Les gens derrière les statistiques
« À Montréal, tout le monde préfère l’anglais »
Yasmine Hachemi, 23 ans, est née en Algérie. Arrivée ici à 6 ans, elle ne parlait pas le français. Encore moins l’anglais. À la maison, la langue parlée était l’arabe.
« J’ai appris le français dans une classe d’accueil à LaSalle », précise la jeune femme qui, après avoir fait un bac bilingue en administration des affaires, poursuit sa scolarité en anglais. « J’aurais pu faire mes certifications en français, mais ça m’aurait fermé énormément de portes. Le marché du travail, si tu es en finance, à Montréal, c’est 100 % en anglais. »
À la Banque TD, où elle travaille, la langue d’usage est l’anglais à « 90 % ».
« Avec mes amis, c’est moitié, moitié, ajoute Yasmine. Mes amis de Repentigny, c’est en français. Mais mes amis de Montréal, c’est en anglais. À Montréal, tout le monde préfère l’anglais au français. »
« La langue la plus forte des enfants est le français »
Ingénieure chimiste et professeure à l’Université McGill, Nathalie Tufenkji, 46 ans, parle arménien, anglais et français à la maison. Et parfois, italien !
« On change souvent de langue », précise-t-elle.
Née au Québec de parents nés au Liban et en Grèce, Mme Tufenkji habite dans le quartier Sainte-Dorothée, à Laval, avec son mari et ses deux enfants. Elle a appris le français au primaire en classe d’immersion et a fait ses études secondaires, collégiales et universitaires en anglais.
« On trouve ça très important que les enfants soient bilingues, assure-t-elle. Ils ont 10 et 12 ans et vont à l’école en français. Je dirais que la langue la plus forte des enfants est le français. Le bilinguisme est une richesse pour nous, pour nos enfants et les futures générations. Je pense que c’est une grande force au Québec. J’ai beaucoup d’amis qui avaient le droit d’envoyer leurs enfants à l’école anglophone, mais qui ont décidé de les envoyer dans le système francophone, comme nous. »
« À la maison, c’est un mélange »
Chez Kar Ho Tom, à Brossard, on parle quatre langues : mandarin, cantonais, français et anglais. « On veut que nos enfants de 9 et 11 ans soient à l’aise dans les quatre langues, explique-t-il. On paye pour des cours privés pour qu’ils perfectionnement leur français. »
Né au Québec de parents nés en Chine, M. Tom maîtrise très bien le français même s’il travaille surtout en anglais, dans le domaine de l’informatique. « Dans quatre-vingt-dix pour cent du temps, on parle anglais au bureau avec des gens de partout dans le monde. Mais avec les collègues, c’est moitié anglais, moitié français », note-t-il.