Routes dangereuses

Un cri du cœur des élus municipaux

Nous sommes des mairesses et des maires du Québec. Chaque jour, nous nous préoccupons de la sécurité et de la qualité de vie des citoyens dont nous sommes responsables. Comme gouvernement de proximité, nous pouvons témoigner du fait que les enjeux de sécurité routière sont une préoccupation importante de la population. En effet, lors de la dernière campagne électorale municipale, les citoyens rencontrés ont été nombreux à exprimer la nécessité de réduire la vitesse de circulation dans leur rue et de sécuriser les déplacements à pied.

Comme maires et mairesses, nous sommes conscients de notre responsabilité de répondre à ces préoccupations. Il nous faudra consacrer des efforts importants pour favoriser la marche sécuritaire sur les infrastructures municipales. La grande majorité de la population se déplace à pied au moins occasionnellement et c’est encore plus vrai depuis la pandémie. Dans le contexte de la transition écologique et de notre volonté comme gouvernement de proximité de favoriser les saines habitudes de vie, nous sommes en action pour améliorer la sécurité de nos concitoyens lors de leurs déplacements actifs.

Le ministère des Transports (MTQ) devrait être un partenaire incontournable pour réaliser cet objectif.

Toutefois, nous observons le contraire : des obstacles majeurs ralentissent les actions visant la sécurisation des routes sous la gestion du MTQ qui traversent nos municipalités.

Ces routes, qui constituent dans plusieurs cas notre rue principale ou une artère de circulation importante, accueillent beaucoup de circulation, souvent rapide, dont du camionnage. Elles sont ainsi de véritables barrières aux cheminements piétons sécuritaires et nuisent à la qualité de vie de la population. De plus, année après année, si l’on exclut la région de Montréal, c’est en moyenne le tiers des trop nombreux piétons décédés au Québec qui se trouvaient sur des routes numérotées au moment de la collision.

Malgré que nous soyons bien placés en tant que gouvernement de proximité pour affirmer que ces tronçons et intersections sont problématiques, les demandes d’interventions que nous adressons au MTQ pour les sécuriser essuient encore trop souvent un refus ou demeurent sans réponse. Apaiser la circulation sur une route provinciale paraît aussi difficile que d’obtenir le laissez-passer A38 de la célèbre bande dessinée Astérix dans l’épisode de La maison qui rend fou ! Les énergies du MTQ semblent bien malheureusement être davantage investies à justifier le refus qu’à participer à la recherche de solutions, comme le démontre la terrible tragédie du décès de Marion Lagacé survenue à Joliette en novembre dernier.

Le MTQ a le pouvoir et le devoir de sauver des vies humaines

Cette tragédie a démontré une chose : tout le monde s’entend sur le fait qu’elle était évitable. Il est maintenant temps de passer à l’action. Le MTQ ne peut plus attendre une couverture médiatique qui mette en lumière l’enjeu, ou pire, qu’une personne soit happée mortellement, pour enfin sécuriser une route sous sa gestion.

Les directions territoriales du Ministère doivent démontrer une plus grande ouverture, travailler proactivement avec les municipalités et agir pour prévenir ces tragédies. Pour insuffler ce changement de culture, nous considérons que deux actions doivent être posées. D’abord, il est essentiel que le gouvernement emboîte le pas à la Sûreté du Québec et à la Société de l’assurance automobile du Québec et adopte un nouveau paradigme en sécurité routière : l’approche vision zéro blessé grave et mortel. Ensuite, le MTQ devrait s’entendre avec les municipalités concernées pour décentraliser la gestion des routes sous sa responsabilité faisant partie de la trame urbaine municipale, avec le soutien financier nécessaire.

Nous unissons nos voix puisque nous considérons le statu quo inacceptable : la sécurité et le bien-être des Québécois sont en jeu.

* Cosignataires : Pierre-Luc Bellerose, maire de Joliette ; Caroline Gagnon, mairesse de Marieville ; Robert Benoît, maire de Sutton ; Serge Bergeron, maire de Roberval ; Lucie Dagenais, mairesse de Frelighsburg ; Paul Germain, maire de Prévost ; Guillaume Lamoureux, maire de La Pêche ; Philippe Pagé, maire du Canton de Saint-Camille ; Michaël Pilote, maire de Baie-Saint-Paul ; Daniel Tétreault, maire de Notre-Dame-de-Stanbridge

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