Le PQ réclame une commission parlementaire
Québec — Le changement de propriété de La Presse, de Power Corporation à une fiducie d’utilité sociale, devra préalablement être discuté en commission parlementaire, a prévenu hier le Parti québécois (PQ).
Pour changer sa structure de propriété, comme il l’a annoncé mardi lors d’une rencontre avec les employés, le propriétaire actuel de La Presse doit d’abord obtenir l’accord des parlementaires pour abroger une loi privée, adoptée en 1967, qui encadre sa structure de propriété. Mardi, le gouvernement Couillard a indiqué qu’un nouveau projet de loi pourrait être rapidement adopté si la direction du journal convainquait les partis de l’opposition.
« On a hâte que le gouvernement présente le projet de loi. On veut une commission parlementaire », a indiqué hier le chef péquiste Jean-François Lisée, peu de temps après avoir rencontré la direction de La Presse à l’Assemblée nationale.
Plus tôt en journée, M. Lisée s’était aussi dit gêné que « le gouvernement fédéral [soit] en train de créer un système dans lequel seuls les [médias organisés sous forme d’organisme sans but lucratif] vont pouvoir avoir de l’aide » pour survivre à la crise budgétaire qui les secoue.
« Je comprends que les médias essaient de se faufiler dans les filets que le gouvernement fédéral a posés pour avoir de l’aide, […] mais est-ce qu’on veut embarquer dans cette logique [qu’Ottawa] essaie d’imposer aux médias canadiens et québécois ? », s’est questionné le chef péquiste.
Pour le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, « il faut s’assurer d’une indépendance de cette nouvelle organisation », a-t-il dit en faisant référence à la structure d’organisme sans but lucratif que La Presse veut créer, « autant son conseil d’administration que sa direction ». Le chef caquiste souhaite également qu’il y ait une équité entre La Presse et ses compétiteurs, « peu importe leur forme d’actionnariat », quant au soutien public aux médias écrits d’information.
« Ce que je préfère, c’est d’avoir un programme qui est équitable, qui s’applique à tout le monde, autant au point de vue régional qu’au point de vue national », a affirmé M. Legault, qui ne s’est pas prononcé sur le projet de loi qui doit être adopté par l’Assemblée nationale pour permettre à La Presse de changer sa structure de propriété.
« Ce qu’il ne faut surtout pas faire, c’est du cas par cas. Il faut s’assurer qu’il y ait une équité entre les médias », a pour sa part affirmé hier Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire.
Dans le dernier budget fédéral, Ottawa a exprimé sa volonté d’étudier des concepts philanthropiques pour soutenir la presse écrite d’information. À Québec, le gouvernement Couillard a annoncé lors de son propre budget la création d’un crédit d’impôt remboursable d’une durée de cinq ans afin d’appuyer le virage numérique des médias écrits.
— Avec Martin Croteau, La Presse