Opinion

Le rapport Laurent et les milliards du fédéral

Les transferts d'Ottawa pour l’éducation à la petite enfance s’agencent parfaitement aux besoins énoncés par la commission Laurent

Il faut applaudir l’accent mis sur la prévention dans le rapport de la commission Laurent sur la protection de la jeunesse. Il est également important de faire le lien entre cet accent mis sur la prévention et l’annonce des milliards de dollars provenant du gouvernement fédéral pour créer un réseau national de « garderies ».

Plusieurs études, au Québec comme ailleurs, ont montré les nombreux liens entre les problèmes des enfants qui se retrouvent sous la protection de la jeunesse et les difficultés qu’avaient eues leurs parents au cours de leur enfance et de leur adolescence. Les adolescents et les jeunes adultes en difficulté ont tendance à former des couples dont les enfants revivent les difficultés d’adaptation de leurs parents.

Pour briser cette reproduction intergénérationnelle des difficultés d’adaptation, nous devons offrir des services de prévention dès le début de la vie. Deux types de services préventifs et complémentaires ont des effets bénéfiques à très long terme pour les enfants et les petits-enfants de ces jeunes adultes en difficulté.

La première forme d’intervention préventive consiste à donner un soutien intensif aux jeunes femmes enceintes qui ont des antécédents de difficultés d’adaptation.

Leur soutien, pendant la grossesse et pendant les deux premières années de la vie du bébé, réduit sensiblement la probabilité que leur enfant reproduise les difficultés d’adaptation de ses parents.

La deuxième forme d’intervention est complémentaire au soutien pendant la grossesse. Il s’agit des centres d’éducation préscolaire (CPE) de haute qualité.

Les enfants des parents qui ont eu des difficultés d’adaptation sont les plus susceptibles de bénéficier d’une éducation préscolaire de haute qualité. Que les parents travaillent ou pas, il est particulièrement important que leur enfant soit quotidiennement dans un environnement qui offre une excellente éducation préscolaire. Les évaluations à long terme de ces environnements préscolaires de haute qualité montrent des effets bénéfiques pour les enfants et les petits-enfants des couples qui ont des antécédents de difficultés d’adaptation.

Nous réduirions de façon très importante le nombre d’enfants qui doivent être pris en charge par la DPJ :

1. Si les jeunes femmes enceintes qui ont des antécédents de difficultés d’adaptation recevaient, dès le début de leur première grossesse, un soutien intensif à long terme.

2. Si leur enfant fréquentait un CPE de haute qualité éducative tout au long de sa petite enfance.

Et le tout peut être financé par les transferts du gouvernement fédéral pour l’éducation à la petite enfance !

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