Soigner sans polluer

Pour un virage écoresponsable dans notre réseau de la santé et des services sociaux

Durant la COP26, 50 pays ont promis de réduire l’empreinte environnementale des systèmes de santé, en se joignant à une initiative de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 1 In extremis, les ministres Steven Guilbeault et Jean-Yves Duclos, respectivement à l’Environnement et à la Santé, ont ajouté le Canada à cette liste.

Étonnamment, c’était la première fois que la santé figurait au programme d’une conférence de l’ONU sur le climat. Les faits sont pourtant clairs depuis des années : les changements climatiques menacent les progrès en santé publique des dernières décennies et mettent en danger la capacité des systèmes de santé dans le monde à offrir des soins de qualité.

Soigner en polluant : un paradoxe à résoudre

De plus en plus de professionnels, de gestionnaires et d’employés du réseau de la santé et des services sociaux s’inquiètent de l’impact de leurs établissements, soins et services sur la crise climatique. Ils ont bien raison !

Le système de santé est un contributeur important aux émissions de gaz à effet de serre et un générateur monstre de déchets. Au Canada, on estime qu’il est responsable d’environ 5 % de nos émissions annuelles.

Il est paradoxal de travailler dans un système de santé qui contribue au fardeau de morts et de maladies liées au climat : vagues de chaleur, incendies de forêt, insécurité alimentaire, déplacements de populations, problèmes de santé mentale et bien d’autres.

Un virage écoresponsable nécessaire pour améliorer la santé

Malheureusement, très peu de données existent au Québec sur l’empreinte écologique du système de santé et de services sociaux. Il n’y a actuellement aucun plan ministériel pour redresser la situation. Il est temps que cela change.

À l’instar d’un leadership renouvelé au fédéral, le Québec doit lui emboîter le pas.

Notre gouvernement dispose de toutes les ressources et compétences pour développer un plan d’action ministériel visant la carboneutralité dans le réseau, en passant par un virage écoresponsable qui améliore la qualité et l’efficacité des soins, les conditions de travail et la santé environnementale.

Nous avons tout à gagner d’opérer ce virage plus tôt que tard. Déjà, des échos positifs nous parviennent de partout dans le monde et nous pouvons nous inspirer d’exemples probants. Par exemple, le National Health Service (NHS), le réseau de santé public du Royaume-Uni, qui mène par l’exemple, a réduit ses émissions de 14 300 tonnes de CO2, épargné près de 30 millions de dollars canadiens depuis 2019 et réussi à faire une pression « verte » sur ses services d’approvisionnement. Le NHS comprend que l’urgence climatique est une urgence de santé. Et ça fait la fierté de ses employés.

Au Québec, le temps est venu de nous faire cadeau d’une stratégie pour viser la carboneutralité dans le réseau de la santé et des services sociaux d’ici 2040. Une pétition à laquelle tous peuvent apposer leur signature est d’ailleurs en cours sur le site de l’Assemblée nationale du Québec.

À nous de jouer pour un réseau qui fera notre fierté.

1. Consultez le site de l’Organisation mondiale de la santé

* Cosignataires : Dre Olena Zotova, présidente du regroupement interdisciplinaire La Planète s’invite en santé ; Nathalie Robitaille, directrice générale de Synergie Santé Environnement ; Dre Judy Morris, présidente de l’Association des médecins d’urgence du Québec (AMUQ) ; Dr Éric Notebeart, président du comité de santé durable de Médecins francophones du Canada ; Dre Caroline Laberge, présidente du Collège québécois des médecins de famille (CQMF)

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