Canada

Les villes de moins en moins verdoyantes

La verdure urbaine dans les villes du Canada a diminué de 8 points de pourcentage entre 2000 et 2022, selon le plus récent recensement de l’environnement effectué par Statistique Canada. Au Québec, c’est Montréal qui a enregistré le plus grand recul, alors que la ville de Saint-Jérôme, elle, serait la plus verte de tout le pays.

Montréal est plus gris

À Montréal, la verdure urbaine a diminué de 9,3 points de pourcentage pour les périodes allant de 2000-2004 à 2018-2022. La baisse s’est particulièrement fait ressentir entre 2015 et 2018. Mais la métropole ne fait pas exception. Selon l’étude de Statistique Canada, la diminution a été plus marquée dans les grands centres urbains comme Toronto (- 11,7 points), Vancouver (- 14,2 points) et Calgary (- 16,5 points) pour les mêmes périodes. La ville de Milton, en Ontario, a enregistré le pire recul du pays avec une diminution des zones vertes de 30,5 points de pourcentage.

Saint-Jérôme, la plus verte

À l’inverse, c’est la ville de Saint-Jérôme qui est la plus verte du Canada puisque 93,2 % de son territoire est constitué de verdure urbaine. Sherbrooke arrive au 5e rang, avec 90,6 % de zones vertes. « Les espaces verts, c’est une richesse qui est très appréciée des citoyens et des investisseurs », souligne Marc Bourcier, le maire de Saint-Jérôme. La municipalité des Laurentides est traversée par le parc linéaire Le P’tit Train du Nord et par la rivière du Nord, elle-même bordée de parcs. « Le parc naturel du Lac-Jérôme est un parc aussi grand que le parc du Mont-Royal. On est très fiers de ça », ajoute M. Bourcier. Selon lui, la sécurité et les espaces verts sont les deux priorités qui ressortent le plus souvent lorsqu’il sonde sa population.

Ailleurs au Québec

Au total, 69,3 % du territoire est classé zone verte à Montréal, 87,7 % à Québec, 86 % à Trois-Rivières et 86,4 % à Chicoutimi. À l’échelle du Canada, 72 % de la superficie des terres occupées par 1016 petites et grandes villes a été classée comme zone verte.

Verdure contre croissance démographique

Pour Geneviève Cloutier, professeure et directrice du Centre de recherche en aménagement et développement de l’Université Laval, le déclin de la verdure urbaine n’a rien de surprenant. « La croissance urbaine est en concurrence avec les milieux verts », note-t-elle. La professeure affirme que les changements climatiques, avec des épisodes de chaleur plus fréquents et plus intenses, mènent aussi la vie dure aux végétaux. Des espèces envahissantes et des maladies nuisent également à la verdure urbaine. « L’agrile du frêne a par exemple été un adversaire redoutable dans certains quartiers de Montréal et à Québec aussi », dit-elle. À Montréal, environ 40 000 frênes ont dû être abattus depuis 2012 à cause de la maladie.

Plus vert, plus en santé

« C’est désolant », lance pour sa part l’urbaniste Danielle Dagenais au sujet de cette diminution. Désolant parce que les végétaux ont de nombreux avantages dans une société. « La verdure et surtout les arbres, c’est important pour contrer les îlots de chaleur, pour réguler le cycle de l’eau, et c’est essentiel à la sauvegarde de toute une biodiversité », dit-elle. Les végétaux ont également un effet positif sur la santé mentale et physique et ils ont un aspect esthétique, ajoute la professeure de l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal.

500 000 arbres d’ici 2030

À Montréal, le cabinet de la mairesse Valérie Plante fait valoir que son administration a récemment créé le Grand Parc de l’Ouest, « le plus grand parc municipal au Canada », et le parc riverain de Lachine, deux projets qui verront le jour dans les prochaines années. « Nous avons comme objectif de planter 500 000 nouveaux arbres d’ici 2030. Quant à l’indice de canopée le plus récent, il est à 25,4 % à l’échelle de l’agglomération, dépassant ainsi l’objectif de 25 % d’ici 2025. Notons également que l’indice de canopée a augmenté de près de 5 points de pourcentage, alors qu’il était de 20,8 % en 2015 », a indiqué le cabinet de la mairesse dans un échange écrit. En 2021, 33 000 arbres ont été plantés et 40 000 frênes ont été protégés à Montréal.

Méthodologie

Pour arriver à mesurer la verdure urbaine, Statistique Canada utilise des images satellitaires prises à différents moments de l’été. Les pixels de ces images sont classés selon une échelle allant de zone urbaine verte à grise et ils permettent de mesurer l’activité photosynthétique. Les données tiennent compte « des parcs et d’autres espaces verts et aménagements publics et privés », souligne Statistique Canada. Aussi, les « centres de population » étudiés comptent au moins 1000 habitants et ont une densité de population de 400 habitants ou plus par kilomètre carré.

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