Paul Kawczak

Pause forcée en France pour l’auteur de Ténèbre 

Paul Kawczak aurait dû revenir au Saguenay dans les derniers jours de mars, après avoir fait la promotion de Ténèbre, un premier roman très bien accueilli par la critique en Belgique et en France. Or, il n’est pas rentré à temps et vit son confinement à Besançon, la ville de l’est de la France qui l’a vu grandir.

C’est à Besançon qu’a pris fin le mois dernier, devant une quinzaine de personnes, la tournée des librairies européennes de Paul Kawczak, qui s'est arrêtée à Paris, à Strasbourg et à la Foire du livre de Bruxelles. 

« En l’espace de 48 heures, tout a changé. Avant, les gens savaient qu’il y avait le coronavirus, mais on ne les sentait pas si préoccupés. Pour moi comme pour eux, le point de bascule est survenu quand le président Macron a annoncé qu’il imposerait le confinement. On était moins portés à serrer des mains », raconte Paul Kawczak en entrevue téléphonique.

Le désir de retrouver les siens, même si cela l’empêchait de rentrer au Québec, l’a incité à demeurer chez sa mère. « Puisqu’on a un jardin, on n’est pas enfermés. En plus, j’étais fatigué, mentionne l’écrivain de 33 ans. Je m’étais mis à faire de la fièvre après avoir perdu l’odorat. Peut-être que j’ai attrapé le virus, mais je n’ai pas été testé. »

Il n’a jamais craint pour sa vie, mais le sort de ses proches l’a préoccupé. Par bonheur, aucun membre de sa famille n’a subi les affres de la COVID-19.

Rentrée littéraire

Depuis, sa santé à lui s’est rétablie. Il manque juste un bout d’odorat pour qu’on puisse parler d’une guérison complète. « Je travaille à distance pour La Peuplade afin de préparer la rentrée littéraire. Je lis des manuscrits et je révise une traduction, décrit Paul Kawczak. C’est aussi une bonne période pour lire et papillonner, ce qui, à mes yeux, représente le début de l’écriture. »

Du coin de l’œil, il surveille l’évolution de la pandémie en France, où l’on voit poindre l’amorce d’un déconfinement au début de mai. Le cas échéant, l’occasion sera belle de relancer l’idée d’une tournée des librairies. Retourner à Paris serait dans l’ordre des choses. Une visite des villes belges autres que Bruxelles figurerait également dans ses plans, à condition, bien sûr, que le contexte veuille s’y prêter.

« C’est la première fois que je n’ai pas un billet de retour pour le Québec. J’attends de voir comment les choses évolueront, mais au moins, je suis bien. J’ai un toit sur la tête et dans mon entourage, personne n’est mort. »

— Paul Kawczak

Ténèbre en lice pour trois prix

Dans le roman Ténèbre, qui se déroule au Congo, Paul Kawczak montre les dessous vénéneux du projet colonial mené au nom du roi des Belges. L’aventure vécue par le géomètre Pierre Claes, chargé de tracer les frontières du Congo, a pris une résonance particulière lorsque l’auteur a participé à la Foire du livre de Bruxelles.

Bien que l’histoire se déroule à la fin du XIXsiècle, l’écho de cette sale entreprise, auquel se mêlent peu à peu des relents de culpabilité, n’est jamais loin des pensées en Belgique.

« Au cours du salon, je n’ai pas rencontré de nostalgiques de la colonie, mais je sais qu’il y en a. Par contre, j’ai vu une dame très âgée qui a vécu au Congo dans sa jeunesse. Elle m’a dit que les colons ne se rendaient pas compte de la situation », relate Paul Kawczak, en référence au traitement des Noirs, considérés comme des êtres inférieurs.

« À une époque où le retour sur le colonialisme est d’actualité, ce livre parle tout de suite aux Belges. »

— Paul Kawczak, au sujet de Ténèbre

Son passage au salon a eu lieu au début de mars, moment où Ténèbre récoltait les fruits d’une critique largement favorable. Depuis, il y a eu la crise sanitaire. Les librairies ont temporairement fermé leurs portes, ce qui n’empêche pas le roman de vivre autrement.

Ainsi compte-t-il parmi les finalistes du Prix littéraire de Trouville, ainsi que du prix Régine-Deforges, attribué dans le cadre de la Fête du livre de Limoges. Cette liste est complétée par le Prix des lecteurs L’Express-BFMTV, lequel sera décerné en juin. « Les membres du jury ont aimé le fait que ce roman permet de redécouvrir des faits qui appartiennent à l’histoire. Chaque prix apporte de la visibilité », mentionne l’écrivain.

Il note également que les ventes au Québec se sont maintenues, tant pour la version électronique que pour la version papier, qu’il est toujours possible de commander sur l’internet. « Il se passe quelque chose, laisse entrevoir Paul Kawczak. C’est comme des cendres qui couvent sous le confinement. »

Ténèbre

Paul Kawczak La Peuplade

320 pages

Nombre d’étoiles

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