Clandestines

Nahéma Ricci : l’appel des planches

Elle a fait tourner bien des têtes avec sa performance époustouflante dans le film Antigone de Sophie Deraspe, sorti en 2019. Après le cinéma et la télévision (Complètement lycée, Motel Paradis…), Nahéma Ricci s’attaque à un nouveau défi : défendre un rôle au théâtre.

Son baptême des planches, l’actrice de 25 ans le vivra au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, dans une création intitulée Clandestines. Coécrite par les grandes complices Marie-Claude St-Laurent et Marie-Ève Milot, la pièce se veut une dystopie campée dans un avenir (très) proche.

« Il y est question de femmes qui pratiquent des avortements illégaux au Québec », explique Marie-Ève Milot qui signe aussi la mise en scène. « La pièce a lieu au moment même où une nouvelle loi qui restreint le droit à l’avortement est sur le point d’être adoptée. On voit le changement social s’opérer sous nos yeux. On est dans le choc de cette annonce, comme on l’a été le 24 juin dernier [lorsque la Cour suprême des États-Unis a invalidé l’arrêt Roe c. Wade]. On a décidé de jouer le jeu dangereux d’imaginer comment ça pourrait arriver chez nous. »

Nahéma Ricci interprète ici un rôle central, rôle dont elle ne veut rien dire, si ce n’est ceci : « Vera est dans ma tête depuis deux ans et je continue de la découvrir. Elle a une complexité merveilleuse. C’est une femme en souffrance qui me ressemble dans mes parts les plus sombres. »

« Depuis le début de ma carrière, les gens me font confiance en m’offrant des personnages vraiment difficiles, mais fascinants, qui m’avalent complètement. C’est un immense privilège. »

— Nahéma Ricci

Le privilège est d’autant plus grand quand les rôles sont écrits expressément pour soi. C’est le cas dans Clandestines. « On avait Nahéma en tête en écrivant notre premier acte et elle a beaucoup nourri l’écriture du second acte », explique Marie-Ève Milot.

Pourquoi elle et pas une autre ? « C’est une actrice qui a une extrême force dans la douceur et dans ce qui peut être ténu. Son personnage ne va pas là où on l’attend, elle est mystérieuse. Et Nahéma possède cette présence énigmatique sur laquelle on peut poser beaucoup de choses. Avec elle, on peut aller loin dans les discussions et sonder des territoires difficiles à visiter. C’est important dans ce projet où il faut parfois défendre un système de valeurs qui ne nous appartient pas. »

Un saut vertigineux

Nahéma Ricci a accepté ce premier rôle théâtral plus que costaud parce qu’elle savait qu’elle serait bien entourée. Parce que ce « saut dans le vide » n’est pas anodin pour elle. « C’est tellement vertigineux. Je pourrais en pleurer ! Mais il y a autour de moi un esprit de troupe comme je n’en ai jamais vécu. En 2020, pendant la pandémie, on a pu répéter. Les seules personnes que je voyais étaient les autres acteurs de la pièce. Ça a sauvé ma santé mentale !

« Je réalise de plus toute la charge de travail que représente une pièce de théâtre, poursuit-elle. Au cinéma, je ne suis pas impliquée dans tout le processus créatif, comme c’est le cas ici. Je ne verrai plus jamais une pièce de théâtre du même œil ! Le rapport au temps est aussi différent par rapport au cinéma, où on répète souvent que chaque minute de tournage coûte 5000 $ ! » Au théâtre, où chaque projet prend des allures de marathon, personne n’oserait faire ce genre de calcul…

En sautant sur les planches, la jeune femme réalisera un rêve de gamine.

« Le théâtre, c’est un peu mon premier amour. Pendant ma petite enfance, ma mère était comédienne… Elle est sociologue aujourd’hui. En fait, même le lieu du théâtre m’apaise. Je sens qu’il se passe quelque chose quand j’entre dans cette boîte noire. »

— Nahéma Ricci

La carrière d’interprète de Nahéma Ricci a débuté à l’adolescence dans le long métrage Ailleurs de Samuel Matteau (projet dans lequel elle s’est lancée sur la recommandation de son meilleur ami, Théodore Pellerin). Cette carrière a pris son envol avec Antigone. Maintenant, Clandestines est de nature à lui ouvrir d’autres portes pour la mener vers d’autres projets ambitieux. Et vertigineux.

Clandestines est présentée du 24 janvier au 11 février, à la salle Michelle-Rossignol du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui.

