Mon clin d’œil

« Nous disions donc… » 

— Un prof à ses élèves

Opinion 

Des logements pour les personnes affectées par une maladie dégénérative

Si vous résidiez dans la municipalité de Saint-Lambert (Montérégie), vous m’y croiseriez sur la rue Victoria, au marché d’alimentation ou à la pharmacie du coin, tous les jours. Je suis atteint de la sclérose en plaques, de la forme qui ne peut être soulagée par des médicaments. Donc, fauteuil roulant à la maison et quadriporteur pour les besoins courants (nourriture, soins personnels, institution financière, etc.).

Cette maladie est plus répandue dans sa forme cyclique (85 %) qui évolue en épisodes de poussées suivies de périodes de rémission. Mais de nombreux obstacles concourent à freiner la qualité de vie, notamment l’habitat, le transport et la capacité de maintenir un revenu adéquat. De la canne au déambulateur, du fauteuil roulant aux aides mécaniques, il y a risque que ces personnes ne puissent plus rester dans leur domicile et leur communauté et soient dirigées vers des ressources d’hébergement comme un CHSLD à 20, 30, 40 ou 50 ans !

Le 23 mars dernier, la télévision de Radio-Canada nous en a exposée des exemples forçant notre plus totale indignation, notamment les cas de Wadi Salem, 41 ans, Jonathan Marchand, 43 ans, et François Marcotte, 47 ans.

Au volant de mon quadriporteur rouge, j’ai tout de même le sourire accroché au visage, parce que je préside le conseil d’administration d’un OBNL (Logis des aulniers) dont l’objectif est justement de faciliter l’accès à un logement à ceux et celles qui sont affectés par cette maladie dégénérative ainsi qu’à leurs proches aidants. Car nous considérons que la ressource principale contre la maladie, c’est l’entraide.

Un projet solide

Nous souhaitons acquérir un terrain pour y bâtir un immeuble où nous pourrons compter quelque 42 logements avec le soutien des programmes établis par les gouvernements québécois (AccèsLogis), canadien (Co-investissement), l’agglomération de Longueuil et la Ville de Saint-Lambert ainsi qu’une hypothèque qui est heureusement garantie sur 35 ans par Québec.

Permettre de vivre dans le centre-ville d’une municipalité représente un atout essentiel à la qualité de vie en raison de l’importance, pour ces personnes, de l’accès à une diversité de services de proximité. Les services de soins à domicile peuvent y être dispensés sans obliger les préposés du CISSS local à s’éparpiller aux quatre vents, une économie pour l’État.

Ainsi, notre OBNL caresse ce projet, solide sur le plan financier, qui fournit des garanties de réalisation non reliées aux aléas du marché privé dans une municipalité où les valeurs marchandes immobilières sont inaccessibles pour nous.

Le problème, c’est que la réalisation de logements communautaires pour ces personnes est frappée, elle aussi, par la pandémie actuelle. Nous espérons donc que la construction de tels « équipements collectifs » sera à nouveau relancée dès l’automne prochain pour qu’on n’oublie pas les moins bien nantis, bien sûr, mais pour que le financement de logements comme ceux de Logis des aulniers fasse partie d’un plan de relance de l’économie.

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