COVID-19

Un vaccin chinois jugé « prometteur » sera testé au Canada

Un candidat vaccin chinois qui figure parmi les plus avancés du monde contre la COVID-19 sera fabriqué à Montréal et testé au Canada. S’il s’avère efficace, le pays s’assure ainsi d’un approvisionnement pour les Canadiens.

Le candidat vaccin Ad5-nCoV, basé sur une technologie canadienne, a été développé par l’entreprise chinoise CanSino Biologics en collaboration avec l’armée chinoise. Il fait partie de la demi-douzaine de vaccins potentiels contre la COVID-19 qui ont déjà commencé à être testés sur les humains. En Chine, une étude de phase I a déjà évalué sa sécurité et une étude de phase II visant à vérifier son efficacité est déjà en cours.

Encouragé par les résultats préliminaires en provenance de la Chine, le Conseil national de recherches du Canada (CNRC), un organisme fédéral, a signé une entente avec CanSino Biologics pour que le candidat vaccin puisse être fabriqué et testé ici.

« Parmi la centaine de vaccins et même plus qui sont développés à travers le monde contre la COVID-19, il s’agit du candidat le plus avancé », affirme à La Presse Lakshmi Krishnan, directrice générale du Centre de recherche en thérapeutique en santé humaine au CNRC.

Il a été impossible de savoir si des sommes d’argent sont impliquées dans l’entente entre le CNRC et CanSino. Il faut dire que les liens entre l’organisme fédéral canadien et l’entreprise chinoise ne datent pas d’hier. L’Ad5-nCoV est en fait un virus à ADN qu’on a modifié pour qu’il exprime l’antigène du virus responsable de la COVID-19. Il a également été manipulé génétiquement pour qu’il ne puisse se répliquer dans l’organisme. L’espoir est qu’en le présentant au système immunitaire, celui-ci développe des armes efficaces contre la COVID-19.

Les virus, qui ne sont pas vivants, doivent être fabriqués dans des cellules, qui font office « d’usines à virus ». Or, dans ce cas, l’usine est canadienne. L’Ad5-nCoV croît dans une lignée cellulaire appelée HEK293 développée il y a plusieurs années par le CNRC. L’organisme fédéral avait accordé une licence à CanSino en 2013 pour que l’entreprise chinoise puisse utiliser la technologie.

L’entente autorise maintenant donc le Canada à fabriquer l’Ad5-nCoV et à mener ses propres tests sur le candidat vaccin. La fabrication sera effectuée dans les installations du CNRC de Montréal, rue Royalmount. Une somme de 44 millions vient justement d’être débloquée par le gouvernement du Canada afin que ces installations de recherche correspondent aux bonnes pratiques de fabrication en vigueur dans l’industrie pharmaceutique et puissent ainsi fabriquer des vaccins ayant la qualité nécessaire pour être administrés à des humains.

Des tests dès le mois prochain

Si tout va comme prévu, les tests débuteront sur le sol canadien dès le mois prochain. Ils seront supervisés par Scott Halperin, directeur du Centre canadien de virologie et professeur à l’Université de Dalhousie, en Nouvelle-Écosse. Lui aussi a suivi les études chinoises avec beaucoup d’intérêt.

« L’étude de phase I a montré que le candidat vaccin est très bien toléré. Il peut y avoir des effets secondaires comme de la fièvre ou des douleurs au bras, mais on parle d’effets mineurs. Le but de la phase I n’est pas de vérifier l’efficacité du vaccin, mais on a quand même vu que les gens ont développé une bonne réponse immunitaire. Ce sont des résultats très prometteurs », dit-il.

Même si des phases I et II sont aussi prévues au Canada, le Dr Halperin affirme que les études préalables lancées en Chine accéléreront son travail.

« Nous allons certainement construire sur ce qui s’est fait en Chine et ça nous permettra d’aller plus vite. »

— Scott Halperin, directeur du Centre canadien de virologie et professeur à l’Université Dalhousie

Si les phases I et II connaissent du succès, le spécialiste affirme qu’une phase III visant à tester l’efficacité du vaccin à prévenir la COVID-19 dans un véritable contexte d’infection sur une large cohorte de participants pourrait démarrer dès l’automne prochain.

Si tout va bien et selon un scénario qu’il qualifie de « très optimiste », le Dr Halperin affirme que le vaccin pourrait être offert commercialement d’ici 12 à 15 mois. « C’est basé sur le fait qu’on termine toutes les études cliniques. Il existe aussi la possibilité que les autorités réglementaires permettent une commercialisation d’urgence, ce qui raccourcirait le calendrier », dit-il. Le CNRC évoque un échéancier similaire.

Si le candidat vaccin fonctionne, le CNRC affirme que ses installations de Montréal pourraient fournir une certaine quantité de vaccins, mais qu’elles ne pourraient répondre à la demande de tout le Canada. « Il faudrait alors trouver une capacité de production supplémentaire », dit Rhonda Kuo Lee, gestionnaire de projets au Centre de recherche en thérapeutique en santé humaine du CNRC.

« Nous étions déjà en collaboration avec nos partenaires de CanSino depuis des années et notre équipe de scientifiques est vraiment motivée à contribuer à trouver une solution potentielle contre la pandémie actuelle, dit Mme Kuo Lee. On travaille aussi vite que possible, et entre les deux pays qui ont 12 heures de différence, c’est vraiment en activité 24 heures sur 24. »

Santé Canada autorise un premier test sérologique

Santé Canada a annoncé mardi soir avoir autorisé le premier test sérologique COVID-19 à être utilisé au pays pour détecter des anticorps spécifiques au virus. Il s’agit du test LIAISON, développé par la multinationale italienne de biotechnologie DiaSorin et approuvé par la Food and Drug Administration, aux États-Unis. Dans un communiqué, Santé Canada indique qu’il sera utilisé dans les laboratoires canadiens pour détecter les anticorps anti-COVID-19 et qu’il aidera à mieux comprendre si les personnes infectées sont immunisées contre le virus. L’agence gouvernementale affirme en outre que d’autres recherches aideront également à comprendre la relation entre les tests positifs d’anticorps et la protection contre la réinfection. Au moins 1 million d’échantillons de sang canadiens seront prélevés et testés au cours des deux prochaines années pour suivre le virus dans la population générale et dans des groupes spécifiques plus à risque d’être infectés – notamment les travailleurs de la santé et les personnes âgées.

— D’après La Presse canadienne

La frontière ne rouvrira pas de sitôt

La frontière canado-américaine ne rouvrira vraisemblablement pas la semaine prochaine, prévient Justin Trudeau. L’accord qui est intervenu entre Ottawa et Washington en mars dernier a été prolongé au 21 avril, puis au 21 mai. Et sans le dire explicitement, le premier ministre a fortement suggéré que la frontière ne rouvrirait pas de sitôt, alors que le Canada continue d’avoir les yeux tournés d’abord et avant tout vers ce qui se passe à l’intérieur de ses frontières dans cette lutte contre la pandémie de COVID-19. Et même à partir du moment où le nombre de cas aura été « massivement réduit » ici, le Canada « va être vulnérable à l’arrivée de cas de l’extérieur », a exposé Justin Trudeau en conférence de presse. C’est que le Canada ne souhaite pas devenir un déversoir de nouveaux cas de COVID-19, et les États-Unis représentent un « risque » à ce chapitre, a signalé la patronne de la santé publique, la Dre Theresa Tam. 

— Mélanie Marquis et Joël-Denis Bellavance, La Presse

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