Vertiports pour taxis volants

Un projet qui mise sur Québec pour décoller

Les prototypes de taxis volants se multiplient, mais où pourront-ils décoller et atterrir s’ils sont commercialisés à grande échelle ? VPorts, qui rêve à un réseau de vertiports, espère convaincre Québec de la financer jusqu’à hauteur de 350 millions – une demande que l’entreprise montréalaise tente de tempérer.

Neuf mois après sa fondation, l’entreprise concède que son projet soulève de nombreuses questions, explique son président et chef de la direction, Fethi Chebil, en entrevue avec La Presse. Les demandes financières seront ajustées à la taille du réseau, assure cet ancien de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI).

« Il n’y a pas beaucoup d’entreprises dans ce marché à travers le monde, dit M. Chebil. Nous sommes en train de réaliser des études pour déterminer où nous pourrions [installer] les vertiports. »

VPorts a chiffré ses demandes parce qu’elle vient de s’inscrire au Registre des lobbyistes du Québec. Celles-ci se déclinent en deux volets : un premier de 50 millions pour la mise en place de tout ce qui assurera le fonctionnement du réseau et un autre de 300 millions pour l’aménagement des endroits qui accueilleront d’éventuels aéronefs électriques à décollage vertical (eVTOL).

Beaucoup de questions sont toujours sans réponse. Combien d’endroits seront aménagés ? Se trouveraient-ils dans les grands centres urbains ou à l’extérieur ? M. Chebil n’avait pas les détails, lundi.

« Il faut prendre ce chiffre [300 millions] avec un grain de sel. On pense avoir besoin de 50 vertiports au Québec. On estime entre 4 et 6 millions par [site]. Est-ce que l’argent viendra du gouvernement ou des villes ? On ne le sait pas. »

— Fethi Chebil, président et chef de la direction de VPorts

La jeune pousse s’implante aussi ailleurs. Au Brésil, elle construira avant d’exploiter, pendant 40 ans, un bâtiment d’environ 55 000 pieds carrés (5100 mètres carrés) à l’aéroport international de São Paulo. Le site, qui ouvrira ses portes vers la fin de 2023, accueillera un vertiport.

Des premiers pas

Selon M. Chebil, l’inscription de VPorts au registre est une étape qui permet de « commencer à discuter avec les gouvernements et répondre à des questions ».

Difficile de dire si un tel projet devrait être appuyé par les fonds publics, reconnaît Mehran Ebrahimi, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et directeur de l’Observatoire de l’aéronautique et de l’aviation civile. La question est « pertinente », affirme l’expert.

« Si l’on s’attend à ce que cela rapporte quelque chose dans deux ans, c’est un fantasme, estime-t-il. Mais s’il permet au Québec de se positionner dans un mouvement mondial qui prend forme, cela peut s’avérer pertinent. Il est évident que nous n’avons pas encore toutes les réponses. »

D’après son inscription au registre, VPorts cible 14 municipalités – dont Montréal, Québec, Laval, Longueuil, Sherbrooke – où effectuer des démarches.

Sur son site web, l’entreprise dit vouloir aménager son premier vertiport dans la métropole. Lundi, la Ville de Montréal n’avait pas répondu aux questions envoyées la semaine dernière par La Presse.

« Oui, il y a des inquiétudes de la population et c’est normal, c’est quelque chose qu’on ne connaît pas, affirme le dirigeant de l’entreprise. On n’a jamais vu d’appareil voler encore. C’est notre rôle d’expliquer et d’éduquer. »

Nombre de personnes sont préoccupées par le niveau de bruit des aéronefs électriques à décollage vertical. Il oscille entre 50 et 60 décibels, selon M. Chebib. Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, un niveau de 55 décibels est inférieur à une « conversation normale » (60 dB). Il est légèrement au-delà de ce qui est considéré comme du « dérangement ».

VPorts n’est pas seule à s’intéresser aux vertiports. Vertiko Mobilité, qui s’est associée à Jaunt Air Mobility, voudrait en construire dans le cadre d’un projet de taxis électriques aériens.

Beaucoup de projets et de questions

Le créneau des aéronefs à décollage vertical génère beaucoup d’intérêt, même s’il n’est pas synonyme de réussite.

La Vertical Flight Society, une société à but non lucratif fondée en 1943 sous le nom d’American Helicopter Society, dénombre au moins 350 sociétés – des entreprises en démarrage jusqu’aux multinationales – qui se penchent sur plus de 700 concepts d’aéronef à décollage vertical. Au Québec, Jaunt Air Mobility souhaite notamment en assembler en banlieue nord de Montréal.

Ce n’est toutefois pas demain la veille que ces appareils accueilleront des passagers ou qu’ils transporteront des marchandises.

Ils ne sont pas encore assemblés à grande échelle, et la réglementation se fait toujours attendre. Le portrait est moins complexe du côté des vertiports, selon M. Chebib, puisque la certification devrait s’apparenter à ce qui est exigé pour un héliport.

1500

Même si elle ne compte qu’environ 5 employés, VPorts ambitionne de construire 1500 vertiports à travers le monde d’ici 2045.

Source : VPorts

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