Marchés boursiers

Un secteur intéressant pour investir ?

L’époque est aux énergies renouvelables, et la tendance s’accélère. De là à conclure qu’il s’agit d’un secteur d’investissement sans risque, on pourrait croire qu’il n’y a qu’un pas. Surtout qu’énergies renouvelables et infrastructures sont dans la ligne de mire du président américain, et que les projets d’investissements ne manquent pas. Mais ce ne serait pas si simple, selon quelques experts consultés par La Presse.

Il s’agit certainement d’un secteur porteur, à forte croissance, mais celle-ci est déjà fortement escomptée, explique François Campeau, gestionnaire de portefeuilles chez Giverny Capital. À preuve, le fonds négocié en Bourse (FNB) iShares Global Clean Energy (ICLN), qui se négocie sur le NASDAQ, a presque triplé en 2020, et ce, malgré l’impact de la pandémie sur les marchés boursiers.

Ce qui ajoute à l’effervescence en Bourse du secteur des énergies renouvelables, c’est la multiplication des fonds ESG, soit les fonds qui n’investissent que dans des titres respectant les critères environnementaux, sociétaires et de gouvernance. « Cette explosion de fonds disponibles à l’investissement en énergies renouvelables fait en sorte qu’il y a maintenant beaucoup, sinon trop d’argent à l’affût des mêmes proies », estime François Campeau.

Modèles d’affaires parfois incompatibles

Dans l’engouement pour le secteur des énergies renouvelables, Marc L’Écuyer, gestionnaire de portefeuilles principal chez Cote 100, estime qu’il est parfois difficile de trouver des entreprises offrant de beaux modèles d’affaires en fonction de ses critères d’évaluation.

« Ces entreprises s’avèrent trop chères à leur cours boursier actuel. »

— Marc L’Écuyer, gestionnaire de portefeuilles principal chez Cote 100

Par exemple, la société québécoise Innergex énergie renouvelable suscite de l’intérêt, mais bien que le titre soit passé de 32 $ à 19 $ depuis le début de l’année, M. L’Écuyer le trouve encore un peu cher.

Correction importante

Après une année plutôt spectaculaire en Bourse en 2020, tout le secteur des énergies renouvelables est aux prises avec une importante correction depuis le début de l’année. Le fonds ICLN, notamment, a perdu près du tiers de sa valeur, passant de 32 $ à 21 $. Comme tout titre à forte croissance, le secteur subit les contrecoups de la hausse des taux sur les obligations américaines de 10 ans, qui sont passées de 0,85 % à 1,60 % depuis l’automne dernier.

Les entreprises dont la croissance est très forte jouissent d’une évaluation très élevée parce que les investisseurs escomptent les profits futurs. Mais cet escompte est affecté négativement lorsque les taux d’intérêt des obligations montent. Cela explique entre autres la correction récente des grandes entreprises de technologies.

Le moment de se mouiller un peu

Toutefois, la correction offre maintenant une occasion plus propice de commencer à se mouiller un peu dans le secteur des énergies renouvelables, croit Guy Côté, gestionnaire de portefeuilles à la Financière Banque Nationale. Mais comme il n’est pas facile de faire les bons choix, il préfère participer en commençant à acheter une participation dans le fonds ICLN. « Les 30 plus grosses positions du fonds offrent une très belle diversification à la fois géographique et sectorielle », dit-il.

BMO FNB a créé une version du fonds en devise canadienne, soit le fonds ZLCN, pour ceux qui veulent éviter l’exposition au risque de change, explique Alain Desbiens, directeur, BMO Gestion mondiale d’actifs. À n’en pas douter, les énergies renouvelables constituent un secteur d’avenir, mais qu’il faut utiliser à bon escient, selon lui. « Ce fonds mérite d’occuper une place comme stratégie satellite dans la section croissance du portefeuille », estime-t-il.

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