À Arsenal

Présentée par ELEKTRA, la 6e Biennale internationale d’art numérique bat actuellement son plein à Arsenal jusqu’au 5 février, avec notamment la série METAMORPHOSIS qui regroupe le travail de 27 artistes provenant de quatre continents. À ne pas manquer les 26, 27 et 28 janvier à 19 h, une performance de la grande Louise Lecavalier en compagnie de l’artiste visuelle Lu Yang. D’une durée de 30 minutes, Lu Yang : Delusional World mélange les mondes virtuel et réel, et explore la thématique de la réincarnation bouddhiste en utilisant diverses formes d’avatars. S’inspirant des jeux vidéo, des mangas japonais et de la culture des clubs, l’œuvre capture les mouvements en direct de Lecavalier, devenant sur écran les avatars de l’artiste visuelle.

— Iris Gagnon-Paradis, La Presse

Le brasier en anglais

Sous le titre de Wildfire, la pièce Le brasier est présentée pour la première fois en anglais au Québec (avec des surtitres en français). La mise en scène est signée Jon Lachlan Stewart. D’abord créée au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui en 2016, puis remontée à l’Usine C, en 2019, la pièce de David Paquet a connu un beau succès au Mexique, en Suisse et aux États-Unis. Le texte, lauréat du prix BMO et du prix de théâtre international francophone Sony Labou Tansi, a aussi été en lice pour le prix Michel-Tremblay. Wildfire sera à l’affiche jusqu’au 28 janvier au Théâtre La Chapelle à Montréal, dans le cadre du Wildside Festival par le Théâtre Talisman, en partenariat avec le Centaur.

– Luc Boulanger, La Presse

Le retour de Gros Gars

Premier spectacle solo de Mathieu Gosselin, Gros Gars est un objet théâtral baroque, à mi-chemin entre la performance, le récital de poésie, le spoken word et… le DJ-set. La production du Théâtre de la Banquette arrière est reprise à partir du 31 janvier à la salle intime du Prospero. En jouant son « alter ego », le comédien signe une proposition « poético-analogique », dans une mise en scène de Sophie Cadieux. Un collage disparate, évoquant son univers poétique, ses goûts musicaux, mais aussi ses maladresses et ses phobies. Du 31 janvier au 18 février, au Prospero.

– Luc Boulanger, La Presse

Kim Despatis et Stop Kiss

La pièce Stop Kiss de Diana Son, traduite par Maryse Warda, sera à l’affiche de La Petite Licorne dès le 30 janvier. L’actrice Kim Despatis (Les pays d’en haut, Nuit blanche, La faille) signe ici sa toute première mise en scène, avec ce « texte queer » des années 1990 aux thèmes actuels. Une production de la compagnie Tableau Noir dont le mandat est de privilégier les artistes de la relève, de la conception à l’interprétation. Créée à New York en 1998, Stop Kiss aborde, par la trajectoire de deux jeunes femmes, « la question de l’affranchissement du désir, peu importe notre orientation sexuelle », selon le communiqué. Du 30 janvier au 24 février, à La Licorne.

– Luc Boulanger, La Presse

Doublé à l’Usine C

Après son passage au Québec en 2019 avec Le signal du promeneur, Raoul collectif est de retour à l’Usine C avec sa nouvelle création, Une cérémonie, à l’affiche du 1er au 4 février. Un spectacle qui mélange la musique et les textes, le théâtre et la poésie. Dans un grand banquet aux allures de fin du monde, des convives invitent leurs ancêtres à table, de Don Quichotte à Antigone, en remontant jusqu’aux dinosaures. Quelques jours avant, du 24 au 26 janvier, autres retrouvailles avec l’artiste coréen Jaha Koo, vu en mai dernier au FTA. L’homme-orchestre sera à l’Usine C avec son nouveau spectacle, Lolling and Rolling, présenté en anglais et en coréen, avec des surtitres en français et en anglais.

– Luc Boulanger, La Presse

rock bottom au MAI

Deux artistes émergents s'associent pour une proposition inédite qui donnera son coup d'envoi à la saison au MAI (Montréal, arts interculturels). Avec rock bottom, l'interprète et chorégraphe Emile Pineault (diplômé de l'École nationale de cirque et s'étant produit sur des scènes internationales) explore en compagnie de l'auteur Gabriel Cholette (voix de la littérature LGBTQ+ québécoise, auteur des Carnets de l'underground et enseignant en création littéraire à l'Université de Montréal) le concept de « bottomless », en lien avec la sexualité et le fait d'atteindre le fond du baril. Une création associant texte, danse et performance qui appelle l'audience à explorer les zones enfouies de son intériorité. Du 25 au 28 janvier.

— Iris Gagnon-Paradis, La Presse

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