Un chef-d’œuvre de Picasso décrypté
À cette époque de sa vie, le peintre espagnol entretient depuis plusieurs années une relation extraconjugale avec Marie-Thérèse Walter. « Un véritable coup de foudre esthétique », selon la directrice du MBAM. Picasso exprime discrètement sa liaison amoureuse dans une peinture colorée à la tonalité érotique dissimulée sous les traits d’une nature morte qui célèbre les formes plantureuses de son égérie.
Dans ce tableau, l’artiste installé à Paris a décliné un véritable langage pictural avec d’élégantes arabesques pour évoquer sa maîtresse. Le rose et le mauve, que l’on distingue sur le haut du tableau et pour la représentation du plancher, étaient les couleurs préférées de Marie-Thérèse Walter.
Ses seins sont les deux pommes vertes centrales avec un point noir.
Ses jambes et ses pieds sont représentés par le trépied du guéridon.
Le gros fruit à gauche, à la base du pichet en forme d’utérus, suggère une maternité à venir.
« Picasso disait que ses tableaux étaient comme des pages de sa vie, dit Nathalie Bondil. Ici, on en a un exemple remarquable. C’est un tableau exceptionnel que l’on va mettre en rapport avec d’autres procédés iconographiques, des archaïsmes universels où les formes s’ensemencent les unes dans les autres et qui ont inspiré un grand nombre d’artistes. »