Une bonne année
Selon le Conference Board du Canada, 2017 a déjoué les prévisions des restaurateurs avec cette croissance de 6,6 % au Québec, pour les trois premiers trimestres. Pour l’ensemble du pays, la croissance se chiffre à 5 %. L’équation est facile à faire, dit l’analyste Michael Burt : l’économie va bien, le taux de chômage est bas, alors les gens sont heureux. Et que font les gens heureux ? Ils vont manger au restaurant ! « Dans ce contexte, les gens se sentent riches, dit-il. Nous avons aussi noté une hausse d’achats de voitures et de meubles. »
Facteur non négligeable dans la bonne performance des restaurants en 2017 : l’excellente année touristique, portée en partie par le 375e anniversaire de Montréal, le 150e anniversaire du Canada et le taux de change. Les dépenses des touristes dans les restaurants pour l’ensemble du pays ont augmenté de 10 % pour les trois premiers trimestres de 2017. Selon un sondage de Tourisme Montréal, 36 % des touristes qui viennent à Montréal sont attirés par sa réputation gastronomique. « Ce sont souvent des touristes de proximité, comme des Américains ou des Ontariens », explique André-Anne Pelletier, de Tourisme Montréal.
Le nombre de faillites dans les restaurants a diminué de 17 % au Québec l’année dernière. Durant les huit premiers mois de 2017, 126 restaurants à service complet ont fait faillite, 182, toutes catégories confondues.
Bilan des faillites – restaurants à service complet, pour l’ensemble du Québec
2014 : 256
2015 : 225
2016 : 233
Parmi les facteurs incontrôlables qui influencent l’achalandage d’un restaurant : la météo. L’année dernière, le beau temps a joué en faveur des restaurateurs. « Avec un automne qui se faisait chaud et ensoleillé, les clients en ont profité pour aller se restaurer souvent en dehors de la maison », calcule l’Association des restaurateurs du Québec. En octobre 2017, pour l’ensemble de la province, le volume de transactions était de 11 % supérieur à celui d’octobre 2016.
Mauvaise nouvelle pour ceux qui estiment que manger au restaurant coûte cher : les prix dans la restauration devraient augmenter de 4 à 6 % l’année prochaine, selon le Rapport canadien sur les prix alimentaires à la consommation des universités Dalhousie et Guelph. Une hausse exceptionnelle, disent les auteurs du rapport publié en décembre. « Les prix augmentent plus vite que l’inflation, ce qui devrait aider au niveau de la rentabilité », ajoute François Meunier, vice-président aux affaires publiques et gouvernementales à l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ).
Le milieu de la restauration vit une grave crise de manque d’employés en cuisine. « Chacun de ces restaurants qui ouvrent a besoin d’employés, donc ils vont les chercher ailleurs, dit la restauratrice montréalaise Dyan Solomon. On se bat tous pour les mêmes chefs, les mêmes plongeurs. Ça ne me dérange pas de me battre avec les autres professionnels de mon milieu. Ça fait partie des règles du jeu. Mais affronter ces restaurants qui ouvrent et qui ferment, ça me dérange un peu. »
Les restaurants « à service restreint », ceux où il faut commander le repas au comptoir, sont en croissance au Québec. « Ça reflète la capacité de payer des consommateurs, estime François Meunier, de l’ARQ. Le marché de la restauration qui est en croissance, c’est le quotidien. » Le déjeuner à apporter est d’ailleurs en forte croissance, selon une étude du Conference Board du Canada publiée l’année dernière.