Selon des experts

Bridge-Bonaventure se prête à une densité élevée

Le quartier Bridge-Bonaventure, à l’entrée sud-ouest du centre-ville de Montréal, se prête bien à la construction d’habitations à densité élevée, selon un rapport de trois experts universitaires mandatés par l’Institut de développement urbain du Québec (IDU), lobby de l’industrie immobilière.

Ce quartier industriel dévitalisé fait l’objet d’une partie de bras de fer entre la Ville de Montréal et les promoteurs quant à son réaménagement dans un contexte de pénurie de logements, notamment de logements abordables.

La question de la densité est au cœur de la divergence dans les visions de la Ville et des promoteurs. Ces derniers, regroupés au sein du consortium Vision Bridge-Bonaventure, proposent de construire 7500 logements dans le secteur, dont 3600 logements abordables et sociaux. La Ville suggère 3800 logements au total dans sa vision préliminaire dévoilée en mars.

Dans le rapport des experts dévoilé mardi, au moins 5 des 30 recommandations vont dans le sens d’un appui « au développement d’une offre résidentielle de haute densité ». La présentation des conclusions a été faite par Jean-Marc Fournier, PDG de l’IDU, à l’occasion d’un déjeuner-conférence.

Ses auteurs sont Jean-Philippe Meloche, professeur et directeur de l’École d’urbanisme et d’architecture du paysage de l’Université de Montréal, Ursula Eicker, titulaire de la Chaire d’excellence sur les villes intelligentes de l’Université Concordia, et Pierre Barrieau, cofondateur de Gris Orange Consultant et chargé de cours en planification des transports à l’Université de Montréal.

« L’introduction d’une nouvelle masse de logements permet d’alléger les pressions sur les loyers du parc de logements existant. À l’opposé, dans les milieux qui sont fortement réglementés afin de limiter le gabarit des nouveaux développements autorisés, une hausse de la pression financière sur le parc de logements est inévitable.  »

– Avis des trois experts universitaires sur le secteur Bridge-Bonaventure

Le but est d’autoriser des immeubles de grande hauteur afin de libérer des espaces au sol pour en faire des espaces verts et à d’autres vocations communautaires ou civiques.

« Dans ce secteur, il y a un potentiel pour de la densité, a expliqué M. Meloche, dans un entretien qui a suivi le déjeuner. C’est un quartier à proximité du centre-ville, la probabilité d’avoir des piétons, des cyclistes et des usagers des transports en commun est plus élevée que dans des secteurs plus éloignés. On n’a pas beaucoup de bonnes raisons pour limiter la densité de ce quartier. »

Le rapport ne définit pas ce qu’il entend par densité élevée. « L’idée est d’avoir quelques bâtiments qui seraient plus grands, plus forts, qui viendraient marquer le paysage, et ensuite d’avoir des modulations par le bas, a précisé Pierre Barrieau. On parle de densités qui sont plus élevées que ce que la Ville propose. »

Les experts proposent aussi la création d’un organisme sur le modèle du Quartier international de Montréal, organisme à but non lucratif dirigé par Clément Demers qui a veillé au réaménagement du quartier entourant le Palais des congrès. Il serait chargé de coordonner le réaménagement du secteur.

Ouverture à l’égard de la densité

Le consortium Vision Bridge-Bonaventure a profité de l’évènement pour dévoiler les résultats d’une consultation de 19 organismes sur sa vision du quartier. « Il y a beaucoup plus d’ouverture sur les questions de la densité, les hauteurs, l’occupation au sol [que par le passé] », a résumé Arnold Beaudin, un des deux animateurs chargés de mener à bien la consultation des organismes.

Notons que deux élus de l’équipe de la mairesse Valérie Plante assistaient à l’évènement. « On va prendre tout ça. On va l’analyser, l’évaluer aussi », a dit Robert Beaudry, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal, qui a répété la promesse de rendre public le plan directeur préliminaire du secteur Bridge-Bonaventure avant la fin de l’année, plan qui sera soumis à l’Office de consultation publique de Montréal.

« Il faut que [le futur plan directeur] soit précis et concret avec des barèmes quantitatifs et qu’il précise l’outil réglementaire que la Ville va utiliser pour rezoner tout le secteur », a dit Serge Goulet, président de Groupe Devimco, un des plus importants propriétaires fonciers du quartier.

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