Marie Potvin

Heureuse comme en mobylette

Plus de 28 500 cyclomoteurs circulaient au Québec en 2019, selon la Société de l’assurance automobile. Ces véhicules – et leurs jeunes conducteurs – sont les héros des Mopettes, nouvelle série de Marie Potvin, publiée chez Les Malins. L’autrice connaît le succès : elle a vendu 320 000 exemplaires de ses séries jeunesse Les filles modèles et Zoélie l’allumette, seulement au Québec. La Presse a joint Marie Potvin à Saint-Sauveur, où elle vit avec son conjoint, ses adolescents et ses chiens.

Pourquoi Les Mopettes ?

Les Mopettes, c’est une série tournant autour d’un quatuor de filles de 14 ans, dont trois possèdent une mobylette – ou « mopette ». L’idée de départ vient de l’éditrice de Marie Potvin, qui en avait une à l’adolescence. L’action se déroule toutefois à notre époque, où il est primordial de consulter ses copines avant de répondre au message (un simple « Hey ! ») envoyé par un garçon. « J’ai des ados, dit Marie Potvin. Ma fille a 17 ans, mon fils, 14 ans. Je connais la rengaine : si on te suit sur Instagram, ça commence par un “Hey’’. On répond : “Hey’’. Après, on pose des questions… » L’héroïne des Mopettes roule en vélo, son père trouvant les mobylettes trop dangereuses. « On le voit actuellement avec le confinement : il y a des parents qui veulent garder leurs ados à la maison et d’autres pour qui ce n’est pas grave, observe Marie Potvin. L’enfant qui se fait interdire de sortir va se rebeller. Ces discussions ressortent… »

Oser écrire

Née à Sudbury, en Ontario, Marie Potvin a grandi à Vaudreuil-Dorion, au Québec. « Depuis l’adolescence, je voulais écrire, souligne-t-elle. Mais je travaillais à temps plein, puis j’ai eu mes enfants. » Son boulot n’avait rien à voir avec la fiction, officiellement du moins. « J’ai travaillé en communication, en gestion de projets, j’ai été gestionnaire de comptes chez Bombardier, puis chez un fabricant en aéronautique, énumère-t-elle. Mais ce n’est pas ce que je voulais faire. Pantoute. À 37 ans, j’ai dit : C’est assez. J’ai mis ma manette de télé de côté. Je me suis dit : “Je vais arrêter de consommer le rêve des autres et je vais faire le mien.’’ » C’était en 2009. Marie Potvin a écrit un premier roman pour adultes, Les héros, ça s’trompe jamais, d’abord publié en version numérique. Les éditions Goélette l’ont ensuite repêchée. « En 2014, j’ai fait une entente familiale avec mon conjoint. J’ai laissé mon emploi pour écrire, précise-t-elle. C’était un saut dans le vide. »

Gros succès

Un saut dont le parachute s’est avéré doré : un total de 200 000 exemplaires des Filles modèles, série qui raconte les tribulations sentimentales de deux adolescentes forcées de vivre dans une famille reconstituée, se sont écoulés au Québec. Dans le cas de la série Zoélie l’allumette, mettant en vedette une enfant qui se lie d’amitié avec un garçon fantôme mort en 1903, ce sont 120 000 exemplaires vendus à ce jour. « J’ai publié plus de 40 livres, indique Marie Potvin. J’ai travaillé, mais tellement. Comme on dit : “Derrière tout succès spontané, il y a 10 ans d’efforts.’’ » Pourquoi l’autrice a-t-elle bifurqué du roman pour adultes à la littérature jeunesse ? « Je l’ai fait pour ma fille, répond-elle. Elle avait 8 ou 9 ans quand j’ai commencé à écrire Les filles modèles. Des fois, quand on fait les choses pour les autres, c’est là que la reconnaissance arrive. Les filles modèles, ça a explosé tout de suite. Ce n’était pas prévu. »

Publiée en Europe

Tant Les filles modèles que Zoélie l’allumetteet bientôt Les Mopettessont publiées en Europe, par l’éditeur belge Kennes. La langue familière québécoise y est-elle bien comprise ? « Dans Les filles modèles, ils mettent un lexique, indique Marie Potvin. Dans les Zoélie, vu que c’est une série pour les enfants de 7 ans et plus, ils traduisent carrément les mots. Un beigne devient un beignet. » Un juron québécois inoffensif est, quant à lui, devenu « sacrebleu ». « On ne dirait jamais ça », rigole l’autrice. Sacrebleu que non !

Mettre la pédale à fond

Le confinement imposé dans le but de freiner la pandémie de coronavirus n’empêche pas Marie Potvin de travailler. « La seule chose qui change, c’est que j’ai mes ados à la maison », constate-t-elle. Pour écrire, l’autrice aime s’isoler au chalet familial. « Là-bas, en deux ou trois dodos, je suis capable de faire le quadruple de ce que je fais à la maison, décrit-elle. Et je me pince. Même en confinement, même si je ne fais pas un travail essentiel, le public en a besoin. Mes livres divertissent les enfants pris à la maison. Ils attendent les prochains tomes. Ça me donne une belle énergie pour mettre la pédale à fond et leur en donner le plus possible. »

Sur les chemins d’été

Delle, adolescente de 14 ans (au « prénom qui sonne comme une marque d’ordinateur », comme elle dit), rêve d’avoir une mobylette. Malheur : au premier jour des vacances d’été, ses parents lui offrent… un vélo performant, dont elle n’a rien à cirer. Pire : son père l’empêche de monter sur les scooters de ses inséparables amies. Pimenté par beaucoup d’action et de personnages mystérieux, ce roman de 330 pages (divisé en courts chapitres) a tout pour plaire aux jeunes en manque d’évasion.

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