Crise du logement

Des dizaines de ménages toujours sans domicile

À quelques jours d’un 1er juillet qui s’annonce particulièrement pénible, au moins 77 ménages montréalais n’ont toujours pas trouvé de logis, et la mairesse s’impatiente devant la paralysie des mises en chantier de logements abordables. Longueuil et Laval ne sont pas épargnés et tiendront un sommet afin de trouver des solutions, tandis que Québec solidaire fait déjà campagne sur le thème du logement.

« On a accompagné 400 ménages depuis janvier », a dit Valérie Plante en marge d’un point de presse inaugurant le nouveau square Phillips lundi matin. La Ville de Montréal a investi 3,5 millions de dollars en services d’urgence à l’hébergement cette année, a-t-elle ajouté, invitant les familles dans le besoin à composer le 311 pour obtenir de l’aide.

Parmi les 77 ménages qui cherchent toujours, trois sont actuellement hébergés par la Ville. Radio-Canada révélait plus tôt lundi que la construction et la rénovation de près de 6000 logements sociaux était en péril à Montréal en raison d’une mésentente entre les gouvernements provincial et fédéral.

Dans une lettre envoyée à la fin du mois de mai à la présidente du Conseil du trésor du Québec, Sonia LeBel, Mme Plante dénonçait les délais dans ces discussions en cours depuis 2018.

« De savoir qu’il y a près de 6000 unités qui sont prises en otage, qui ne sont pas disponibles pour les citoyens, c’est inacceptable. Ça fait quatre ans qu’on dit au fédéral et au provincial qu’il faut trouver une solution. »

— Valérie Plante, mairesse de Montréal

La mairesse a d’ailleurs souligné, visiblement excédée, qu’il y avait sans doute davantage de logements touchés ailleurs au Québec. « Tout comme la mairesse de Montréal, Mme LeBel est préoccupée par ces délais et souhaite faire progresser rapidement ce dossier », a fait savoir le cabinet de la ministre provinciale. « Le Québec a déjà accepté certaines concessions dans l’objectif de permettre d’accélérer les discussions », a-t-on affirmé.

Québec a réclamé la conclusion d’une entente lui permettant de faire passer les fonds fédéraux par les programmes existants de la Société d’habitation du Québec (SHQ), ce qu’Ottawa a refusé au profit du Fonds national de co-investissement pour le logement (FNCIL), selon le cabinet de la ministre LeBel. Ce sont les ententes liées à ce fonds qui font l’objet de négociations depuis 2018.

« Le gouvernement fédéral est demeuré ferme dans sa volonté d’intervenir directement en cette matière en administrant lui-même le FNCIL, venant ainsi dédoubler inutilement les programmes de la SHQ », a dénoncé Québec, à qui Ottawa refuse également « de garantir une part réservée des investissements fédéraux de ce programme ».

« Le Québec a le pouvoir de débloquer les fonds déjà engagés pour les milliers de logements sociaux à Montréal alors que nous continuons nos négociations sur le programme avec la province », a cependant soutenu une attachée de presse du ministre du Logement fédéral, Ahmed Hussen. « Nous demandons à la province d’approuver le versement des fonds fédéraux pour permettre à ces projets de voir le jour. »

Sommet sur l’habitation en août

En parallèle, la mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, et le maire de Laval, Stéphane Boyer, ont annoncé lundi la tenue d’un sommet sur l’habitation dans le but de « mettre en place des solutions concrètes » pour combattre la crise du logement.

L’évènement réunira près de 300 personnes le 26 août prochain au Centre des congrès Sheraton de Laval. Des élus de tous les ordres de gouvernement, des représentants du secteur institutionnel et des groupes communautaires seront présents.

Des représentants de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), de l’organisme Vivre en ville, du Centre de transformation du logement communautaire (CTCC) et de l’Institut de développement urbain (IDU) prendront tous la parole.

Pendant le sommet, M. Boyer prévoit se pencher sur la manière dont on peut « mieux contrôler l’explosion du prix des loyers », un problème qui touche désormais « l’ensemble du Québec ».

Pour ce faire, il a évoqué trois pistes de solution : la « famille foncière » (ce qu’on peut faire pour accéder à des terrains), la « famille réglementaire » et la « famille du financement ».

« Il y a des façons de faire qui existent ailleurs dans le monde, mais qu’on ne peut pas faire au Québec parce que les règlements ou les lois ne sont pas adaptés », a-t-il ajouté, disant vouloir des changements en la matière.

Québec solidaire en campagne

Aussi en conférence de presse lundi, la porte-parole de Québec solidaire (QS) Manon Massé a affirmé qu’il manque actuellement 37 000 logements sociaux dans la province. « On ne peut pas compter simplement sur le marché privé pour assurer des loyers abordables aux gens », a-t-elle déclaré. QS promet d’en construire 50 000 si la formation est élue cet automne.

Le parti souhaite aussi instaurer un registre national des baux pour permettre aux locataires de déterminer si la hausse de loyer imposée par leur propriétaire est abusive.

« Si un propriétaire augmente le loyer à un taux supérieur à celui qui est suggéré par le Tribunal administratif du logement, il sera obligé de justifier cette hausse. On veut renverser le fardeau de la preuve. »

— Andrés Fontecilla, responsable en matière de logement de Québec solidaire

À l’heure actuelle, lorsqu’un locataire souhaite fixer le prix du loyer, c’est lui – et non le propriétaire – qui doit soumettre une demande de modification du bail auprès du Tribunal administratif du logement (TAL).

Le service en ligne de location de logements Airbnb est aussi dans la ligne de mire de QS. La plateforme accentue la pression sur le marché locatif de Montréal, selon M. Fontecilla, en retirant entre 7000 et 12 000 logements de l’offre à la disposition des locataires.

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