Système de santé

Pour que la prévention devienne une priorité

Aujourd’hui commence à Québec un évènement de trois jours où sont conviées plus de 850 personnes ainsi que de nombreuses personnalités du milieu de la santé et de la société civile. Cette première édition du Sommet de la santé durable me permet d’aborder, une nouvelle fois, l’importance que notre système de santé devrait consacrer à la prévention. Nous souhaitons réunir des voix de plusieurs milieux et disciplines afin de valoriser la prévention et la promotion de la santé. Ainsi, des défenseurs de la santé collective se réunissent pour proposer conjointement ce premier Sommet.

Devant les défis économiques auxquels le Québec fait actuellement face, plus particulièrement en ce qui a trait au financement du système de santé, il est impératif de réduire la pression sur ce dernier. Néanmoins, certaines personnes décident de continuer à croire que l’on peut sauver notre système de soins, notamment en misant sur la production de la santé, par la prévention, au lieu de seulement gérer la maladie. Il faut un changement de culture à cet égard et cela doit commencer maintenant.

Je le disais l’année dernière et j’ai l’impression que nous ne le dirons jamais assez : il faut prioriser la santé, pas la maladie !

Nous le savons, le budget destiné à la santé au Québec est le plus important de tous les secteurs budgétaires. Sur ce ratio, seulement 2,8 % des fonds sont destinés à la prévention. Le Québec est largement en retard lorsqu’on se compare aux autres provinces canadiennes qui, elles, réservent en moyenne 5,5 % de leur budget en prévention.

Ainsi, listes d’attente, manque de lits, personnel épuisé, temps supplémentaire obligatoire ne sont que quelques exemples des effets nocifs de se concentrer sur la maladie plutôt que sur la santé. Si on continue dans la même direction sans réfléchir à la refondation de notre système de soins, tous les chiffres le démontrent, ce sera une mission impossible.

La prévention des maladies et des traumatismes évitables ainsi que la promotion de la santé globale sont des clés de voûte de la survie de notre système, mais aussi une voie d’accès à la qualité de vie pour l’ensemble des Québécoises et Québécois. Non seulement ces fonctions sont essentielles pour les problèmes que nous vivons actuellement, mais elles sont aussi des solutions rentables et efficaces pour les problématiques croissantes liées notamment aux inégalités sociales, à la hausse des maladies chroniques associées au vieillissement de la population et aux changements climatiques. Tant à l’échelle individuelle que collective, nous n’avons pas le luxe de les laisser dans un coin.

Il faut mettre la prévention au cœur du système québécois de la santé, à l’intérieur de chaque institution comme à l’extérieur de celles-ci. Après tout, le premier bénéficiaire du rendement sur l’investissement de la prévention est le gouvernement, qui n’aura plus à assumer autant de coûts de soins dans son budget et pourra de plus profiter des avantages d’une population en santé. Ce sous-financement nous a sans doute coûté des vies et il nous coûte actuellement des milliards de dollars pour des conditions de santé et des souffrances évitables. La santé publique est indispensable et pourtant continuellement négligée. Pourquoi ne prendrions-nous pas collectivement les moyens d’être et de rester en santé par la prévention ?

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