Santé mentale du personnel soignant

Il y a urgence d’agir

À l’instar de leurs collègues, les spécialistes en médecine interne du Québec ont prêté main-forte dans cette guerre contre le coronavirus. Chaque jour, ils sont en première ligne, aux urgences, aux soins intensifs ou aux étages réservés aux patients COVID-19. Chaque jour, ils constatent que la santé mentale des médecins, comme celle des membres de leur équipe, est en péril. Toutes et tous sont au bout du rouleau.

Lorsque les conditions de travail ne cessent de se détériorer, lorsque de jeunes infirmières éclatent en sanglots, lorsqu’elles partent pour des agences privées ou délaissent carrément la profession ; lorsque des collègues pourtant aguerris tombent au front, vaincus, brisés, le constat est clair : la situation ne peut plus durer.

Que se passera-t-il si une troisième vague survient ?

Comment rattraper le retard accumulé ?

Comment ferons-nous au cours des prochains mois pour nous occuper de tous ?

À l’évidence, soigner les patients à s’en rendre malade n’est pas la solution.

Nous ne vaincrons pas la pandémie et ses effets en retournant à nos méthodes d’hier. Plus que jamais, c’est l’ensemble du réseau qui doit innover.

Nous devons d’abord rattraper notre retard technologique. En 2021, il n’est pas normal que les hôpitaux utilisent encore des téléavertisseurs. Il n’est pas normal que les dossiers médicaux soient encore en papier. Déployons au plus vite les outils d’aide à la prescription. Développons des outils électroniques permettant la prise en charge des maladies chroniques. Qu’attendons-nous pour créer une plateforme sécurisée permettant aux médecins d’échanger de l’information ?

C’est aussi nos procédés qu’il faut remettre en question. Les infirmières doivent-elles vraiment faire des photocopies ? Le temps qu’elles passent à colliger des notes ou des statistiques pourrait-il être mieux employé ? L’embauche de personnel de soutien déchargerait le travail des infirmières. L’aide des autres professionnels de la santé soulagerait celui des médecins. Il importe de dépoussiérer nos habitudes, de la fréquence d’administration des médicaments au nombre de prises de sang en passant par la pertinence des tests diagnostiques.

Reconnaissons que ces propositions ne datent pas d’hier, et c’est justement là le problème : il nous faut agir beaucoup plus vite. Il y va de la santé de nos patients et de celle de notre personnel.

Le monde a réussi à développer des vaccins en moins d’un an. Le Québec peut sûrement se débarrasser des télécopieurs.

Plus que jamais, gouvernement, ordres professionnels et syndicats doivent travailler au bien commun. La pandémie nous a foudroyés, mais elle nous a peut-être aussi fourni l’occasion d’une génération, celle de réinventer le réseau de la santé. Qu’attendons-nous pour passer à l’action ?

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