Aliment 

La gomme à mâcher décortiquée

On sait qu’il n’y a pas de sucre dans la gomme à mâcher « sans sucre ». Ce qui ne veut pas dire qu’on sait déchiffrer la liste des ingrédients aux noms bizarres qu’elle contient ni leurs effets sur nos dents ou sur notre système digestif. Lexique et explications.

Base de gomme

L’ingrédient principal de la gomme, c’est ce qui se mastique et qui est justement désigné par « base de gomme ». Il s’agit de « polymères de classe alimentaire », précise le site de Cafosa, un important fournisseur de gomme de base. Il ne faut pas lire polymère comme un synonyme de plastique, précise toutefois Valérie Orsat, professeure en génie des bioressources à l’Université McGill. Ce terme sert d’abord à décrire la structure moléculaire d’un produit. Ce qui est désormais utilisé dans la gomme est une version synthétique du chicle, un latex tiré d’un arbre tropical nommé sapotillé, qui a déjà été la base de la gomme à mâcher. Celle commercialisée sous le nom Chicza est bio et faite avec du chicle.

Les « ol »

Mannitol, sorbitol, maltitol, xylitol, tous ces ingrédients en « ol » sont des édulcorants qui font partie de la famille des polyols (ou polyalcools). Ils sont moins sucrés que le sucre et leur valeur énergétique est également plus faible, explique Sylvie Turgeon, professeure au département des sciences des aliments de l’Université Laval. Par contre, ils ont tendance à fermenter dans l’intestin. « Ça peut causer des ballonnements », dit-elle. « On voit des études qui démontrent une petite perturbation au niveau du microbiote intestinal », souligne aussi Amélie Charest, nutritionniste et professionnelle de recherche à l’Université Laval, mais pas à des doses faibles comme celles qu'on retrouve dans la gomme.

Effet protecteur contre la carie

Les polyols sont associés à une réduction des caries, mais ne sont pas tous égaux : le xylitol aurait en effet un avantage sur les autres. « Il inhibe la croissance des bactéries responsables du développement de la carie », résume Sylvie Turgeon. Mâcher de la gomme sans sucre aurait aussi un effet protecteur contre la carie puisque ce geste active la salivation et que la salive contribue à neutraliser le pH de la cavité buccale. L’acidité de la bouche, elle, favorise le développement de caries.

Le cas de l’aspartame

L’aspartame a fait couler beaucoup d’encre, notamment après qu’une recherche menée sur des animaux eut conclu que cet édulcorant pouvait être cancérogène. « Il faut comprendre, c’était des doses très élevées », précise toutefois la nutritionniste et chercheuse Amélie Charest. Santé Canada, tout comme son équivalent européen, conclut aujourd’hui à son innocuité dans le respect de la dose journalière recommandée. « Rien n’indique que la consommation d’aliments contenant cet édulcorant […] poserait un danger pour la santé des consommateurs », est-il écrit sur le site internet de l’organisme fédéral.

Les cires

Les cires de carnauba et de candelilla sont des produits d’origine végétale respectivement tirés d’un arbre et d’un arbuste. Surtout utilisées sur les bonbons, elles sont considérées comme des « agents de satinage ou de glaçage » par Santé Canada. Elles servent à donner un fini brillant aux produits et « dans certains cas » à en favoriser la conservation.

En mâcher ou pas ?

Aucune des spécialistes en nutrition consultées n’a trouvé d’effet négatif à la consommation de gomme à mâcher sur le système digestif. Jacinthe Côté dit que la littérature scientifique parle même de bénéfices. Mastiquer de la gomme activerait en effet le réflexe céphalique de la digestion. En plus d’activer la salivation, il inciterait l’estomac à sécréter de l’acide gastrique. « [Mâcher de la gomme] aiderait à repartir le système digestif après une intervention chirurgicale », souligne aussi la nutritionniste. Elle pointe par ailleurs une étude qui démontrerait aussi un effet positif sur l’oxygénation du cortex préfrontal, une aire du cerveau notamment associée au contrôle des mouvements et à la concentration.

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