques ou les ficelles sans toucher le devant du couvre-visage. « Dès qu’on l’enlève, on garde les mesures d’hygiène du lavage des mains », insiste M. Debia.

Le désinfecter

Il existe un débat sur ce procédé. Selon les autorités du Québec et d’autres pays, il est recommandé de le laver « dès le retour à la maison avec le reste de votre lessive », indique le Ministère. En France, les autorités sanitaires conseillent de réaliser un cycle de lavage à 60 °C pendant au moins 30 minutes.

Cependant, le Dr Pierre-Jacques Raybaud, qui a analysé au microscope des masques nettoyés, indique que les fibres s’écartent, ce qui réduit à la longue leur efficacité.

Transport et entreposage

On doit éviter le contact entre le masque porté et les vêtements. S’il est jetable, le masque doit être emballé dans un contenant, comme un sac de plastique refermable, avant d’être jeté à la poubelle, recommande l’AFNOR.

Quant au transport d’un masque réutilisable, là aussi, les avis divergent. Selon M. Debia, il devrait être placé dans un sac en papier, à jeter par la suite. L’AFNOR propose de le mettre dans un sac de type Ziploc propre, à nettoyer par la suite.

Enfin, pour l’entreposage du masque désinfecté, Pierre-Jacques Raybaud n’a pas de directive particulière à donner, mais n’est pas enjoué à l’idée de le laisser dans un sac de plastique. « S’il est encore un peu humide, en le mettant dans un plastique, vous risquez d’améliorer la survie du virus », avance-t-il.

Rappelons que l’utilisation du masque ne remplace pas le lavage régulier des mains ni les précautions de distanciation physique, tel que le martèle le gouvernement québécois depuis des semaines.

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