Hausse du prix de l’essence

Des plaisanciers restent à quai

Des marinas au Québec observent une baisse des bateaux motorisés sur les plans d’eau : la hausse du prix de l’essence s’avère un facteur déterminant.

Mathieu Demers navigue sur le lac Mégantic depuis déjà huit ans. Il a remarqué une forte baisse des bateaux à moteur sur le lac depuis le début de la saison. « La moitié moins », selon lui. « Le prix de l’essence et la réouverture des frontières y sont pour beaucoup », dit-il.

Une sortie en bateau lui coûte environ 200 $ par jour aujourd’hui, la moitié pour le trajet en voiture et l’autre pour faire le plein de son bateau à wakesurf. L’été dernier, il déboursait plutôt 120 $ par sortie sur le lac Mégantic.

À North Hatley, sur le lac Massawippi, on estime la baisse de l’achalandage des bateaux motorisés à 10 %, affirme Josée Fontaine, coordonnatrice de la marina de la municipalité. Selon elle, la hausse du prix de l’essence semble le principal facteur.

North Hatley a observé une « augmentation folle » des sorties de planches à pagaie et de kayaks par rapport à l’été dernier.

Même scénario au lac Simon, en Outaouais. Chantal Hamelin, directrice du Centre nautique du Lac Simon, note une baisse au niveau des locations et de la vente d’essence. À la marina de Sorel, les ventes au quai à essence ont baissé de 10 %, estime Mario Desmarais, le maître de port.

Les vents forts qui ont frappé la région sont également de mise dans l’équation, indique Chantal Hamelin. « Moi-même, je m’empêchais de sortir à cause des vents », souligne-t-elle.

Des « chalets sur l’eau »

À la marina Brousseau de Saint-Sulpice, tous les emplacements sont loués pour la saison. Les membres restent toutefois à quai, à bord de leur bateau. « Assurément, les gens naviguent moins. Ça ne va pas loin », confirme Daniel Arsenault, coordonnateur de la marina Brousseau.

Certaines marinas ont connu un achalandage sans précédent au cours des derniers étés. « La pandémie a lancé un mouvement », affirme Mathieu Leblanc, propriétaire de la marina de Lévis. À titre d’exemple, le lac Memphrémagog a recensé un sommet de l’achalandage nautique en 2021, affirme Frédérique Thibault-Lessard, chargée de projet pour Memphrémagog Conservation.

L’inflation semble toucher tout autant les amateurs de bateau que les marinas, qui voient leurs ventes baisser depuis le début de l’été.

« Le bateau, c’est un luxe. Qu’est-ce qui écope quand les gens ont moins d’argent ? Le luxe. »

– Yvon Vannini, propriétaire de la marina de la Rive-Nord à Repentigny

À ce jour, à la marina de Lévis, les ventes de carburant ont chuté de 50 % par rapport à 2021, estime Mathieu Leblanc, qui a également observé une baisse des visiteurs. Les membres utilisent leur bateau de plaisance comme « un chalet sur l’eau », ajoute-t-il. Le propriétaire de la marina de Pointe-aux-Trembles, Paul-Yvon Valois, confirme également que les « déplacements sont moins fréquents » cet été.

Des secteurs épargnés

Le phénomène ne semble pas se généraliser à travers la province. La marina de Boucherville n’a observé aucune baisse de l’achalandage. Les ventes sont restées similiaires à celles de 2021, souligne le propriétaire de la marina, Jeannot Picher.

La marina de Trois-Rivières s’en tire plutôt bien. En juillet, elle avait vendu 1500 litres d’essence de plus qu’à la même période l’an dernier, confirme son directeur, Mario Cloutier.

À Rimouski, on remarque de plus en plus de bateaux de plaisance provenant de l’extérieur du Québec, affirme Claude Lemay, directeur général de la marina de Rimouski. En matière de vente d’essence et d’achalandage, la tendance semble toutefois la même que l’été dernier, ajoute-t-il.

En Estrie, Memphrémagog Conservation (MCI) reçoit toujours des plaintes des riverains du lac Memphrémagog qui dénoncent les partys bruyants sur les bateaux amarrés, nous indique Frédérique Thibault-Lessard.

En 2021, MCI recensait une augmentation de 25,8 % du nombre d’embarcations permanentes sur le lac par rapport à 2010. On ne recense encore aucune baisse ni augmentation du nombre de bateaux de plaisance sur le lac en 2022. Il est encore tôt pour chiffrer l’achalandage de cet été, selon Frédérique Thibault-Lessard.

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