Au-delà du taux d’intérêt

Avec la hausse récente des taux d’intérêt, il est normal que les futurs acheteurs s’attardent à cet élément avant de contracter un prêt hypothécaire. Une panoplie de facteurs doivent néanmoins être pris en compte. En voici quelques-uns, selon les experts.

Situation globale

Acheter une propriété, c’est acheter un style de vie, comme le souligne Pierre-Raphaël Comeau, conseiller principal, planification financière, à Valeurs mobilières Banque Laurentienne (VMBL). « Dire oui à une maison, c’est aussi dire non à certaines dépenses, comme les voyages ou les restaurants », dit-il.

Ce dernier aime faire passer le « test de la réalité » aux premiers acheteurs. Il calcule avec eux le coût mensuel total de la propriété convoitée (chauffage, entretien, assurances, etc.) et le compare avec les dépenses actuelles liées au loyer. « On peut ensuite mettre en place un plan d’épargne avant l’achat de la propriété. » En plus du budget, les autres projets sont à considérer.

Profil d’emprunteur

« Tout comme vous avez un profil d’investisseur pour vos placements, vous avez un profil d’emprunteur pour le financement hypothécaire », souligne Jonathan Dion, représentant hypothécaire chez Desjardins. Celui-ci explique que quelqu’un qui a une aversion pour le risque pourrait préférer le taux fixe, beaucoup plus sûr puisque le taux et les paiements seront garantis au fil du temps. Le taux le plus bas n’est donc pas nécessairement le plus adapté pour vous.

Assurance et protection

Qu’arrive-t-il à votre contrat hypothécaire en cas de décès ou d’invalidité ? La question, délicate, mérite d’être posée. « Les banques en général offrent une assurance vie et invalidité à même le produit hypothécaire. Ce n’est pas un stress que l’on veut gérer lorsqu’on est en plein dedans. Mieux vaut se doter d’un parapluie avant qu’il pleuve », précise Pierre-Raphaël Comeau.

L’expert en gestion du patrimoine rappelle que l’aspect juridique n’est pas à négliger à une époque où l’hypothèque dure souvent plus longtemps que le couple. « On achète à deux la plupart du temps. Par rapport à l’hypothèque, on sera conjointement et solidairement responsables de la dette. Ça veut dire que si l’un des deux n’est plus capable de payer, l’autre doit s’en charger. »

Flexibilité

Les conditions d’un prêt hypothécaire varient d’une institution à l’autre, remarque Jonathan Dion. « Est-ce que les emprunteurs disposent d’une marge hypothécaire ? Est-ce possible de faire des remboursements anticipés de son financement ? Si oui, quelles sont les conditions ? Peut-on doubler les paiements hypothécaires ? Il y a plein de petites clauses qui permettent potentiellement de rembourser plus rapidement son prêt et d’épargner de l’intérêt au bout du compte », illustre-t-il.

Transformer un taux variable en taux fixe à l’intérieur du terme, refinancer son prêt sans passer chez le notaire et utiliser la pratique de déménagement (qui consiste à prendre le financement d’une propriété que l’on vend et à le transférer à une nouvelle acquisition) sont autant d’éléments qui changent selon la souplesse des institutions.

Terme

Le terme d’une hypothèque est la durée de votre contrat. Les prévisions économiques entrent en ligne de compte dans le choix du terme. « Si on prévoit que les taux d’intérêt vont monter, on est peut-être mieux d’aller avec un terme plus long », estime Jonathan Dion.

La même réflexion s’impose pour la période d’amortissement, soit le nombre d’années durant lesquelles vous remboursez votre emprunt. « Selon la capacité de remboursement des emprunteurs, un amortissement plus long leur donnera plus de liquidités pour le moment. À l’inverse, un amortissement plus court augmentera les paiements, mais fera épargner beaucoup d’intérêt sur la durée du financement. »

Préqualification et préautorisation

La préqualification permet aux futurs acheteurs d’avoir une idée du financement qu’ils pourraient obtenir. Elle ne nécessite pas d’enquête de crédit ni de validation de la documentation. La préautorisation, plus officielle, vient confirmer ce montant.

« Je pense que c’est une étape cruciale, qui oriente la suite du projet, dit Jonathan Dion. Ce n’est toutefois pas obligatoire même si de plus en plus de courtiers immobiliers exigent la documentation pour faire une visite. La préautorisation facilite aussi la recherche d’une propriété et le processus au moment du dépôt d’une promesse d’achat. »

Accompagnement

Sans vouloir prêcher pour sa paroisse, Jonathan Dion estime qu’il est essentiel d’être aidé par un spécialiste tout au long du processus. « L’accompagnement doit être adapté à vos besoins, en fonction par exemple du type de propriété ou de votre niveau d’aisance. Comme cette transaction est souvent un projet de vie, c’est important de choisir quelqu’un avec qui le courant passe. » L’expert peut également vous mettre sur la piste de promotions ou de critères avantageux.

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